Bien que les dernières déclarations[4] de Gilles Clavreul, le nouveau délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, confirment notre thèse sur le philosémitisme d’État, nous ne ferons rien ici pour démonter les accusations de la direction du Mrap et laissons à nos lecteurs la liberté de nous interpréter. Nos mots sont pesés. Lorsque nous les rendons publics, nous les assumons entièrement. Aussi sommes-nous étonnés que l’association antiraciste ne nous ait pas encore traduits en justice car, comme elle ne l’ignore pas, l’antisémitisme est un délit, pas une opinion.
En attendant notre convocation devant un tribunal, nous nous permettons de livrer les véritables motifs de cette charge aussi grossière que pathétique. En effet, sous ses airs faussement angéliques, l’association poursuit des objectifs bien moins avouables qu’il n’y paraît.
Le communiqué du MRAP ne fait que révéler ce que nous savions déjà : l’un des derniers bastions du vieil antiracisme moral craque de toute part et glisse à son tour vers le national-républicanisme. Celui-ci a renoncé depuis longtemps à lutter contre le racisme d’État pour se consacrer à des passions nouvelles : liquider l’héritage du regretté Mouloud Aounit qui avait fait de l’islamophobie son cheval de bataille, et lutter contre le « racisme anti-blanc » (une idée jusque-là cantonnée à l’extrême-droite).
En vérité, le grand regret du Mrap, c’est la fin de l’antiracisme paternaliste des années Mitterrand si cher à la gauche institutionnelle. Un antiracisme stérile où l’indigène, infantilisé et éperdu de reconnaissance pour ses protecteurs, savait demeurer à sa place de figurant. Dès lors que les victimes deviennent actrices de leur destin et l’expriment de manière autonome, l’antiracisme officiel panique.
Le communiqué traduit ainsi une réaction aux recompositions en cours dans le champ de l’antiracisme, où les renoncements du Mrap au combat contre l’islamophobie et ses compromissions avérées avec le racisme institutionnel ont été débordés par l’antiracisme politique des indigènes et de leurs alliés. Que ce soit après les manifestations contre l’exposition Exhibit B ou encore dans les conférences internationales contre l’islamophobie (décembre 2013 et 2014) et le meeting contre l’islamophobie du 6 mars 2015, le MRAP s’est retrouvé du mauvais côté de la barrière.
Nous savons que le PIR n’est pas la véritable cible des attaques. En vérité, ce que l’actuelle direction du Mrap – en quête du monopole perdu de l’antiracisme – escompte, c’est casser les nouvelles et fragiles solidarités militantes qui se tissent entre les associations musulmanes comme PSM, l’UOIF, les associations luttant contre l’islamophobie comme le CCIF ou MTE, les mouvements politiques comme le PIR, et la gauche radicale et antiraciste. En d’autres termes, sous ce prétexte – le pseudo-antisémitisme du PIR, dont la démonstration ferait le bonheur de beaucoup – il fait ce que Caroline Fourest a déjà tenté de faire à l’occasion du meeting du 6 mars, quand elle avait stigmatisé l’alliance avec des « communautaristes », des « sexistes » : briser un front de lutte qui menace son pré-carré.
Mais, s’il justifie contre nous des appels à la répression, c’est bien lui, par l’entremise des luttes politiques, qui risque de finir dans les oubliettes de l’histoire. Heureusement pour nous, le Mrap n’est pas constitué que de sa seule direction. Un autre Mrap est-il encore possible ?
Le PIR
Le 27 avril 2015
[1] http://www.mrap.fr/ab-non-au-philosemitisme-d2019etat-bb-un-slogan-indigne-1
[3] http://luftmenschen.over-blog.com/article-les-effroyables-imposteurs-du-12-janvier-125634240.html
[4] « Tous les racismes sont condamnables, mais le racisme anti-Arabe et anti-Noir n’a pas les mêmes ressorts que l’antisémitisme dans sa violence. Il faut être capable de dire la particularité de l’antisémitisme », libération, le 16 avril 2015