Ce qui nous avait frappés en septembre, c’était le dispositif spécifique prévu pour ces femmes, alors que le législateur n’a jamais songé à instaurer un tel objectif « pédagogique » lors du passage au permis à points, par exemple.
A l’époque, ni le ministère de l’Intérieur, ni le ministère de l’Immigration ou celui de la Justice n’avaient communiqué de détails quant à la réalisation concrète de la chose. Aucune association n’était encore listée officiellement mais le porte-parole d’Eric Besson avait lâché par téléphone :
« Pourquoi pas des association comme Ni putes ni soumises ? »
Contactées par Rue89, plusieurs associations qui œuvrent sur le terrain auprès des femmes, dont certaines peuvent être de cultures différentes, avaient indiqué n’avoir pas été sollicitées. D’autres assuraient qu’elles n’étaient pas candidates, pour des raisons idéologiques.
Restait donc l’hypothèse Ni putes ni soumises. La porte-parole de l’association avait assuré qu’elle était surprise… mais la présidente, à qui Rue89 avait demandé de réagir, n’avait jamais donné suite à de multiples demandes.
Moins d’un mois après, la confirmation vient de tomber : c’est bien à l’association fondée par Fadela Amara, membre du gouvernement, qu’on a confié la mission.
Quelle burqa franchira la porte de Ni pute, ni soumise ?
Mercredi 27 octobre, Eric Besson a investi quinze « ambassadrices » dans des quartiers que le gouvernement appelle « les plus sensibles ». Leur mission : promouvoir la laïcité et l’égalité hommes-femmes. Concrètement, il s’agira d’expliciter, dans le cadre d’ateliers, l’interdiction du voile intégral aux femmes volontaires dans treize communes d’Ile-de-France et neuf grandes villes en province.
L’association sera rémunérée 80 000 euros pour cela. Le problème, comme le soulignent plusieurs acteurs investis dans ces quartiers, c’est qu’il est peu probable que des femmes intégralement voilées franchissent spontanément la porte d’ateliers animées par « Ni putes ni soumises ».
Sur place, même dans des milieux non-voilés de pied en cap, voire carrément féministes, certains dénoncent déjà une subvention déguisée et pronostiquent un impact plus que décevant.
Dans un article signé de l’équipe du magazine Fumigène et publié à l’été 2010 sur Rue89, même la soeur de Sohane, brûlée vive à
Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), disait une nouvelle fois son ras-le-bol
des Ni putes ni soumises :
« C’est épuisant de parler de ça, de ressasser le passé,
j’essaie de passer à autre chose, il y a des choses plus importantesque de parler de NPNS. J’ai déjà dit ce que je pensais de Fadela Amaraet de NPNS par le passé.
Vous voulez que je vous dise qu’elle s’est servie de la mort de ma sœur à des fins politiques, je l’ai déjà dit. Il y a de la récupération politique de la part de Fadela Amara, mais c’est plus mon problème, c’est une fille qui n’apportera rien aux cités, ou aux filles en général. »