Le 29 Octobre 1965, Mehdi BEN BARKA est enlevé à Paris par des agents de la police française, et assassiné avec la connivence et le soutien logistique des services états-uniens et israéliens.
Ce jour devrait être célébré tous les ans à travers le monde comme la journée de la Mémoire et de la Vérité par celles et ceux qui ont connu et connaissent encore le joug du colonialisme, de l’impérialisme et du sionisme et qui sont résolus à lutter contre eux.
Au sein de l’Organisation de Solidarité des Peuples d’Asie, d’Afrique, créée à Accra au Ghana en 1957, (faisant suite à la Conférence de Bandung en 1955 initiée par Nasser, Nehru et Zhou En Laï), l’Amérique Latine ayant rejoint l’OSPAA en Mai 1964, Mehdi BEN BARKA a consacré les trois dernières années de sa vie à développer la solidarité des peuples des trois continents pour parachever leur indépendance, construire des Etats démocratiques et combattre le sous-développement par des actions concertées contre la dépendance du système impérialiste.
Président du Comité Préparatoire de la Conférence de la Tricontinentale, dont le principe a été adopté depuis décembre 1961, il s’est employé et a réussi à donner une perspective internationaliste en liant la solidarité avec les luttes de libération nationale et les mouvements d’émancipation des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine.
Au cours d’une conférence de presse tenue le 3 Octobre 1965 à La Havane pour préparer la Conférence de la Tricontinentale, Mehdi BEN BARKA déclare que les courants et forces populaires qui aspirent à la liberté et à l’égalité sociale seront représentés à cette Conférence le 3 Janvier 1966 à La Havane.
Pour les puissances coloniales et impérialistes, il faut de toute urgence couper court aux insurrections populaires et à l’établissement de gouvernements nationalistes et progressistes, et pourchasser les militants des causes de libération nationale et sociale.
C’est dans ce contexte qu’a eu lieu l’élimination de Mehdi BEN BARKA en France, pays où ont été perpétrés de nombreux autres assassinats politiques de représentants ou militants pro-palestiniens tels ceux de Mahmoud Hamchari, Mahmoud Saleh, Mohamed Boudia, Basil Koubaisi, et celui de la déléguée sud-africaine de l’ANC Dulcie September.
D’autres assassinats politiques ont eu lieu en Asie, en Afrique et en Amérique Latine, comme ceux de Mossadegh Premier ministre en 1951 en Iran, Patrice Lumumba en Janvier 1961 au Congo, Ernesto Guevara en Octobre 1967 en Bolivie, Amilcar Cabral en Janvier 1973 en Guinée, Salvador Allende en Septembre 1973 au Chili, Thomas Sankara en Octobre 1987 au Burkina Faso.
Ce système de domination colonialiste et impérialiste bafoue la souveraineté des pays et des peuples en imposant des sanctions et des punitions à ceux qui ne servent pas ses intérêts, comme le montre la célérité avec laquelle a été créé le tribunal international pour juger les responsables de l’assassinat de Rafik Harriri à Beyrouth, alors que d’autres crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, passés et présents, n’ont pas eu les mêmes velléités de justice.
De la colonisation des Amériques à la colonisation de la Palestine, le discours de justification reste le même : une terre sans peuple pour un peuple sans terre, peuples barbares et sauvages à civiliser auxquels on impose un modèle de penser, un modèle culturel et un modèle social, avec toujours les mêmes objectifs et pratiques de domination et d’humiliation des peuples, de spoliation et de pillage de leurs richesses naturelles et humaines, de destruction physique de populations et de destruction systématique des fondements de leurs identités.
L’instrumentalisation de l’ONU vise à établir ou à rétablir l’ordre du profit par de nouvelles expéditions militaires et une ingérence outrancière, comme en Afghanistan, en Irak, au Liban, en Palestine, en Somalie, au Rwanda, en Côte d’Ivoire, au Tchad, au Darfour, recourant à la torture, à l’embargo économique, aux destructions de masse par les forces armées et mercenaires, imposant des collaborateurs, déclenchant des guerres sectaires ou ethniques.
Par la militarisation de l’économie et par la maîtrise des technologies avancées telles que celles de la recherche-développement, du médicament, de l’espace, des médias et des communications, il dénie le droit aux peuples du Sud d’accéder à toutes les technologies y compris celles du nucléaire, tentant de garder son monopole des armes de destruction massive.
Pour préserver ses normes et standards de vie et son pouvoir, l’élite dirigeante utilise un discours médiatique chauvin, et totalement assumé, qui s’appuie sur le sentiment de peur, l’individualisme, la xénophobie et le racisme, ravivant la mentalité colonialiste toujours vivace dans la société mais à présent glorifiée. Elle édifie des murs et met place des législations limitant les libertés et criminalisant les pauvres et la jeunesse.
La commémoration de la disparition de Mehdi BEN BARKA doit unir tous les militants anti-colonialistes et anti-impérialistes car sa pensée et son action sont encore aujourd’hui d’une brûlante actualité.
Rompre le silence dans l’affaire de Mehdi BEN BARKA participe au combat pour la mémoire, la vérité et la justice, et à faire échec à la banalisation de l’assassinat politique et à l’impunité.
C’est faire vivre sa pensée et son action par la création d’un mouvement de soutien à la résistance des peuples en lutte pour leur indépendance et leur souveraineté, le respect de leur choix de développement et les moyens de défendre leurs intérêts fondamentaux, leur liberté et leur dignité, pour la démocratie, les droits humains, la justice sociale, la construction d’une société nouvelle.
Premiers signataires : AMF, APF, ASDHOM, ATF-Paris-IdF, CMF, Conseil Sans Frontières (Haïti), Convergence des Causes, Fédération des Congolais de la Diaspora, Groupe Frantz Fanon Bagnolet, Mouvement des Indigènes de la République, Nahj Démocrati (Maroc), Parti Démocrate Progressiste (Tunisie), Rencontre Culturelle Euro-Arabe, Survie-Paris-IdF, UTIT
Intervenants : Bachir Ben Barka, Henri Alleg, Nahla Chahal, René Gallissot, Fayçal Jelloul, Mariama Keïta, Sadri Khiari, Salim Lamrani, Benjamin Moutsila, Clody Myrthil, Greg Oxley, Xavier Renou, Khalid Soufiani, Mohamed Taleb