Voici trois exemples :
Iam – La Fin de leur monde
envoyé par nikodu03100. – Regardez d'autres vidéos de musique.
http://paroles.zouker.com/song/print_parole_ziq.php?id=54289
http://www.booska-p.com/forum-rap-francais/rohff-rap-pour-rebeu-la-fouine-rap-pour-renoi-t16661.html
A ne pas confondre avec « beur » ou « black » utilisés dans les médias et milieux politiques.
Il y a 3 ans nous avons fait une campagne avec les termes de « noirs », « arabes » et « musulmans »: nombreux furent ceux qui nous dirent « vous oubliez les berbères » et puis « on ne dit pas « noir » qui est une couleur mais « nègre » « au sens de Césaire et Senghor ». Ou encore « pourquoi réduire les gens à leurs origines ou couleur de peau? ». Et maintenant c’est l’inverse : certains disent « il faut dire « noir » et « arabe » ! » Le fait est qu’il fallait trouver des termes suffisamment ouverts pour les nôtres, et suffisamment parlants pour dire aux ennemis que nous ne sommes pas dupes de leurs tentatives pitoyables pour nous noyer dans leur pseudo intégration. Parmi ces jeunes certains se disent, arabes, d’autres arabo-berbères, voire Franco-arabes, d’autres encore berbères, Chleuhs, Kabyles, Chaouis, d’autres se présentent d’abord comme musulmans, pratiquants, non pratiquants, d’autres encore préfèrent se définir comme Algériens, Tunisiens, Marocains. Idem pour les renois, je vous fais grâce de la liste infinie d’auto définitions entre Africains, Antillais, Caribéens etc. que le seul mot noir, on s’en doute, ne permettrait pas de satisfaire. Avec rebeus et renois, ouf, l’affaire est close et on peut enfin se concentrer sur le contenu de l’affiche elle même. Avec « renoi » et « rebeu » qui ne sont justement pas » noir » et « arabe » mais des mots rusés inventés par les jeunes à la fois pour signifier qu’ils sont arabes mais pas tout à fait comme dans les pays arabes, noir africain ou antillais aussi mais pas tout à fait comme en Afrique ou aux Antilles, bref des mots qui permettent de décrire une réalité complexe proprement française et inédite.
Il s’agit d’une auto définition des « issus de » principalement intéressés par notre campagne. C’était la seule solution pour sortir de ce mélimélo. Maintenant, il ne faudrait pas que l’on en reste à ces deux termes car l’essentiel est que nous nous mettions au travail, tous !
Cette affiche, par ailleurs, est belle pour son graphisme et ses 3 jeunes tournés résolument vers l’avenir, semblent bien décidés à ne rien céder sur leur, notre, dignité. Belle aussi pour son contenu, magnifique même par son message.
1) Belle d’abord parce qu’elle exprime la solidarité entre des catégories parmi les plus opprimées : en un temps où ce mot se dévalue et où le libéralisme à tout crin tente d’imposer son individualisme mercantile. C’est elle qui va nous permettre de vaincre nos ennemi et qui nous permettra d’obtenir l’égalité dans ce pays. Par l’appel à l’union de ceux qui ont connu le même passé de souffrance, qui connaissent le même présent de relégation et qui sont appelés à surmonter toutes les tentatives de division que l’impérialisme en France et à l’étranger s’apprête à développer. Car ce sera dans l’avenir sa seule arme devant la montée de nos luttes : diviser pour régner. Ce n’est pas simplement un commandement moral, l’union, c’est surtout une nécessité vitale.
2) Belle par le défi qu’elle représente: nous nous prenons en main nous-mêmes. Les Irlandais donnèrent à leur parti indépendantiste le terme de Sinn Féin (nous-mêmes) en gaélique. Ce n’est pas un hasard. Nous allons changer ce pays nous-mêmes, de l’intérieur et rien ne nous arrêtera. Non pas comme le prétendent nos ennemis parce que nous serions anti-blancs ou parce que nous voulons coloniser ce pays, mais parce que nous n’en n’avons pas d’autres. Et que nous l’avons fait ce pays, nos parents, nous. Pas par un colonialisme sanguinaire sur le modèle du monde blanc depuis 1492 en envahissant et meurtrissant le reste du monde, non pas par des massacres, la déportation et la mise en esclavage de ses habitants.
Nous disons aux impérialistes français « nous sommes ici parce que vous étiez là bas et d’ailleurs vous y êtes encore ». Nous n’avons pas choisi d’être ici alors maintenant nous allons rester et vous devrez bien vous en accommoder. Que l’on nous laisse nous définir comme bon nous semble, nous et nos descendants car nous sommes une force. Terminé SOS racisme, NPNS, et autres Malek Boutih ou Fadela, ces créatures étranges sorties du labo de Julien Dray, l’homme du P.S. qui voulait boxer Tariq Ramadan. Fini ces « Maghrébins laïques » et « musulmans républicains », à la sauce des demi soldes Rachid Kaci et autres Abderahamane Dahmane, les conseillers très spéciaux de Sarko et de l’UMP ! Pourquoi pas les « musulmans-en-voie-de-guérison», les « Algériens-c’est-pas-ma-faute » ou les « Marocains-je-recommencerai-plus », pendant qu’on y est !
Nous sommes majeurs, nous avons notre propre parti et c’est seulement comme ça que vous comprendrez. »
3) Belle par sa générosité. Les blancs soucieux réellement de l’avenir de ce pays qui veulent se joindre à nous sur une base décoloniale sont les bienvenus. Nous savons qu’actuellement des groupes racistes radicaux se préparent au clash, à l’affrontement violent, à la guerre civile ethnique. Nous ne les craignons pas mais l’interrogation « et vous » sur l’affiche est une invitation, une main tendue fraternelle à tous ceux, en dehors des principaux intéressés, qui refusent justement ce clash des civilisations décrit par Samuel Huntington et désiré par l’impérialisme.
Permettez moi une parenthèse. Je pense particulièrement aujourd’hui à cette officine de la guerre des civilisations qu’est Al Qaïda en Irak qui hier vient de provoquer la mort de 50 frères chrétiens, après un assaut contre une église syriaque. Un massacre épouvantable et inacceptable. Ces chrétiens rappelons le sont de vrais patriotes arabes qui avaient refusé de partir aux Etats Unis et qui étaient sous la protection de l’Islam depuis 14 siècles. C’est là un exemple du jeu étasunien pour dégouter les Irakiens de la résistance nationale en instrumentalisant certains groupes obscurs. C’est ça le jeu impérialiste reproductible partout pour créer le chaos.
4) Belle, enfin par son drôle de clin d’œil historique. Cette affiche est évidemment un double détournement :
– d’une part, celui de l’affiche de l’expo coloniale des années 30 « Trois couleurs pour un empire ». Quel retournement de situation ! Un siècle plus tard, les descendants de ces indigènes exhibés comme des animaux pour l’empire français remettent en cause cet empire de l’intérieur et le mettent au défi.
– D’autre part, c’est le détournement du slogan de l’actuelle campagne de SOS racisme et du PS : « touche pas à ma nation » qui exprime la nécessité de défendre les mythes de la nation française car finalement elle leur convient. Ce qu’ils reprochent à Sarkozy c’est de vouloir la modifier en pire. Il s’agit par là même, pour eux, de dire aux Indigènes que nous sommes: « ce sera cette nation ou rien ». Une injonction à nous couler dans ce moule étroit alors que justement nous, nous pensons qu’il nous faut la transformer cette nation. Car elle ne répond plus aux enjeux sociaux et politiques actuels. Elle doit rompre évidemment avec l’impérialisme, être ouverte aux autres peuples, égalitaire, non agressive, non expansionniste et surtout soucieuse de toutes ses composantes.
Nous proclamons « Touche à ma nation » et même secoue là comme un cocotier ou comme un couscoussier comme tu veux et bouleverse la ! C’est à ce seul prix que nous créerons les conditions de la fraternité tant recherchée.
En bref par la fierté et l’espoir qu’elle nous communique, elle est belle !
Quant à ceux qui pensent qu’on devrait avoir le courage de se dire arabe ou noir, un peu d’honnêteté serait la bienvenue! le PIR a l’habitude de dire ce qu’il pense sans détours. Ceux qui nous connaissent savent que nous avons toujours été là pour dénoncer le communautarisme blanc ou le sionisme de Finkielkraut et consorts, de déclarer notre soutien à Hamas ou à Hezbollah y compris par des conférences à la Sorbonne, de demander l’amnistie pour les emprisonnés de la révolte des quartiers populaires en 2005, d’être solidaires publiquement de Tariq Ramadan vilipendé et ostracisé, de dénoncer la condamnation injuste de Kemi Seba quand nous estimions qu’il était frappé par une mesure raciste (alors que pourtant nous ne sommes pas du tout d’accord avec lui). Présents aussi quand il fallait dénoncer la loi sur les signes religieux à l’école. Grâce à Dieu. Et nous attendons de ceux qui sont sur le bord du chemin et qui nous regardent sans rien faire qu’ils éprouvent au moins quelque honte » ( Merci B.Brecht). Et d’être touchés pourquoi pas par la grâce divine.
Que Dieu aide tous les résistants.
Salamet!
Youssef Boussoumah, PIR Paris