Les organisations politiques connaissent plusieurs vies, rythmées par de grands tournants et tout autant marquées par des départs et des arrivées de militants. Et leur histoire est constituée d’un ensemble de jalons tant politiques que symboliques. Le Mouvement devenu Parti des Indigènes de la République n’échappe pas à cette loi. Fondé en 2005, condamné à mort sitôt né, le PIR a déjà connu plusieurs fois de tels moments. A commencer par le départ de l’un de nos fondateurs historiques et le théoricien du projet politique du PIR, Sadri Khiari, qui a choisi de retourner en Tunisie à l’heure de la Révolution et d’où il a continué à suivre avec bienveillance et humour les évolutions, déboires et victoires de notre organisation.
Aujourd’hui, c’est le tour de notre bien aimée soeur Houria Bouteldja. Elle, qui a été notre visage durant plus de 15 ans, a décidé de poursuivre notre lutte commune en dehors du PIR, avec d’autres militants et au sein des espaces que nous avons contribué à construire ensemble. Nous souhaitons ici lui témoigner notre respect pour le courage dont elle a fait preuve lors des grandes batailles que nous avons menées de concert. Par ailleurs, en tant que porte-parole, Houria a dû endurer personnellement, et comme peu d’autres militants, les attaques des forces racistes, les calomnies médiatiques et les coups de poignards politiques. Elle aura également pris, à de nombreuses reprises et en concertation avec l’organisation, des positions courageuses et des analyses iconoclastes qui ont participé au renforcement de la résistance indigène face au rouleau compresseur idéologique et médiatique de la suprématie blanche.
Nous regrettons ce départ aussi parce qu’il intervient au moment même où la lutte contre les violences policières racistes connaît de grandes avancées, que la lutte des sans papiers gagne en force et en audience et que l’organisation d’une contre-offensive musulmane se dessine face à une islamophobie d’Etat décomplexée. Oui, le moment est celui de l’affirmation et du renforcement, pas seulement en France, des expressions autonomes du pouvoir noir et du pouvoir musulman. Alors que ce qui est nommé l’« indigénisme » est devenu un spectre dépassant largement le cadre de notre organisation, un nouveau cycle s’ouvre pour le PIR, et avec lui de nouvelles perspectives, épousant les nouvelles dynamiques sociales de l’immigration en France. C’est avec le sens de cette responsabilité historique que nous poursuivrons la lutte de notre organisation sous de nouvelles modalités afin de contribuer à faire advenir une force politique indigène indépendante et changer les rapports de force politiques raciaux au sein de la société. Mais cette responsabilité implique aussi de penser profondément les contradictions nécessaires entre les différentes puissances qui constituent précisément l’indigénat : Noirs, Arabes, Rroms, Musulmans, et toutes les autres composantes de l’immigration post-coloniale. Cette responsabilité constitue notre boussole politique et nous indique les défis qui nous attendent.
Le PIR a été et reste un horizon, celui de la possibilité d’un projet décolonial commun à toutes les forces s’opposant à la suprématie blanche. Il est toujours à construire et reste à ce titre toujours « À venir ».
PIR
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