Mali

Appel urgent du parti Egalité contre la guerre au Mali

Après être entrée en guerre contre l’Afghanistan et la Libye, c’est maintenant au Mali que la Belgique déclare la guerre !

En effet, ce mardi 15 Janvier 2013, les principaux ministres du gouvernement se sont réunis en Comité ministériel restreint à propos de la situation au Mali. L’armée belge interviendra bien en appui de l’armée française dans l’agression du Mali appelé opération SERVAL, du nom de ce félin qui peut uriner jusqu’à 30 fois par heure pour marquer son territoire, car Il s’agit bien d’une guerre de (re)colonisation des territoires.

« Le Mali qui a été une colonie française de 1892 à 1960 et se trouve au centre géographique de l’Afrique occidentale, est une région riche en ressources, qui était jadis au cœur de l’empire colonial français.

Depuis 1968, le groupe nucléaire français Areva a déjà extrait au Niger voisin 100.000 tonnes d’uranium et projette d’y ouvrir en 2014 la deuxième plus grande mine d’uranium du monde. Le gouvernement Hollande se sert de la guerre pour établir des liens étroits avec le régime algérien qui dispose d’immenses réserves de gaz naturel. Les forces françaises sont également déployées au Sénégal, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Tous ces pays sont d’anciennes colonies françaises.

La France collabore avec les Etats-Unis. La Grande-Bretagne et d’autres alliés de l’OTAN pour planifier une intervention plus vaste au Mali, et pour laquelle divers régimes fantoches d’Afrique occidentale fourniront les troupes au sol. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a confirmé que le Sénégal et le Nigeria ont déjà envoyé de l’« aide » au Mali.»

Au sein du gouvernement, personne ne contredit l’opportunité d’une participation belge, comme si l’unité de la Belgique était revivifiée par le sang malien. Pour la vice-première cdH, Joëlle Milquet, l’opération serait “légitime”, et “le Mali c’est pas loin”. Pour les vice-premiers ministres Open Vld et sp.a, Alexander De Croo et Johan Vande Lanotte, il faut “écouter ce que le ministre de la Défense a à dire”.

En décidant de bombarder puis d’occuper l’Afghanistan, ensuite la Libye, et maintenant le Mali, nos gouvernements (même lorsqu’ils sont démissionnaires !) ont démontré que leurs priorités sont loin d’être les nôtres.

Christine Delphy nous avertit déjà dans un article du Monde Diplomatique de Mars 2002 « La façon irresponsable dont est traité l’alibi de la « libération des femmes afghanes » illustre l’arrogance de l’Occident qui s’arroge le droit de disposer à sa guise de la vie des autres. Cela imprègne toute son attitude vis-à-vis des Afghanes, et plus généralement, l’attitude des dominants à l’égard des dominés. »

Pour Aminata Traoré, femme politique et écrivain malienne, une intervention militaire n’a aucune légitimité. Dans une tribune intitulée « Femmes du Mali: Disons “NON !” à la guerre par procuration » elle s’y oppose vigoureusement : « La demande de déploiement de troupes africaines au nord du Mali, transmise par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union Africaine (UA) aux Nations Unies, repose sur un diagnostic délibérément biaisé et illégitime », jugeait-elle alors. « La guerre est une violence extrême contre les populations civiles, dont les femmes », met encore en garde Aminata Traoré dans ce texte qui a été signée par plusieurs personnalités maliennes.

Mais leur appel pour trouver une sortie de crise par la voix du dialogue n’a pas été entendu et l’intervention étrangère vient d’être précipitée.

Nous rejetons par principe toute intervention étrangère de quelque nature que ce soit. En particulier de la Belgique premier exportateur européen d’ “armes à feu militaires au sens strict“,en 2011 avec des licences accordées pour un montant de 273,345 millions, d’après une note d’analyse réalisée pour le GRIP par Jihan Seniora et intitulée “Bilan des exportations européennes d’armements en 2011“.

Déjà, dix personnes dont trois enfants sont décédées pendant les combats, rapporte Human Rights Watch, samedi 12 janvier.

ÉGALITÉ réaffirme son opposition à la participation de la Belgique à l’agression du Mali, que ce soit à travers l’engagement direct de forces ou de moyens militaires, ou par l’engagement indirect ou le soutien logistique à de quelconques opérations militaires liées à l’agression.

Dans un remarquable article daté du lundi 14 janvier 2013, « Mali, Afghanistan, les leçons oubliées », Alain Gresh pose les bonnes questions : « Peut-on s’étonner que de nombreux musulmans voient dans ces interventions une croisade contre l’islam ? Toutes, depuis 2001, ont eu lieu dans des pays musulmans- Afghanistan, Irak, Somalie, Liban, Mali, sans oublier les guerres menées à Gaza. Et au moment où l’islamophobie fait des ravages dans les sociétés occidentales.

Combien de fois nous a-t-on expliqué qu’il n’y avait pas le choix, que « nous » défendions en Afghanistan la sécurité de l’Occident : si « nous » étions battus là-bas, les combats se déplaceraient demain dans nos banlieues. Et pourtant « nous » allons partir d’Afghanistan comme si de rien n’était, sans avoir stabilisé la situation, sans même parler de démocratie. Et personne ne prétend que les conséquences en Europe seront catastrophiques. On peut remarquer, au contraire, que chacune de ces expéditions coloniales aboutit à plus d’insécurité, plus de contrôles, plus de surveillance et, par là même, à une atteinte aux libertés fondamentales. »

En Belgique, comme dans le reste du monde, la guerre contre le terrorisme a été le point de départ d’une offensive sans précédent contre les libertés individuelles. Le renforcement immédiat des mesures de sécurité en France, avec le plan Vigipirate, montre que la guerre s’accompagne toujours d’une limitation des droits démocratiques et de la liberté dans les pays en guerre eux-mêmes. Tandis que les détenus de Guantanamo ou d’ailleurs ne jouissent d’aucun droit, les citoyens des pays occidentaux dont les immigrés et les musulmans sont les premières cibles, sont victimes de mesures liberticides et économiques sans précédent.

Soyons d’autre part aussi vampires qu’eux et regardons l’aspect financier de ces guerres. Le coût de la guerre en Libye pour la Belgique pèse près de 20 millions d’euros, pour la guerre en Afghanistan, «Les 626 soldats belges et les 6 avions de combat F-16 font peser sur le contribuable belge le coût de près de 110 millions d’euros rien que pour l’année 2010 ».

Et si cet argent avait été investi à créer des infrastructures, des écoles, du bien-être aussi bien dans ce monde affamé que chez nous, où les gens sont obligés de prendre le chemin de l’immigration pour survivre ?

Mais la guerre n’est-elle pas aussi utilisée justement pour redorer l’image du pouvoir et faire oublier les plans d’austérité ?

Nous en appelons à :

• L’arrêt des bombardements et le retour immédiat des deux avions de transport C-130 “Hercules” et des deux hélicoptères Agusta A109 médicalisés mis à disposition de l’armée française au Mali.

• L’arrêt des bombardements et le retour immédiat des militaires belges d’Afghanistan, de Libye, du Mali.

• L’OTAN hors de Belgique, la Belgique hors de l’OTAN ! Si le gouvernement est capable de déclarer la guerre, alors il est capable de sortir le pays de l’OTAN.

Nordine Saïdi

Porte parole d’ÉGALITÉ

www.egalite.be

Source : Egalité

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