Par contre un débat est prévu sur les mouvements d’indignés à travers le monde pour lequel est invité un député israélien. Comme si Israël n’était qu’un Etat banalement capitaliste, comparable à l’Espagne ou la Grèce. Une façon d’escamoter sa nature coloniale, la question sociale faisant diversion. De quel droit, au nom de quel principe obscur le PCF s’emploie il ainsi à briser le boycott politique international de l’Etat d’Israël en invitant un membre de la Knesset ?
Alors que d’une manière générale, les populations, d’Iran en Turquie, du Maroc en Égypte, et jusque dans le monde occidental, remettent en cause l’entité sioniste, à quoi correspond l’obsession du PCF à vouloir absolument nous vendre Israël comme un État normal, légitime. Comme s’il n’était colonial que depuis 1967 et raciste qu’à demi.
Au point de n’avoir qu’un souhait : que les Palestiniens, les Arabes les musulmans se hâtent de conclure la paix avec lui au mépris de leurs droits et de la justice.
Nous le savons en 1947-1948 le parti communiste fut un chaud partisan, enthousiaste et actif de la création de cet État. Est ce la raison pour laquelle 60 ans après, il a tant de difficulté à reconnaître le droit au retour des réfugiés palestiniens ?
Et si la résistance palestinienne, aujourd’hui, se fondant sur ses droits historiques et juridiques revendiquait toute la Palestine de la mer au Jourdain, quelle serait l’attitude du parti communiste à l’égard de cette lutte ?
Mais encore, pourquoi cette incapacité pathologique à soutenir les organisations de résistance armées libanaise et palestinienne, Hezbollah, Hamas, pourtant légitimes et populaires ? Pourquoi le PCF, n’ayant soutenu, hier, l’indépendance de l’Algérie que du bout des lèvres, est il 50 ans après toujours aussi frileux, si mégoteur, sur les questions néo coloniales, comme la Françafrique, ou coloniales comme les Antilles, la Kanakie, Mayotte, cherchant sans cesse à ramener leur lutte d’indépendance à des luttes sociales ou syndicales non résolues ?
Il ne s’agit là ni d’erreurs, ni de bourdes, ni de décisions hâtives ou fortuites. Force est de constater qu’une question raciale traverse le parti communiste français comme tous les autres partis nationaux. Elles correspondent à une structure mentale inscrite dans la longue durée.
De l’attitude par rapport au parti indépendantiste algérien l’Etoile Nord-africaine dans les années 20 jusqu’aux prises de position aujourd’hui, concernant la solidarité avec la Palestine ou les questions de l’islam, l’inclination européocentriste du PCF, la blanchitude diraient certains, n’a jamais été démentie. Ainsi, au moment décisif, que ce soit à l’occasion d’un attentat touchant un pays membre de la sphère impérialiste, les Etats-Unis, Israël, le PCF relativisant les principes dont il se prévaut, sait toujours vers qui diriger sa compassion, sa sympathie et à qui la mégoter. A l’instar d’un Georges Marchais qui en 1982, ne trouva rien de mieux que de qualifier une héroïque opération de la résistance libanaise contre un centre militaire israélien, « d’attentat, lâche, odieux et imbécile ».
Bien entendu en cette édition 2011 de la fête de l’Humanité nous ne nous attendons nullement à entendre le PCF lancer un vibrant « nous sommes solidaires du peuple afghan » et appeler à une minute de silence pour les 20 000 morts civils consécutifs à l’agression occidentale de 2004.
Même si cela ne concerne évidemment pas seulement le parti communiste, nous attendons de lui qu’il effectue un aggiornamento sincère, total, profond de son approche historique des questions coloniales et raciales. Sans un retour critique analysant les errements dans lesquels il se fourvoie depuis toujours sur ces questions, singulièrement sur celles de la Palestine, les positions du PCF, telles un boulet, l’entraineront vers l’oubli.
Youssef Boussoumah