En 1931, le zoo humain de l’exposition coloniale stigmatisait déjà le corps noir au profit de la mission civilisatrice.
En 2014, Brett Bailey rejoue l’exhibition coloniale sous couvert de « dénoncer le racisme ».
Cette dénonciation ne montre rien des mécanismes qui fondent l’oppression négrophobe et se pare des lettres de noblesse de l’Art contemporain.
Face à ce cynisme et à cette énième humiliation, des centaines de Noirs se sont levés. Ce qu’on nous reproche aujourd’hui, c’est bien de briser le dispositif orchestré par Brett Bailey et ses soutiens : nous ne sommes pas muets, nous dénonçons ; nous ne sommes pas que victimes, nous luttons.
D’autres (organisations prétendument antiracistes, médias dominants, institutions et personnalités publiques) préfèrent applaudir ce déballage voyeuriste. Là est la fracture : deux antiracismes s’affrontent.
D’un côté, l’antiracisme consensuel promet de résoudre la « fracture coloniale » avec des images choquantes, des grands symboles et de beaux principes.
De l’autre côté, l’antiracisme en lutte aujourd’hui – le nôtre – ne se satisfait pas d’« éduquer contre le racisme » : nous combattons. La violence raciste marque notre quotidien : ce sont les discriminations systématisées, les violences policières, l’occultation de nos cultures et de nos histoires.
Nous avons raison de nous révolter. Le dispositif proposé par Bailey a été sourd à toute contradiction : notre parole se fera donc entendre par la rue.
À cette légitimité, les pouvoirs publics opposent une répression féroce. La semaine dernière, devant le Théâtre Gérard Philippe à Saint-Denis, plusieurs centaines de protestataires ont eu à faire face à un dispositif policier disproportionné, à des gazages répétés et à des interpellations.
À cette répression s’ajoute une campagne calomnieuse qui vise à décrédibiliser nos revendications et nos porte-paroles. Cette opération idéologique tend à nous présenter comme des forces réactionnaires, des « censeurs ». Mais les « censeurs » viennent toujours au renfort de l’ordre moral et du consensus. Pour notre part, nous nous attaquons à cet ordre raciste.
Notre lutte a une portée générale. Au-delà d’Exhibit B, nos mobilisations sont l’expression des luttes noires d’aujourd’hui, de Ferguson à Paris : nous ne sommes plus en cage, nous sommes debout !
Le collectif contre Exhibit B
Dimanche 7 décembre 2014 à 14h
Rassemblement contre l’exposition « Exhibit B »
Devant le musée 104, 7 rue Curial à Paris 19éme
(métro 7 Riquet ou métro 2 Stalingrad ).
N’hésitez pas à faire circuler cette information le plus largement possible.