A l’unisson les responsables politiques veulent augmenter le système répressif et veulent repeindre en bleu CRS la totalité de nos quartiers. Soit, mais examinons la part de démagogie et l’économie de réflexion profonde sur le sujet qu’il y’a dans ce genre de réclamations.
L’état peut il assurer la sécurité de tous les habitants des quartiers populaires ? La réponse est non !
L’état a-t-il la volonté de mettre fin aux trafics en tous genres qui alimentent l’économie parallèle ? La réponse est encore non ! A la première question la réponse est non, parce qu’elle n’est ni souhaitée, ni souhaitable. Un policier derrière chaque habitant cela relève du phantasme frontiste ou du cauchemar sécuritaire le plus abouti. De plus cela n’équivaudrait dans l’esprit des gens qu’à les stigmatiser et à les isoler un peu plus au lieu de desserrer l’étau sociétal que 30 années de politique de la ville inadaptées à mis en place ! A la deuxième question la réponse est encore non, car derrière les postures et les bravades ce système convient parfaitement à l’élite politique et à une grande partie de la société française :
Lorsque les ténors surenchérissent sur le besoin d’effectifs supplémentaires et remettent en cause (sans en avoir l’air) la probité et l’honnêteté des habitants des quartiers populaires en leur demandant « plus de collaboration » avec les forces de l’ordre. Ces derniers se dédouanent à bon compte de leurs propres responsabilités, en insinuant que les habitants des quartiers populaires ont fait le choix volontaire de se soumettre à un ordre qui n’est pas celui du reste des territoires soumis à la législation française. Ils omettent, à dessein, que l’économie parallèle qu’ils/elles fustigent, est une soupape économique colossale, qui permet de se décharger aisément de la prise en charge de milliers de familles pauvres dans nos quartiers et plus cyniquement encore de confiner le malaise des quartiers à l’intérieur des quartiers ! Pour suivre notre raisonnement il faut un minimum de capacité d’empathie, et arrêter de prendre le problème par le mauvais bout de la lorgnette. L’état et les collectivités territoriales se sont désengagés progressivement de ces quartiers, laissant les habitants dans un sentiment d’abandon et de défiance à l’égard des institutions très avancé. Ce ressentiment est le résultat d’une somme de frustrations individuelles et collectives. Les programmes de réhabilitation qui ne s’occupent que du bâti, les plans banlieues qui ne servent qu’a promouvoir leur concepteur, le taux de chômage cataclysmique et la précarité comme mode de vie, la désertification sanitaire, culturelle et l’offre éducative qui prépare nos enfants à accepter leurs destins. Les fables sur l’égalitarisme et sur l’exemplarité républicaine…toutes ces choses de la vie qui vous font accepter votre statut social de sous citoyen, « d’assisté », de nuisible, cette dévalorisation permanente de nos voisins, de nos familles, de nos anciens et de nos jeunes qui nous maintiennent dans le déclassement social en nous faisant miroiter les chimères méritocrates ou la fortune « au tirage ou au grattage » !
Mme Le Pen s’est exprimée sur le sujet en réclamant la peine de mort pour les trafiquants de drogues ! Et à quand l’autorisation de la gégène lors des interrogatoires ? Cette prise de position assumée n’est pas anecdotique ou caricaturale, elle n’est que la traduction brutale, radicale de la pensée de l’ensemble du corps politique ! Elle réclame des sentences exemplaires (inconstitutionnelle, par ailleurs) parce qu’elle sait pertinemment que ses enfants et que les enfants des classes sociales favorisées ne seront jamais concernés par ces jugements. Ce sont effectivement et systématiquement, les fils de pauvres qui continuerons à braver le système et à verser dans l’illicite pour essayer de s’extraire socialement du marasme (nous n’excusons pas, mais nous comprenons) ! Pendant ce temps ils continueront de fournir de « l’évasion et du fun à fumer » aux bourgeois qui vient se fournir au Clos ou ailleurs, aux étudiants en pleine crise de rébellion, aux quadras et aux quinquas amateur de sensation fortes…
Ceux là ne seront jamais inquiétés, même si c’est eux qui rendent ce système si lucratif. Pour parler de ces sujets il faut appréhender l’ensemble des rouages du mécanisme mortifère de l’économie parallèle et arrêter de tirer des conclusions simplistes, même si la politique de comptoir est actuellement érigée en système de réflexion et de décision politique ! Pour cela nous réclamons une réflexion nationale d’envergure sur l’ensemble des problématiques sociales des quartiers populaires. Nous exigeons le recadrage du débat dans le sens de la construction de solutions collectives viables et durables pour les habitants de nos quartiers ! Nous réclamons un moratoire sur le logement et l’emploi dans nos quartiers ! Nous demandons un débat sur la formation de nos jeunes, la prise en charge de nos vieux et la réhabilitation sociale du cadre de vie des habitants des quartiers populaires ! Nous souhaitons que l’on entame une réflexion approfondie pour la réintroduction et la démocratisation de la culture dans nos quartiers. A l’heure des coupes budgétaires nous exhortons l’ensemble des partenaires institutionnels à faire un maximum d’effort dans le domaine de l’éducation et de l’accompagnement scolaire ! Nous demandons avec force un débat national sur la dépénalisation du Cannabis et un effort conséquent autour de la prise en charge de la toxicomanie !
Nous demandons tout cela et plus encore, parce que nous sommes accablés par ce qui vient de se passer le 19 Novembre à la Rose. Il est inacceptable que sous nos fenêtres nos enfants s’entretuent à l’arme lourde et que rien ne soit fait réellement pour que tout cela s’arrête ! Nous avons une pensée émue pour les victimes et leurs familles, du fond du cœur nous souhaitons leur exprimer notre sollicitude et notre compassion. Nous avons une pensée fraternelle et solidaire à l’endroit de nos voisins, des familles du Clos, qui ne dorment plus de la même manière depuis qu’elles ont entendues le bruit sourd et inexorablement mortel des rafales de AK47 au bas de leurs immeubles ! Nous l’avons aussi entendu et nous n’en revenons toujours pas ! Nous avons encore à l’esprit ce silence ahurissant qui a suivi cet acte innommable, un silence irréel, comme une faille dans l’espace et dans le temps. Un silence d’où doit émerger un cri de fureur et de dignité, des profondeurs de notre société, bien plus bas que la France d’en bas nous réclamons de l’aide, nous réclamons nos droits !