Mme Fourest nous informe dans son éclairante chronique que le CCIF « considère comme islamophobe voire comme quasi-fasciste toute personne simplement féministe ou laïque ».
Plus qu’un procès d’intention, une telle déclaration relève de la diffamation. L’engagement du CCIF est clair : il s’évertue non pas à étouffer toute critique de l’islam, ou à réclamer un traitement de faveur pour les adeptes d’une religion mais à repousser la diabolisation des musulmans, à faire rétablir dans leurs droits les victimes d’une nouvelle forme de « racisme », parent pauvre de la lutte anti -raciste.
Il s’efforce par exemple de faire réintégrer des stagiaires exclues pour port du voile dans leur formation professionnelle, de permettre aux mères d’élèves voilées d’encadrer les sorties scolaires à l’instar des autres parents, de lutter contre l’éviction de femmes pourtant qualifiées et compétentes de procédures de recrutement, de faire condamner judiciairement les agressions verbales et physiques contre des femmes visées pour leur appartenance religieuse. ..
En cela, le CCIF participe à la protection, l’émancipation sociale et économique des femmes, qui sont la cible de 70% des actes islamophobes.
Précisons-le, il œuvre également à ne pas laisser impunis ceux qui usent d’une rhétorique ou d’une plume injurieuse, haineuse et violente envers un groupe de personnes dont le seul tort est de partager une foi diabolisée.
Si le CCIF rejette une certaine lecture rigoriste et opportuniste de la laïcité, qui sert de paravent et d’alibi à une certaine islamophobie, il est tout à fait respectueux du principe de laïcité entendu dans son acception traditionnelle, et non restrictive et dévoyée. Rappelons-le, la laïcité garantit aussi la liberté religieuse de chacun.
Plus grave, le CCIF serait « plus islamiste qu’anti-raciste ». Nous sommes bien reconnaissants à Mme Fourest de nous informer de ce que nous sommes (ou ne sommes pas), au-delà même de notre propre conscience.
Lucides face à notre ignorance en matière de sémantique, nous nous sommes procurés une définition du terme « islamisme » pour savoir si c’était, en langue française, un terme flatteur ou péjoratif. La définition la plus répandue est la suivante :
« idéologie manipulant l’islam en vue d’un projet politique : transformer le système politique et social d’un Etat en faisant de la charia, dont l’interprétation univoque est imposée à l’ensemble de la société, l’unique source du droit ».
En quoi les actions et déclarations du CCIF en faveur des victimes d’actes sanctionnés par la loi française peuvent être, de quelque manière que ce soit, associées à de l’islamisme ou à tout autre qualificatif du même ordre figurant au lexique de la disqualification médiatique ?
Ce à quoi nous invitons, de toutes nos forces et avec constance, c’est au strict respect de la loi de notre pays. Rien de plus, rien de moins. L’islamophobie n’est pas une opinion. C’est un délit. Et c’est entre autres le fait d’insulter, de discriminer ou de porter atteinte à l’honneur, à la considération, à l’intégrité physique d’un ou d’une citoyen(e), ou d’un groupe de personnes en raison de sa seule appartenance religieuse. C’est aussi le fait de susciter la peur, l’hostilité, le rejet et la haine envers les musulmans en y appelant sciemment et explicitement ou insidieusement.
Il ne suffit pas de nier l’islamophobie pour que le phénomène n’existe plus, tout comme il ne suffit pas de traiter d’islamiste toute personne qui ne partage pas les idées de Mme Fourest pour la faire taire. Ces vérités simples méritent d’être rappelées afin qu’à l’avenir on cesse de confondre journalisme et discours partisan.
Pour écouter la chronique de Caroline Fourest
CCIF
SOURCE : CCIF