Communiqué

Les tueries de Montauban et Toulouse et les maladies de la société française.

D’autres mieux que nous ont analysé ce que la vie de l’auteur des tragédies de Toulouse et de Montauban révèle sur la situation des banlieues et leur délaissement par les pouvoirs publics.

Nous partageons la colère et l‘amertume de certains de nos concitoyens vis à vis de ces formes d’action individuelles, criminelles et suicidaires.

Nous partageons leurs analyses sur l’état moral et politique de notre société, sur les maux qui la rongent.

Nous partageons enfin la colère et l’inquiétude de nos concitoyens d’origine musulmane encore une fois stigmatisés, transformés en boucs émissaires à l’origine des maux qui frappent notre société. Nous sommes nombreux dans nos rangs dont les familles ont été victimes de cette politique criminelle aux temps du nazisme et de Vichy.

Et nous sommes révoltés par une certaine lecture des évènements.

Des médias ont affirmé que les corps des victimes juives seraient « rapatriés » en Israël, comme si la patrie de tout juif était forcément Israël.

De nombreux autres ont délibérément tronqué les propos de Madame Catherine Ashton, Haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour n’en retenir qu’un parallèle entre les enfants juifs assassinés en France et les enfants de Gaza.

De nombreux soutiens d’Israël dénoncent les défenseurs du peuple palestinien comme étant responsables d’un climat favorable aux assassins antisémites.

Nous, nous affirmons au contraire : la politique criminelle pratiquée par Israël à l’encontre du peuple palestinien tout entier, au mépris du droit international, met en danger la paix et la cohésion de toutes les sociétés, de la nôtre en particulier.

Le soutien inconditionnel de la « communauté internationale » dont jouit Israël est tout autant dangereux.

Les murs – réels et virtuels – érigés par Israël et l’Europe entre « eux » et « nous » le sont également.

Notre colère est grande à l’encontre de ces dirigeants politiques de droite comme de gauche responsables de la communautarisation de notre propre société.

Notre colère est grande à l’encontre des gens du CRIF, représentants autoproclamés des juifs français qui se taisent à chaque tuerie d’enfants palestiniens perpétrée par l’armée « la plus démocratique du monde », qui se taisent quand ici même, des groupes entiers d’hommes, de femmes et leurs enfants sont stigmatisés, arrêtés, enfermés, expulsés. Qui se taisent enfin devant les discours racistes et xénophobes des plus hauts représentants de l’État. Eux qui se disent « les gardiens de la mémoire », la manipule pour soutenir une politique criminelle.

Notre colère est grande à l’encontre des médias, des politiques français qui ont fait de nous, Juifs français, des gens à part, à la nationalité indistincte, multiple et variable, sur lesquels il est interdit de porter un regard objectif, interdit de s’interroger sur les dérives religieuses de certains, toutes aussi radicales et problématiques que celles qui frappent nos frères et sœurs musulmans.

Notre colère est grande enfin à l’encontre de tous ceux qui affirment que toute critique de la politique israélienne est une manifestation d’antisémitisme.

À tous ceux là , nous leurs disons aujourd’hui qu’ils portent eux aussi une lourde responsabilité morale et politique dans ces drames qui nous bouleversent tous.

Qu’ils ne peuvent impunément stigmatiser l’Autre de façon aussi indécente.

Ceux qui nient l’humanité de l’Autre se barbarisent eux-mêmes.

le Bureau National de l’UJFP, le 25 mars 2012

Source : UJFP

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