– Critiquer son discours et mettre en évidence son européocentrisme et sa phobie maladive de l’islam? elle va prendre ses airs finkielkrautiens et crier au racisme anti-blanc.
– La traiter de raciste ? elle va nous sortir sa prose victimaire.
– L’ignorer ? Bof…
Finalement, je me suis dit, quoi de pire pour elle que de la traiter de (sale) arabe ?
Vous allez me dire que je débloque. Son nom, c’est Badinter pas Ben Couscous !
Pas tant que ça.
Observez-la bien.
Qu’est-ce qui se passe, pendant qu’avec ses fadélas et autres dounias, elle mène sa croisade contre la burqa ? Pendant qu’avec la complicité des médias elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour endiguer l’islam, comme jadis Truman, endigua le communisme ? Pendant qu’elle sermonne les musulmans, les sommant, du haut de son magister de la défense de l’identité nationale, d’aimer la France ou de la quitter ?
Hein, qu’est-ce qui se passe ?
Otez vos lunettes républicanistes. Regardez attentivement. Non, non, vous ne rêvez pas, elle s’afro-islamise !
Certes, personne ne l’a entendue réciter la chahada ou, à l’appel de la prière du vendredi, franchir le pas d’une quelconque mosquée. Elle n’a pas non plus pris le contre-pied de Michael Jackson et décidé de noircir sa peau.
Certes, certes…
Mais voyez comment la seule présence des indigènes sur le sol français, en 1 demi-siècle d’immigration maghrébine et sub-saharienne, transfigure toutes les Elisabeths qui peuplent ce pays ?
Tiens, rien que pendant ce mois de Ramadan :
Le PSG et l’OM qui s’inquiètent de la baisse de tonus des joueurs musulmans qui comptent bien respecter le jeûne.
Les enseignes Carrefour et Casino qui considèrent le mois du ramadan comme un enjeu commercial majeur.
Les écoles, les collèges, les lycées fréquentés par des musulmans souvent obligés de s’adapter au rythme des jeûneurs.
Sans parler des lois spécifiques votées pour freiner notre ancrage, des ministères rien que pour nous.
Peu à peu Elisabeth se métamorphose de l’intérieur.
Bien sûr elle résiste. Son système immunitaire fonctionne à plein, parfois il s’emballe.
Ses armes ? Des mots. Des mots qui nous font la guerre. Des mots qui nous étiquettent, nous fichent, nous figent. Des mots pour nous étouffer, empêcher notre respiration : diversité, intégration, minorités visibles, black, beurs, islam modéré, territoires perdus de la république… Et pourtant, nous respirons et notre souffle, est ARABE, AFRICAIN, MUSULMAN. Il est BANLIEUSARD.
Comme on le lui a appris à l’école, Elisabeth est convaincue que la France est un creuset de l’intégration et, que celle-ci sachant intégrer, nous intègre aussi sûrement que M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir.
Elle a raison la bougresse. Le boa nous a ingurgités.
Ceux qui, au moins une fois dans leur vie, ont eu honte de leurs parents, de leur accent, de leurs manières me comprendront.
Ceux qui n’aiment pas le manioc me comprendront.
Ceux qui font la promotion du champagne halal me comprendront.
Mais, heureusement, l’inverse est vrai également. Aussi douloureux que cela puisse être ressenti par les écorchés du drapeau et les thuriféraires d’une France éternelle et gauloise : NOUS TRANSFORMONS LA FRANCE. En d’autres termes, elle aussi, S’INTEGRE à nous. Certes en y mettant le temps, mais nul besoin d’une conspiration fomentée par les masses arabo-négro-berbères, ni d’un quelconque complot ourdi par des cellules dormantes de barbus-le-couteau-entre-les-dents. La France ne sera plus jamais comme dans les films de Fernandel. Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif (1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, la fille aînée de l’église, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité.
Cependant, il y a un cap que nous n’osons pas franchir : celui d’assumer cette situation comme un fait irrémédiable et d’avoir l’audace de revendiquer le droit de participer activement à l’avenir de ce pays et à la construction de son identité. Pire encore, nous n’osons pas aller à l’assaut du Pouvoir. Du moins prendre la part du pouvoir qui nous est due et rendre hommage à ceux qui nous ont appris que « exister, c’est exister politiquement ** ».
Pourtant ainsi, et ça n’est pas une mince affaire, nous obligerions Elisabeth à assumer sa part de nous-même. Une gageure.
Alors, chers sœurs et frères indigènes, tous ensemble, je compte jusqu’à 3…1, 2, 3
« Elisabeth, VA T’FAIRE INTEGRER !!! »
Houria Bouteldja
* Remplacez Elisabeth par Caroline, vous verrez, ça marche très bien.
** Abdelmalek Sayyad