Pour autant la détermination et le courage de l’auteur de l’ouvrage « La question » où il dénonçait l’usage industriel de la torture par la république française pendant la guerre d’Algérie et dont il était lui-même un rescapé, ne le cédaient en rien à la facilité. Il n’était pas de ces esprits étroits incapables de comprendre le mouvement du monde dés lors qu’il ne correspond pas à leurs catégories politiques traditionnelles. Dans les années 90, au cours d’un débat sur la guerre civile qui alors faisait rage en Algérie, suite à l’intervention d’un spectateur qui avait qualifié les militants islamistes algériens « d’alliés de l’impérialisme » et alors que le public constitué en grande partie de communistes dogmatiques, attendait de lui qu’il prenne fermement position dans cette guerre, Henri Alleg n’avait il pas eu cette répartie déconcertante à leurs oreilles, « Vous savez, si vous cherchez les alliés de l’impérialisme, vous les trouverez plutôt du côté de ceux qui exportent chaque mois, les revenus du pétrole algérien vers leurs comptes bancaires en Suisse». A un moment où de ce côté-ci de la Méditerranée, beaucoup, à l’instar des « éradicateurs » algériens se contentaient de fustiger la barbarie islamiste tout en délivrant un chèque en blanc au coup d’Etat, lui, le communiste, sans pour autant soutenir le FIS, comprenait combien la partie qui se jouait alors en Algérie était beaucoup plus complexe et exigerait d’abord une solution politique démocratique.
Il est mort le camarade d’un Maurice Audin torturé à mort par les paras de Massu et dont on ne retrouvera jamais le corps, d’un Henri Maillot qui s’abattit en s’écriant « vive l’Algérie indépendante ! », d’un Fernand Iveton, militant de la CGT solidaire du FLN et qu’un ministre de la justice nommé F. Mitterrand livra à la guillotine, d’un Maurice Laban ancien des brigades internationales qui tombera les armes à la main dans un djebel algérien et de bien d’autres encore, tous communistes et tous assassinés par l’armée française en effectuant leur devoir patriotique algérien et internationaliste, tous tombés martyrs de la lutte anti coloniale. Henri Alleg est digne de ces hommes d’exception, il est parti les rejoindre au paradis des martyrs de la révolution. Nous sommes fiers et éternellement reconnaissants de son, de leur sacrifice.
Par un curieux hasard du calendrier, c’est en ce jour anniversaire d’Henri Alleg, né un vingt juillet que nous adressons à sa famille nos condoléances attristées mais aussi l’expression de notre immense admiration pour l’œuvre accomplie par celui dont elle et le mouvement de libération international des peuples peuvent s’enorgueillir à tout jamais.
Bon anniversaire Henri, honneur à toi !
Youssef Boussoumah, membre du PIR