Contre les lois « Asile et Immigration » de Macron et Darmanin

La réforme des retraites a tendu à éclipser le projet de loi Asile et Immigration porté par Gerald Darmanin. Face à la contestation d’un mouvement social revigoré, Emmanuel Macron a finalement annoncé que le projet sera « réagencé » en une série de dispositions législatives dans les semaines et mois à venir.

Une ou plusieurs lois importent peu. La radicalisation de la politique migratoire française est une constante de long terme : les lois « immigration » successives ont élargi le nombre d’infractions passibles d’une interdiction du territoire français. Leur objectif est de pénaliser toujours plus les « étrangers », en les maintenant dans une précarité autorisant les pires formes d’exploitation, dans des emplois racialisés à bas salaire. Les « menaces graves à l’ordre public » sont une clause omniprésente dans le droit des étrangers depuis des décennies et permettent de durcir les conditions d’accès au séjour, et faciliter les expulsions, dans le cadre d’une justice de plus en plus arbitraire et expéditive. Réforme après réforme, les pratiques arbitraires des autorités sont légalisées et institutionnalisées. Le ministère de l’intérieur n’a pas besoin de nouvelle législation pour contourner le peu de droits et de recours possibles aux étrangers. Les lois « immigration » sont l’ossature d’un arsenal répressif qui rend le quotidien des personnes « étrangères » invivables, avec ou sans papiers.

La politique migratoire est le reflet de la trajectoire identitaire des acteurs du Pouvoir Français, à l’image de celle des autres états-nations européens. Sous couvert des objectifs affichés de « contrôler l’immigration » et d’ « améliorer l’intégration », le gouvernement politise toujours plus la question migratoire, en la présentant comme un danger pour la cohésion nationale, à l’instar de la menace « séparatiste ». Les gouvernements successifs tendent à expulser et à interdire toujours plus l’accès au territoire français, pour répondre à une politique du chiffre et nourrir un débat public xénophobe, négrophobe et islamophobe. Cette volonté constante est la marque d’un véritable mode de gouvernement, permettant de souder la communauté majoritaire contre une menace migratoire et civilisationnelle incarnée par les personnes migrantes. De Kais Saied à Emmanuel Macron, de la Méditerranée à Mayotte en passant par Calais, et des régimes souverainistes à l’Union Européenne, les répertoires et les technologies de ce mode de gouvernement circulent à l’échelle internationale.

La politique migratoire actuelle aggrave l’inégalité de statut et de droits des « étrangers » en France. A l’intérieur du territoire, elle maintient les sans-papiers dans une vie façonnée par la crainte et la menace. Adossée au développement des appareils sécuritaires de contrôle des migrations, des centres de rétention, des frontières, des mers, des murs et des barbelés que nos frères et sœurs affrontent chaque jour, cette politique est une des dimensions les plus visibles du racisme d’État français, qui s’insère dans les dispositifs érigés à l’échelle européenne, et participe du maintient d’un Apartheid mondial. Dans le cadre des vieux états-nations coloniaux européens et de leur actuelle crise existentielle, cette distinction entre nationaux et étrangers devient le terrain d’une lutte pour le maintien d’un privilège d’une partie de la population, érigée en propriétaire légitime de la France, aux dépends d’une partie traitée comme la représentante d’une menace extérieure.

La lutte contre les murs érigés par ces régimes qui, après s’être accaparés le reste du Monde, défendent leurs frontières coloniales de toutes leurs forces, est notre devoir à tous.

PIR

  • Régularisation de tous les sans-papiers
  • Abrogation de la double-peine pour les étrangers
  • Asile sans conditions, liberté d’installation et de circulation
  • Abrogation de toutes les lois immigration et notamment du CESEDA
  • Abolition de Frontex et de tous les dispositifs sécuritaires de contrôle des migrations et d’enfermement des migrants
  • Soutien matériel et politique aux luttes des sans-papiers, contre les violences institutionnelles et policières auxquelles ils sont exposés, et pour leur auto-organisation et leur autonomie

Manifestation Contre le Racisme et la Loi Asile et Immigration, Samedi 25 mars à Paris à 14h, Place de la République !

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