C’est selon.
Comme l’a très bien dit Louis Schweitzer, rejoint en cela, à certains égards, par Angela Davis, « la flexibilité et l’adaptation constituent, dans le monde d’aujourd’hui, la clé de toute réussite ».
Mon langage : des mots justes et opérationnels
Je dis « boîte à outils », « bonnes pratiques », « benchmarking ».
Je répète « capitalisation », «mutualisation », «co-construction ».
Je parle « dynamiques territoriales impulsant le partenariat » et « réseau partenarial ancré dans le territoire ».
Je fais court, concret, technique, propre, synthétique. Mon propos doit tenir dans un format power-point graphique couleur.
Je ne parle qu’accompagné d’un power-point. Comme le disait Montaigne, à travers son Institut, où on retrouve l’esprit de Senghor, « il faut savoir se mettre au diapason des nouvelles technologies sous l’arbre à palabres ».
Ma méthode : une démarche ludique et dynamique
Je suis partisan de l’efficacité et de l’action :
– je recentre sur ce qui est positif, utile et concret. Ainsi, je développe ce qui est en lien avec les compétences de tous au service de l’entreprise, le gagnant-gagnant de la diversité dans l’entreprise, la créativité des jeunes femmes issues de l’immigration pour l’entreprise
– j’évite le négatif, le fatalisme, les polémiques, les faux débats. Ainsi, j’évacue ce qui a trait aux discriminations, aux inégalités.
Claude Bébéar, avec qui, sur ce point, Marx n’était pas en désaccord, aime à répéter que « se plaindre et se morfondre sur son sort, ce n’est pas gagner ; aller de l’avant doit être le seul moteur ».
Mes clients : exigeants et déterminés
Mes clients sont nombreux.
Mes clients sont partout où il y a des problèmes.
Les immigrés sont partout en France.
Je me déplace beaucoup.
Je travaille pour les pouvoirs publics et les grandes entreprises.
Les grandes entreprises investissent de plus en plus dans l’événementiel et la communication.
Je travaille de plus en plus pour les grandes entreprises.
Mes prestations : un champ large, des compétences pluridisciplinaires
– La formation : donner envie d’avoir envie de lutter contre les discriminations
Je forme mes clients à la lutte contre les discriminations.
La formation se déroule sur une journée lors de laquelle je dois aborder les mécanismes discriminatoires, leurs causes, les représentations, le cadre légal européen, le cadre légal français, l’histoire des politiques publiques en matière d’intégration, les politiques publiques actuelles, l’histoire des luttes, le champ de l’emploi, du logement, de l’éducation, les phénomènes de ségrégation, les inégalités, les techniques de testing, le rapport 2005 du BIT, les paradigmes, l’histoire coloniale.
De tout aborder, en une journée, je n’ai pas le temps.
Alors, je réduis le champ de la formation à deux problématiques essentielles :
– le matin est consacré à lire les deux articles de loi en matière de discriminations
– l’après-midi est consacrée à donner le numéro vert de la Halde
A l’issue de chaque demi-journée un temps d’échanges est proposé aux participants :
– un débat co-participatif sur les dangers du communautarisme
– un débat co-constructif sur les dangers de la victimisation
La journée de formation est aérée par des jeux de rôles que propose aux participants une troupe de théâtre autour de deux thèmes distincts mais complémentaires :
– la tolérance d’autrui réciproque dans l’amour du prochain
– l’empathie du prochain dans l’échange de l’amour d’autrui
Ce ne serait pas faire offense à Kateb Yacine que de dire que le théâtre et la lutte contre les discriminations se marient bien. A l’heure du déjeuner et à 17h.
Je m’impose deux règles essentielles lors du temps de formation :
– Ne jamais culpabiliser ceux qui ont accepté de manière volontaire de venir à la formation. Rassurer. Faire adhérer. Nous sommes tous des discriminants. Nous sommes tous le discriminé de quelqu’un. Les discriminations sont systémiques. Le système. Nous sommes tous responsables. Personne n’est responsable.
– Evoquer toutes les formes de discriminations. Ne pas frustrer les femmes, les personnes handicapées, les personnes homosexuelles, les personnes en surpoids, les seniors. Ne pas privilégier les immigrés. Parler de discrimination en général. Parler de diversité. Nous faisons tous partie de la diversité.
– Le conseil en communication : les mots sont importants
Je conseille en matière de lutte contre les discriminations.
Je sais citer notre-ami-Sayad et ce-grand-poète-que-fut-Aimé-Césaire.
Je lis la synthèse des travaux des chercheurs. Je lis les textes des militants. J’y trouve des concepts. Je vends des concepts. Le système discriminatoire ne change pas. Je vends le changement des mots qui habillent le système discriminatoire. Des mots d’avant garde. Des mots porteurs. Je vends l’articulation des discriminations. Je vends la classe, le genre, la race.
Je vends l’intersectionnalité.
C’est là qu’il faut être, l’intersectionnalité.
– L’étude : l’indépendance malgré la dépendance
Je réponds aux appels d’offre émis par les pouvoirs publics sur des missions de diagnostic ou d’évaluation en matière de lutte contre les discriminations.
Le client est un commanditaire. Le commanditaire demande à ce que je lui remette un rapport. Je retrouve régulièrement le commanditaire lors des réunions de comité de pilotage. J’y prends note des conclusions que le commanditaire souhaite me voir dégager du rapport dont il m’a chargé.
Les attentes du commanditaire ne sont pas toujours très claires. Je suis en lien étroit avec le commanditaire pour éviter tout malentendu. Les appels d’offre sont bien faits. Les cahiers des charges prévoient que le commanditaire peut demander à ce que les conclusions du rapport soient réécrites ou coupées s’il ne les valide pas.
L’adéquation entre les attentes du commanditaire et les résultats des études est un principe éthique et déontologique fondamental. J’ai une conscience professionnelle. Je fais en sorte de ne pas décevoir mes clients. Mes clients sont aussi mes futurs clients, sur de futurs appels d’offre.
Ma couleur de peau : un enrichissement, une chance
Je m’adapte à ma couleur de peau.
Si je suis un consultant blanc, je suis objectif, crédible. Je ne suis pas directement concerné par les discriminations, et pourtant je maîtrise. Je suis brillant. Je suis l’expert.
Si d’aventure je suis un consultant arabe, je cite mes sources. Je ne parle pas de discriminations raciales. Je n’ai pas le recul nécessaire. Je me recentre sur l’homophobie et l’antisémitisme. Je re-cite mes sources. Je n’ai pas le dernier mot. Je laisse ouvert le débat. Je suis rassurant.
Si je suis un consultant noir, je ne suis pas encore né. Je ne suis pas entré dans l’Histoire de la consultance. Je ne suis pas noir, je ne vais pas jusqu’à cette extrémité.
Mes prix : reflet de l’importance des enjeux de lutte contre les discriminations
Je prends jusqu’à 10 000 euros (hors taxes, frais de déplacement non inclus) par jour de formation ou de conseil.
Je prends jusqu’à 500 000 euros (hors taxe, frais de déplacement non inclus) l’étude.
J’aime mon métier.
Mes remerciements : sincères et chaleureux
Je remercie les immigrés, leurs problèmes, leurs parents, leurs enfants, et d’avance, leurs futurs enfants.
Restez tels que vous êtes, ne vous occupez de rien. Nous nous occupons de lutter contre les discriminations que vous subissez.
Votre « mektoub », comme on dit chez vous, est entre de bonnes mains.
Fatouche Ouassak