C’est par ce communiqué laudateur que le président de la République française, et premier socialiste, François Hollande, a cru bon rendre hommage à l’un des plus grands tueurs de Palestiniens après Sharon et Begin. Né en Pologne Yitzhak Shamir émigre en Palestine en 1935 où il rejoint l’Irgoun Zvai Leumi, une des plus sanguinaires organisations armées sionistes fondée par Zeev Jabotinsky, admirateur de Mussolini. Entre 1936 et 1939, les sionistes combattent aux côtés des Britanniques pour écraser la Grande Révolte arabe et ils pratiquent alors un terrorisme sans retenue contre les civils palestiniens. C’est Shamir et sa bande de criminels qui entre autres introduiront en Palestine la technique des attentats aveugles avec voitures piégés ou couffins bourrés d’explosifs, contre les marchés arabes de Jaffa notamment, qui feront des centaines de morts. L’objectif, théorisé par la propagande de l’Irgoun est non pas comme le prétendra sans doute Hollande de se défendre face à la résistance palestinienne mais consiste à créer un climat de terreur favorable à l’épuration ethnique de la Palestine de ses habitants d’origine. C’est d’ailleurs ce à quoi s’emploiera toute sa vie Shamir. Suivant en cela la théorie du Mur d’acier, cher à Jabotinsky.
En 1940, l’Irgoun se divise entre autres sur l’opportunité de déclencher immédiatement une lutte armée contre les Britanniques. Yitzhak Shamir suit la faction la plus radicale, dirigée par Avraham Stern, plus tard surnommé groupe Stern, ou Lehi. Faction qui non seulement souhaitait immédiatement prendre les armes contre les Britanniques alors que ceux-ci connaissaient des revers face à l’armée allemande dans la guerre du désert mais faction qui alla jusqu’à chercher aussi le soutien des nazis contre leur ennemi commun, les Britanniques. Des négociations commencèrent avec l’Allemagne hitlérienne au moment même où le Führer s’apprêtait à mettre en œuvre sa solution finale contre les Juifs et les Tziganes.
Après la mort de Stern, abattu par les Britanniques en février 1942, Yitzhak Shamir qui s’était s’enfui en septembre 1942 d’une prison britannique devient le chef du Lehi, qu’il réorganise. Début 1944, en liaison avec l’Irgoun, le Lehi sous la direction de Shamir est responsable de nombreuses actions contre les Britanniques, notamment l’assassinat du haut-commissaire Lord Moyne. Mais surtout, en septembre 1948, il commandite l’assassinat du représentant des Nations unies pour le Moyen-Orient et président de la Croix rouge internationale, le comte Folke Bernadotte. Lui et son aide de camp, un Français, le colonel Sérot sont abattus en plein jour à Jérusalem alors qu’ils venaient d’envoyer à l’ONU un rapport accablant sur les exactions sionistes à l’encontre des Arabes. Dans ce rapport figurait entre autres méfaits, le récit du massacre du village palestinien de Deir Yassin le 9 avril 1948. 250 hommes, femmes et enfants massacrés à froid, le plus souvent à l’arme blanche.
Après la création d’Israël, Shamir passera un temps dans les services secrets où il se fera connaître par sa dureté à l’encontre des Palestiniens ayant réussi à demeurer en Palestine. Puis il entame une carrière politique. Durant toute celle ci, il sera l’un des plus intransigeants hommes politiques israéliens, vis à vis des Palestiniens. S’opposant à toute concession, tout « abandon » de la moindre parcelle d’Eretz Israël comme il aimait à le marteler. Il sera élu à la Knesset comme député Likoud, puis en 1983, succède à Menahem Begin au poste de Premier ministre. Yitzhak Shamir quitta son poste de Premier ministre en 1992, non sans avoir fermement critiqué la politique envers les Palestiniens de son successeur Benjamin Netanyahou, qu’il jugeait trop molle.
Toute honte bue, voilà le dernier en date des criminels de guerre sur la tombe duquel François Hollande croit bon s’incliner. Pourquoi pas, prochainement, le bourreau du village libanais de Cana, Shimon Peres, ou plus près de nous, Paul Aussaresses, le tortionnaire français non repenti de la guerre d’Algérie !
Youssef Boussoumah