Cette adhésion aux thèses du « choc des civilisations » ne se constate pas seulement dans le choix du partenaire israélien qui représente « les valeurs du monde libre », mais cette adhésion se constate également dans l’alignement et la « transplantation » en France du mode de gouvernance Israélien. Trois caractéristiques essentielles constituent le mode de gouvernance israélien : Le refus et le déni du Droit international, le refus et le déni de la Démocratie et enfin l’usage abusif de la violence (armée/police) dans la résolution des conflits. Cette dernière caractéristique découle naturellement pour Israël de la nature coloniale du pouvoir, par essence raciste et violent.
Notre histoire récente est riche d’illustrations de cette « transplantation » du mode de gouvernance israélien en France : déni de Démocratie consécutif au vote NON au TCE (en France et en Europe), Violence des lois Preben contre les immigrés sans papier, violence de la répression contre ceux qui défendent cette cause (Vichy, Tarnac), déni du Droit international en refusant d’appliquer les décisions du tribunal pénal international (TPI) concernant le Mur israélien en Palestine.
En la matière la décision du 8/12 du conseil des ministres européens sous présidence française constitue le point d’orgue le plus significatif de la « transplantation » du mode de gouvernance israélien. En décidant, contre le vote des députés européens qui s’étaient prononcés pour le report, et au moment même où les plus hautes personnalités de l’ONU stigmatisaient la politique israélienne de blocus de Gaza et d’apartheid en Cisjordanie, en décidant de rehausser les accords d’association avec Israël, le conseil des ministres européen basculait dans le soutien explicite et total à la politique coloniale d’Israël et « transplantait » d’un seul coup en Europe déni de Démocratie et violation du Droit international.
C’est dans ce contexte que le 5 janvier, comble d’hypocrisie, la ministre de l’intérieur Mme Alliot Marie en appelle à « préserver l’unité nationale » afin d’éviter « toute transplantation du conflit israélo-palestinien en France ». Et que fait elle pour éviter cette « transplantation » ? elle réunit les présidents du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) et du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF) ainsi que les responsables des services de police et de gendarmerie. ( !) et pourquoi pas l’armée ? C’est à dire qu’elle réunit les juifs et les musulmans comme si le conflit israélo-palestiniens était un conflit religieux, un conflit entre juifs et musulmans. Ce faisant elle accrédite totalement les thèses propagandistes israéliennes qui tentent de faire passer le conflit colonial pour un conflit religieux, et les musulmans pour de dangereux intégristes terroristes. Ceci pour mieux masquer la réalité coloniale et la violation du droit international dans cette partie du monde.
Richard Prasquier, le président du CRIF, a tout aussi hypocritement estimé lundi sur RTL qu’il était « absolument inconcevable -inconcevable- que le conflit israélo-palestinien se transporte en France. (…) Il n’y a aucune raison que la France vive le conflit israélo-palestinien. C’est quelque chose qui a failli survenir il y a huit ans au début de l’Intifada, il n’est pas question que cela recommence. » Mais voici ce déclarait le CRIF dans un communiqué à la veille de l’invasion terrestre de Gaza : « Le gouvernement Israélien vient enfin d’autoriser les attaques contre les foyers TERRORISTES de Gaza. Nous prions pour le succès de l’opération. Nous avons appris qu’il était question d’une opération terrestre. Bien que nous n’ayons aucune compétence en la matière et que nous n’ayons pas le droit de critiquer une offensive concrète contre ces foyers destructeurs de paix, nous espérons que cette fois la vie des soldats ne sera pas engagée inutilement, comme durant le mois d’août 2006. Nul besoin d’être expert militaire sans mettre la vie des fantassins Israéliens en danger, pour estimer que de lourds bombardements seraient largement suffisants sur les centrales électriques anéantissant ainsi toute volonté bellicistes des assassins du Hamas. »
En écho à ces propos, et dans la suite de G.W Bush, N. Sarkozy (malgré les 550 morts Palestiniens dont près de 100 enfants) continue, en Syrie aujourd’hui même, de rendre le Hamas responsable de l’agression israélienne. Ce faisant que fait-il d’autre sinon « transplanter » en France les thèse israélienne, la conception israélienne du prétendu « conflit israélo-palestinien » ? Nous ne parlerons même pas ici du caniche Kouchner qui ne mérite que crachats !
Ainsi, au mépris du Droit international, des condamnations du TPI et des crimes de guerres commis par Israël, le président N. Sarkozy, son gouvernement et le CRIF pourraient développer en toute tranquillité en France la version israélienne du conflit et tenter de le faire passer pour un conflit religieux dont les islamistes, bien sûr, seraient responsables.
Par contre, ceux qui au respect du Droit international, des instances internationales osent dénoncer ces violations du Droit et de la Démocratie, manifestent et exigent justice, ceux-là seraient accusés de « transplanter » le « conflit israélo-palestinien » et bien sûr de menacer « l’ unité nationale » !.
Mais M. Sarkozy, si vous et votre gouvernement continuez ce mode « israélien » de gouvernance, malgré l’absence de Hamas en France, vous allez l’avoir votre INTIFADA et pas seulement à propos de la question palestinienne !
JLM, 6/01/09
Source : http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6807