32 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, et 10 ans après les révoltes des quartiers populaires, le constat est sans appel : les populations issues de l’immigration postcoloniale et des quartiers populaires sont de plus en plus exposées aux violences et aux crimes policiers, aux discriminations systémiques, aux humiliations et à une précarisation organisée. À l’origine du traitement différencié réservé à ces « Français de seconde zone » se développe et s’affirme un véritable racisme d’État qui s’exprime sous diverses formes et vise particulièrement trois catégories de personnes :
- Les musulmans : l’islamophobie est l’une des expressions les plus manifestes du racisme d’État. De l’exclusion des femmes voilées de l’Éducation nationale au matraquage médiatique qui diffuse et banalise une idéologie islamophobe, l’islamophobie traverse l’ensemble du champ politique français.
- Les Noirs : La négrophobie participe à l’échelle nationale et internationale d’une négation des droits les plus fondamentaux des populations afro-descendantes dont la mémoire liée à la traite négrière et à l’esclavage continue d’être occultée et méprisée par les instances occidentales. En France, les Noirs sont, de fait, les plus exposés aux crimes policiers, au contrôle au faciès, aux discriminations racistes à l’emploi et au logement…
- Les Rroms : La rromophobie et l’antitziganisme, nouveau visage du racisme d’État, s’est constitué historiquement par projection dans le territoire métropolitain des méthodes d’administration racistes des populations colonisées. Le démantèlement du Samaritain à la Courneuve, plus vieux bidonville de France, où vivaient des centaines de familles rroms, est une des expressions récentes de la rromophobie structurelle.
Antithèse de la « hogra » (mot populaire arabe signifiant « humiliation » ou « mépris »), la Dignité est le dénominateur commun qui lie le sort des Noirs et Arabes assassinés impunément par la police, à celui des musulmanes voilées refoulées aux portes de l’école, à celui des Rroms, des migrants, des sans-papiers traqués et matraqués par les autorités françaises.…
Le MAFED est un collectif autonome composé exclusivement des femmes subissant le racisme d’État.
Elles sont issues de l’immigration postcoloniale (arabes, noires, musulmanes…), rroms, et/ou des quartiers populaires.
Intellectuelles, militantes, artistes, étudiantes, voilées, non-voilées,… les femmes du MAFED aux parcours professionnels et politiques divers ont pris l’initiative de se rassembler autour de la lutte contre les crimes policiers racistes et les autres formes de racisme structurel. C’est dans cette optique qu’elles initient et organisent une marche historique, la Marche de la Dignité.
Pourquoi seulement des femmes ?
Les femmes racisées sont des cibles privilégiées du racisme d’État (80% des actes islamophobes concernent des femmes), d’autant plus vulnérables qu’elles ont déjà à subir un sexisme systémique qui touche l’ensemble de la société française et les cantonne à un statut de subalterne.
Par ailleurs, bien conscientes que les femmes ont trop souvent servies « d’instruments politiques » pour dénoncer le sexisme spécifique des hommes des quartiers populaires, – instrumentalisation orchestrée par les gouvernements successifs afin de justifier leur politique d’exclusion et de coercition des hommes de quartiers populaires, les femmes du MAFED se revendiquent comme « actrices politiques », et expriment leur solidarité à l’ensemble des populations victimes du racisme et particulièrement des crimes policiers.
Liste des femmes du MAFED :
Sihame ASSBAGUE – Rania AYOUB – Rachida AZIZ – Paola BACCHETTA – BAMS – Noria BELGHERRI – Anissa BENAISSA – Leila BENDERRA – Hind BEN FARES – Feiza BEN MOHAMED – Amal BENTOUNSI – Wiam BERHOUMA – Nargesse BIBIMOUNE – Karima BOUACHE – Houria BOUTELDJA – Nora BOURAZZI – Sarah CARMONA – CASEY – Samia CHALA – Imen CHATTEUR – Ismahane CHOUDER – Gerty DAMBURY – Inès DE LUNA – Rokhaya DIALLO – Éva DOUMBIA – Soraya EL KAHLAOUI – Fanny ESSIYE – Mireille FANON MENDÈS-FRANCE – Nawel GAFSIA – Tauana Olivia GOMES-SILVA – Zeineb GUEDIONNI – Nacira GUÉNIF-SOUILAMAS – Hanane KARIMI – Mebarka KASSAM – Fethia KERKAR – Fatima KHEMILAT – Agathe LARISSE – Stella MAGLIANI-BELKACEM – Rania MAJDOUB – Ouafa MAMECHE – Bahiya MANSAR – Fatou MEITE – Safyia MEZIANI – Zakia MEZIANI – Karima MONDON – Samia MOUCHARIK – Ketty NESTOR – Laetitia NONONE – Bahija OUEZINI – Ndella PAYE – Farida RÉMILA – Zohra REZGANI – Malika SABEG – Maboula SOUMAHORO – Hanifa TAGUELMINT – Nadia TAHHAR – Sabrina TAYEBI – Vanessa THOMPSON – Haifa TLILI – Joby VALENTE – Françoise VERGES – Héla YOUSFI – Louisa YOUSFI – Smina ZEKRINI
Meeting de la Marche de la Dignité, vendredi 9 octobre,
Afin de présenter les différents enjeux politiques de la Marche de la Dignité du 31 octobre, et de donner corps et voix à cette dynamique historique, le MAFED organise un grand meeting, vendredi 9 octobre, à la Bourse du Travail de Saint-Denis, à partir de 18h30.
À cette occasion, plusieurs femmes du MAFED interviendront pour exposer publiquement les motivations politiques à l’origine de leur engagement au sein du MAFED. Par ailleurs, des membres des organisations signataires prendront également la parole pour exposer les problématiques liées au racisme contre lesquelles ils luttent depuis des années au sein de leur organisation.
Liste des interventions du meeting du 9 octobre
Femmes du MAFED
Amal Bentounsi : porte-parole du collectif Urgence Notre Police Assassine. Le collectif Urgence Notre Police Assassine lutte contre l’impunité des violences et des crimes policiers racistes, contre la complicité d’une institution judiciaire qui les protège et aide les familles des victimes à s’organiser et à se mobiliser.
Sihame Assbague : Porte-parole du collectif Stop le Contrôle le Faciès a pour objectif de freiner la pratique abusive et illégale du contrôle d’identité, suite à la publication d’une étude du CNRS révélant qu’à Paris, un style « jeune » multiplie par 11 le risque d’être contrôlé, et celui d’être perçu comme noir ou arabe le multiplie respectivement de 6 et 8 fois.
Bams : artiste, militante afro-descendante anticolonialiste, est membre du Collectif Contre Exhibit B. Le Collectif Contre Exhibit B exigeait la déprogrammation d’une installation de l’artiste blanc sud-africain Brett Bailey qui prétendait représenter l’oppression des Noirs, de la traite à nos jours, en se contentant de mettre en scène des corps noirs réduits au silence, et en invisibilisant le rôle exercé par les esclavagistes blancs.
Hanane Karimi : chercheuse en sociologie et porte-parole du collectif Les Femmes dans la Mosquée. Le collectif Les Femmes dans la Mosquée œuvre pour l’égalité hommes/femmes à l’intérieur du cadre religieux musulman.
Anina Ciuci : étudiante rrom en droit à la Sorbonne, auteure du livre Je suis tzigane et je le reste (City Éditions, 2013). Conseiller honorifique sur la problématique Rom auprès du Premier ministre roumain Victor Ponta
Liste provisoire des intervenants des organisations signataires
Said Bouamama (FUIQP) Le Front Uni de l’Immigration et des Quartiers Populaires mobilise des militants de l’immigration et des quartiers populaires dans le but de favoriser l’émergence d’une organisation autonome et politique des quartiers.
Omar Slaouti (Collectif Ali Ziri) Le collectif Justice et vérité pour Ali Ziri s’est constitué à la suite de la mort d’Ali Ziri, 69 ans, lors d’un contrôle routier par la police nationale d’Argenteuil. Le collectif se mobilise pour expertise une contre-expertise et a réalisé un film Qui a tué Ali Ziri? (Luc Decaster).
Franco Lollia (Brigade Anti-Négrophobie) Le Collectif/ Brigade Anti-Negrophobie reprend le flambeau de la résistance transmis par leurs ancêtres qui ont lutté depuis des siècles pour se libérer des chaînes de l’esclavage et de la colonisation.
Nacira Guénif-Souilamas : sociologue et anthropologue, professeure des universités, spécialisée notamment sur les questions liées à l’immigration postcoloniale, au racisme et aux discriminations.
Médine : rappeur engagé
Samir Mile (Voix des Rroms) La Voix des Rroms est une association qui oeuvre pour la reconnaissance de l’identité du peuple rrom et pour l’égalité de tous et contribue à des initiatives d’amélioration de la condition de populations rroms en situation de grande précarité.
Françoise Vergès: historienne et politologue réunionnaise, et ancienne présidente du Comité pour la Mémoire et l’Histoire de l’esclavage.
Laetitia Nonone (Zonzon 93) L’association Zonzon 93 lutte contre la délinquance, grâce à des rencontres entre d’anciens détenus et des jeunes des quartiers populaires.
Djamel Atallah (Association des Anciens marcheurs) L’Association des Marcheurs de 1983 regroupe les marcheurs permanents et, plus largement, les militants qui se reconnaissent dans les valeurs de la Marche, dans le but de témoigner de cette action historique, et de dénoncer toutes les récupérations politiques et mercatiques de la Marche.
Youssef Boussoumah (PIR) Le Parti des Indigènes de la République est un parti politique autonome qui vise à faire converger l’ensemble des espaces de résistances des populations issues de l’immigration postcoloniale, des « Dom-Tom » et des quartiers populaires dans une perspective antiraciste et décoloniale, afin de mettre fin au continuum colonial de l’État français.
Nargesse Bibimoune (MAFED Lyon) étudiante lyonnaise, militante associative, et auteure du roman « Dans la peau d’un thug ».
Amadou Ka (Les Indivisibles): Président des Indivisibles.
Les Indivisibles sont un groupe de militants dont le but est de déconstruire, notamment grâce à l’humour et l’ironie, les préjugés ethno-raciaux et en premier lieu, celui qui nie ou dévalorise l’identité française des Français non-blancs.
Lien vers l’appel et les signataires : http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/
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