Il nous importe à tou-te-s que prennent fin ces siècles d’infamie et d’injustice coloniale ayant dépossédé et ravagé tout un continent pour le livrer, aujourd’hui à la rapacité des multinationales « de la faim » via les politiques de restructuration de l’économie à saveur néo-libérale, imposées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).
Avec la révolution « bolivarienne » de Hugo Chavez au Venézuela et les luttes populaires de Colombie en Argentine, du Mexique au Nicaragua, la Bolivie, meurtrie par des décennies de dictatures dirigées depuis Wall-street fait à son tour vaciller l’empire états-unien qui craque de toute part. Elle incarne l’espoir pour une Amérique et latine et indienne enfin libre et réconciliée avec son passé.
Les Indigènes de la République reçoivent cette nouvelle comme un signal positif, annonciateur d’autres tremblements de terre, dans l’empire français cette fois, de la Françafrique aux Antilles, de la Réunion à la Kanakie ou à la Polynésie.
Contrairement à une légende tristement mensongère, ce n’est pas la bonté d’âme des occupants et des esclavagistes qui a apporté liberté et lumières aux peuples opprimés et exploités. C’est bien par leurs luttes résolue et constante, par leur intelligence et par leur culture qu’ils ont arraché chacun des acquis politiques que les puissances coloniales leur avaient toujours déniés.
En France également les plus démuni-e-s, discriminé-e-s, relégué-e-s et « indigènisé-e-s » ne peuvent attendre de véritable alternative politique que d’un combat mené avec rigueur, exigence et ténacité. Toute autre stratégie serait illusoire. Nous sommes des égaux, nous le savons, d’autres commencent à le savoir et à s’en réjouir. Nos ennemis persistent à l’ignorer, à feindre de ne pas nous entendre. Mais leur surdité volontaire apparaît de plus en plus comme ce qu’elle est : la peur de n’être déjà plus les maîtres du jeu.
MIR, 26 décembre 2005