Selon une dépêche de l’AFP, Nicolas Sarkozy « se réjouit très vivement de l’annonce d’un accord qui doit conduire à la libération de Gilad Shalit », et a félicité Benyamin Netanyahou pour ce « succès majeur ». On est sûr que BHL fera de même.
En échange, si l’on peut dire, 1 027 Palestiniens, dont 27 femmes, seront libérés. Qui sont-ils ? Comment réagit leur famille ? Vous n’en saurez rien, ou pas grand-chose, en lisant la presse occidentale. C’est un magma sans visage, un sous-groupe des 6 000 Palestiniens toujours en détention dans les prisons israéliennes, dont 280 mineurs (34 ayant moins de 15 ans) – voir comment Israël déclare coupables tous les enfants qu’il arrête -, et 22 membres du Parlement. Certains sont des prisonniers « administratifs », c’est-à-dire détenus sans jugement ; d’autres sont passés par le système judiciaire israélien, dont tous les rapports internationaux confirment qu’il est tout sauf juste, que les détenus sont souvent maltraités, que les preuves de leur culpabilité sont faibles, voire inexistantes. Des dizaines d’entre eux sont à l’heure actuelle en grève de la faim. Et eux, ils n’ont pas de famille ? pas de proches ? Non : ils ne sont qu’un chiffre. Ce sont des Arabes, des colonisés sans visage.
Nicolas Sarkozy fera-t-il autant d’efforts pour obtenir la libération du franco-palestinien Salah Hamouri ? Ou de Marwan Barghouti, dont le seul crime est d’être un nationaliste palestinien ?
Alain Gresh
Source : Blog diplo