Nous jugerons, demain, les criminels

Intervention d’Ahlem pour le PIR lors de la manifestation en soutien à la résistance des peuples palestinien et libanais et contre la répression, le 5 octobre 2024 à Paris.

Depuis près d’un an, nous répondons présent, chaque semaine, chaque jour, à l’appel d’Urgence Palestine à résister à la guerre génocidaire perpétrée par l’État colonial d’Israël contre le peuple palestinien, avec le soutien de tout l’arc occidental.

Depuis près d’un an, les membres d’Urgence Palestine et l’ensemble des militants propalestiniens sont l’objet de toutes les tentatives d’intimidation, de toutes les diffamations et de toutes les menaces. Ils font face à un paysage médiatique hystérique qui ne cache pas son soutien à l’entreprise génocidaire de l’Etat israélien. L’État français s’en prend à ceux qui osent dénoncer sa complicité dans la poursuite du génocide en cours.

Tandis que l’Etat sioniste étend sa guerre au Liban, il intensifie ses massacres en Cisjordanie et à Gaza. La justification est invariablement la même, celle d’une lutte antiterroriste qui s’affranchi de toute mesure matérielle et morale.

Ces menteurs admettent au moins une vérité : la guerre génocidaire dans laquelle s’est engagé le régime colonial est une guerre existentielle, car il a compris qu’il n’avait plus d’autre choix.

Le projet sioniste a échoué, et est condamné à une situation de guerre permanente, de l’apartheid et du génocide à l’intérieur de ses prétendues frontières jusqu’aux autres États de la région, contre lesquels il tente d’entrainer sa coalition de soutiens occidentaux.

Chaque jour, la persistance de la résistance palestinienne vient signifier au sionisme son échec historique, et sa défaite finale.

Chaque jour, l’existence de millions de Palestiniens sur son territoire vient signifier l’impasse de son projet de construction d’un État racial suprémaciste en Palestine.

Chaque jour, la persistance de nos mobilisations, à travers le monde, rappelle que les Palestiniens ne sont pas seuls, et provoque la panique de tous les États s’identifiant à l’anxiété ontologique du régime colonial israélien.

La « normalisation » avec nos peuples est un fantasme qui ne se réalisera pas, c’est pourquoi l’État colonial a choisi la guerre et la fuite en avant.

Il y a un an, son infrastructure sécuritaire s’est effondrée sous ses yeux, entrainant un des plus grandes crises de son histoire. Rien ne saurait, semble-il, étancher sa soif de rétablir son image de puissance, pas même le déclenchement d’un affrontement régional, qui signifie le sacrifice de la sécurité de la population qu’il prétend protéger.

C’est aussi cet effondrement du mythe de sa toute puissance militaire, doublé de son incapacité à venir à bout de la Résistance à Gaza sans mettre à mort l’ensemble de la population palestinienne, qui explique la fureur génocidaire et la désinhibition dont nous sommes témoins.

Les habitants de ce pays s’interrogeront, demain, sur les motifs de ce consentement au génocide. L’un de ces motifs réside évidemment dans l’islamophobie. Ce qui autorise le silence et la paralysie de beaucoup, encore aujourd’hui, vis à vis de la machine génocidaire israélienne, ce sont des décennies de racisme anti-arabe, d’orientalisme et de propagande islamophobe sous couvert de lutte contre le « communautarisme », « l’islamisme » et aujourd’hui le « séparatisme ».

L’un des motifs de l’insignifiance des morts arabes, ce sont les millions de morts que la guerre contre le terrorisme a fait dans le monde musulman en quelques décennies.

L’un des motifs de l’indifférence, ce sont des décennies de Guantanamo, de perquisitions, de chasse aux sorcières, de dissolutions, au nom de la sécurité de l’État raciste.

Les États soutiens d’Israël traitent nos mobilisations dans une logique de contre insurrection coloniale, et chacune de nos résistances, chacune de nos manifestations, chacun de nos posts sur les réseaux sont compris comme les éléments d’un tout, d’une immense chaine d’équivalences, d' »amalgames » qui étendent la répression coloniale à un spectre de plus en plus large de l’espace politique.

Plutôt que de dénoncer les amalgames, construisons aujourd’hui l’unité de fronts que les régimes coloniaux redoutent tant. Construisons l’unité de fronts avec nos frères et sœurs kanaks qui luttent contre la répression et pour leur indépendance contre l’état colonialiste français, allié indéfectible d’Israël. Mobilisons-nous inlassablement pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné dans les geôles coloniales depuis 40 ans. Nous sommes des milliers à nous retrouver dans le collimateur, et nos régimes comptent sur des décennies de politiques et de récits racistes pour neutraliser nos solidarités.

C’est pourquoi il nous faut être collectivement résolus, si nous voulons mener une lutte efficace au service de la libération palestinienne, à combattre l’islamophobie et la colonialité de la solidarité qui marquent encore aujourd’hui le mouvement social majoritaire.

La prochaine occasion pour nos compagnons de lutte de manifester cette détermination à mener conjointement la lutte contre l’islamophobie et pour la libération de la Palestine, elle est proche, la voici : le 23 octobre au Tribunal, où notre frère Elias d’Imzalene fera face aux juges pour avoir appelé, comme nous le faisons tous depuis plus d’un an, à nous mobiliser contre la machine génocidaire israélienne.

Nous jugerons, demain, les criminels. Tous ceux ciblés par la répression anti-palestinienne peuvent compter sur notre soutien actif, à l’instar de Ritchy Thibault, signalé au procureur et Yannis Arab, mis en garde à vue. Ensemble, nous ferons face. Et nous obtiendrons justice, pour le peuple palestinien et pour tous ceux qui se seront levés dans cette lutte légitime contre l’horreur coloniale.

Ils veulent nous faire peur, car ce sont eux qui ont peur. Comme les Palestiniens, nous sommes toujours là, aujourd’hui. Comme les Palestiniens, comme les Libanais, comme tous les peuples de la région, nous serons présents, demain, à l’heure des comptes, pour obtenir justice et réparations pour les crimes du colonialisme, ceux d’hier, et ceux qui se perpétuent aujourd’hui sous nos yeux.

Depuis plus d’un an, nous rappelons à chacun de nos rassemblements les lois de l’histoire, à la face du monde colonial en furie.

Les lois de l’histoire, les voici : Haiti a vaincu, l’Algérie a vaincu, le Vietnam a vaincu, l’ANC a vaincu, l’Angola a vaincu, la résistance libanaise a vaincu et la Palestine vaincra, Incha’Allah !

PIR

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