Le problème se complique quand ce racisme d’État, loin de n’être qu’une politique mise en place par les structures de pouvoir dans la continuité des dispositifs coloniaux, rencontre un écho favorable dans certaines couches de la société issues du corps « légitime » de la nation. Celles-ci, loin de n’être qu’observatrices impassibles d’une situation non-désirée, peuvent être tentées au mieux de laisser faire, au pire de soutenir des pratiques d’État allant dans le sens de leurs privilèges. Si l’on ne veut pas que le slogan de « Halte au racisme » demeure un slogan creux, il est indispensable de prendre conscience de ce fait. Il en va ainsi de l’islamophobie qui s’inscrit dans continuité du vieux racisme anti-Arabe, qu’elle prolonge sans que celui-ci ne disparaisse. De même que les autres racismes anti-Rroms, anti-Noirs etc. Ceci est particulièrement patent dans le traitement des crimes policiers, dans la mise en place de mesures d’exception permettant la répression des musulmans de ce pays et la chasse aux Rroms.
Par ailleurs, il est vrai que persiste en France un antisémitisme traditionnel, alimenté par les officines d’extrême-droite. Mais il n’y a pas d’antisémitisme d’État. Les Juifs ne sont pas discriminés au logement ou au travail, ne sont pas harcelés par la police et ne subissent pas de propagande antisémite à grande échelle dans les grands médias nationaux.
Cependant, pour le PIR, les choses sont claires. Il y a une politique de l’État qui s’enracine dans l’histoire coloniale et qui est réactivée aujourd’hui en fonction des enjeux contemporains. Cette politique est basée sur un traitement privilégié dont bénéficie la répression de l’antisémitisme par rapport aux autres racismes. Cela contribue à creuser les oppositions entre les différentes composantes de la société française, désignant les Juifs à la vindicte des plus défavorisés dans la hiérarchie des racismes. Au bout de cette logique, on voit se profiler une offensive raciste contre les jeunes indigènes, les accusant d’être le vecteur d’un nouvel antisémitisme. On prétend se faire défenseurs des Juifs tout en se servant d’eux (avec la complicité de la majorité sioniste et/ou ultra-colonialiste dont le CRIF et l’UPJF) comme d’une batte de baseball pour frapper les Noirs et les Arabes.
Parce que la situation est grave, parce que les conflits intercommunautaires nous détruisent et nous détournent des objectifs essentiels qui sont les nôtres: la lutte contre les pratiques de l’État national républicain impérialiste qui font système, il est temps d’en finir avec tous les visages du racisme républicain dont l’islamophobie, la négrophobie, la rromophobie et cet étrange philosémitisme.
Pour toutes ces raisons, le PIR appelle à la manifestation « Ensemble contre tous les racismes et contre le fascisme » qui aura lieu le samedi 21 mars 2015, à 15h à Barbès.
Avec les appelants, nous exigeons aussi :
La fin des contrôles au faciès
L’arrêt des démantèlements de camps de Rroms
Le retrait des lois racistes dirigées contre les musulmans et notamment:
– L’abrogation de la loi sur le voile du 15 mars 2004
– L’abrogation de la circulaire Châtel
– L’annulation du projet d’interdiction du voile à l’université
– Le retrait du projet de loi contre les nounous voilées
L’arrêt de la criminalisation de l’expression pro-palestinienne
Le retrait des lois liberticides et sécuritaires, notamment celle du 13 novembre 2014
La régularisation de tous les sans-papiers avec une carte de séjour de 10 ans
La fermeture de Frontex, des centres de rétention
La liberté de circulation et d’installation et le droit de vote des étrangers.
Soyons nombreux !