Pour un front anticolonial des peuples colonisés de l’intérieur et de l’extérieur

Intervention prononcée par Ahlem, militante du PIR lors de l’Assemblée de rue d’Urgence Palestine du 28 juin 2024, place de la République à Paris.

Une fois encore, une fois de trop, la menace d’une prise de pouvoir de l’extrême droite plane sur notre destin, ici en France.

Une fois encore, nous sommes appelés à nous rassembler pour résister, et nous répondons à cet appel.

Une fois encore, nous nous rassemblons à l’appel d’Urgence Palestine, qui joue ici son rôle historique dans la construction du front anticolonial et antiraciste qu’il nous faut aujourd’hui construire, au-delà des frontières coloniales de l’Etat français.

Pourquoi au-delà des frontières ? Parce que la lutte contre l’extrême droite et la réaction coloniale qui la soutient passe par le rassemblement et tous ceux qui constituent son ennemi principal : le Sud Global.

Pourquoi au-delà des frontières ? Parce que les rêves de purification nationale et les terreurs identitaires de l’extrême droite française sont partagés par tous les Etats du bloc colonial occidental.

Les Trump, Les Netanyahou, Les Le Pen ne sont que les visages grimaçants et déformés d’un vieux monde qui s’agrippe à ses privilèges, des privilèges hérités de siècles de domination coloniale. Des privilèges remis en cause, chaque jour un peu plus, par le reste du monde lancé à l’assaut de la forteresse occidentale.

Cette extrême droite, sa médiocrité, son inculture, sa négrophobie, son islamophobie, son antitsiganisme et ses fantasmes sécuritaires ont été normalisés par des décennies de politiques d’exclusion et de répression envers les populations issues de l’immigration, envers les musulmans, les noirs, les arabes, les rroms.

C’est précisément pour cette raison que le vote en masse contre l’extrême droite auquel nous sommes appelés à l’occasion de ces élections législatives ne sera pas suffisant, à lui seul, pour mettre fin au processus contre-révolutionnaire colonial qui touche aujourd’hui l’ensemble de l’Occident.

Nous, Immigrés, Noirs, Arabes, Musulmans, n’existons pas ou si peu dans les forces politiques de gauche qui aujourd’hui font bloc contre le Rassemblement National et ses alliés. Nous nous félicitons malgré tout d’y voir de plus en plus de visages de militants de l’immigration et des quartiers avec lesquels nous avons mené de nombreuses luttes et sur le soutien desquels nous avons pu toujours compter. Leur présence sur les listes des forces de gauche enclenche la fureur des réseaux d’extrême droite, et à raison.

Nous, colonisés de l’intérieur, sommes depuis des décennies l’objet de politiques et de discours visant à nous civiliser encore et encore, et à entraver les transformations sociales irréversibles que notre présence entraine sur la vieille société coloniale française. Nous africanisons et nous islamisons la France, et c’est précisément la lutte contre cet effet de notre existence qui constitue aujourd’hui l’axe de recomposition du champ politique français.

Ils rêvent de notre déportation. Ils rêvent de frontières. Ils rêvent de murs et de barbelés. Ils rêvent d’assimilation et de rééducation. Montrons-leur que seul le fou croit pouvoir contenir la montée de la mer avec ses mains !

S’il faut voter, nous voterons, pour ceux qui en ont le privilège, car nombreux sont ceux d’entre nous qui n’en ont pas (encore ?) le droit. Mais l’essentiel est ailleurs. Il nous faut dès aujourd’hui, sans attendre, ici et maintenant, construire un véritable front anticolonial et antiraciste, centré autour du protagonisme des peuples colonisés de l’intérieur et de l’extérieur.

Pendant et surtout après ces élections, il nous faut nous organiser pour définir et porter, par nous-même, un certain nombre d’axe programmatiques qui doivent guider notre horizon tout comme nos politiques d’alliance. Nous pouvons d’ores et déjà proposer les premières exigences suivantes :

– La régularisation de tous les sans-papiers et l’égalité des droits politiques et sociaux pour tous, français ou étrangers.

– L’abolition du complexe sécuritaire islamophobe, la remise en cause l’ensemble des dispositifs légaux de répression antiterroriste, la fin des contrôles policiers au faciès.

– La reconnaissance du caractère criminel de la colonisation et de la mise en esclave de peuples africains, et l’exigence de Réparations pour les peuples victimes du colonialisme.

– Le démantèlement des bases militaires en Afrique et l’arrêt du soutien aux dictatures dans les pays du Sud.

– Le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, du peuple Kanak et de tous les peuples colonisés par la France.

Cette proposition n’est qu’un point de départ pour la plateforme qu’il va nous falloir construire ensemble. Nous appelons tous les forces décoloniales à s’en emparer, à l’enrichir ou à le contester, pour construire la proposition révolutionnaire des Damnés de la Terre.

Vive la résistance anticoloniale et antiraciste ! Nous vaincrons

PIR

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