Mon islamité est bien plus qu’une source de bien-être, c’est, selon moi, un cadre structuré et structurant mon existence dans une société de plus en plus globalisante où les points de repères volent en éclat continuellement. Cette identité est restée droite malgré le racisme républicain et l’offensive anti-islam à la française de ces deux dernières décennies. Présentant en des qualitatifs d’une violente obscénité ceux qui pratiquent de manière affirmative – mais également comme ils l’entendent – comme des êtres républiquement malade. Les entrepreneurs de la morale, garants de l’establishment républicain, s’effarouchent dès que des individus s’affirment en s’émancipant de la culture dominante. Je fais partie de cette racaille qu’il urge de républicaniser !
Ce constat m’est intolérable. C’est pourquoi, j’ai décidé de m’engager auprès d’une organisation politique antiraciste : le Mouvement des indigènes de la République. Avant cela, le militantisme politique m’était totalement inconnu. Aussi, à mon intégration au sein du MIR et au fil des activités militantes, au fil des échanges et rencontres avec les militants appartenant à des univers diversifiés ethniquement, culturellement et cultuellement, j’ai été confrontée à un questionnement et à des doutes quant à la possibilité d’une cohabitation entre une activité militante et ma foi religieuse. Je craignais que cette dernière ne soit escamotée par ce nouvel engagement politique.
Après diverses réflexions, je me suis rendu compte que ces deux entités a priori antinomiques sont plutôt complémentaires. L’issue de mes réflexions me laisse croire que la foi et le militantisme ne sont pas incompatibles. L’un est en quelque sorte le produit de l’autre. Ma croyance religieuse a fait que je m’engage politiquement au sein du MIR. Selon moi, le combat politique pour la défense de mes droits peut, sans aucun doute, avoir un impact positif sur ma condition de musulmane en France et sur le bon déroulement de ma pratique religieuse.
Par ailleurs, il dévoile les incohérences violentes d’une république aux relents coloniaux soi-disant égalitaire mais qui dans les faits privilégie les uns au détriment d’autres. En tant que musulmane, je vois, j’entends et subis des injustices (propos médiatico-politiques ouvertement islamophobes, loi contre le voile, etc.), c’est en cette organisation politique que j’ai trouvé un moyen de convertir ma révolte jusque là intérieure et inaudible en une lutte politique active. À cet égard, ma foi religieuse est sans nul doute le moteur de mon action.
Dans le rang des discriminés en France, il y a les musulmans et à côté d’eux d’autres catégories qui ne sont pas discriminées sur la base de leurs usages religieux mais sur une base raciale : les Noirs et les Arabes. Notre condition d’indigènes de la république française nous oblige à dépasser sans pour autant renier ces différentes identités particulières qui nous caractérisent afin de concourir à cet objectif commun qu’est l’égalité raciale et sociale.
Lalla.H (MIR)
Cet article a été publié dans le numéro 13 (Octobre 2008) de « L’Indigène de la république ».