Dans le cadre de notre série d’entretiens D’ailleurs l’islamophobie d’Ici, nous nous entretenons aujourd’hui avec Ahmad Thariq, de l’organisation marxiste Islam Bergerak en Indonésie. Depuis sa perspective spécifique, celle d’un militant au sein du plus grand pays musulman du monde, il nous livre son analyse de la situation française en la mettant en parallèle avec le contexte indonésien.
1.Que pensez-vous de la politique de l’État français à l’égard des musulmans et de l’islam en général ?
Nous savons que la France a une longue histoire de colonialisme et de racisme, y compris envers les musulmans. Au cours de la période coloniale, le gouvernement français a façonné des relations économiques, sexuelles, raciales et religieuses inégales dans la colonie par le biais de lois oppressives. Par exemple, l’administration française a construit des catégories racialisées de citoyenneté en Algérie basées sur des codifications juridiques et par l’imposition de valeurs séculières. Le peuple algérien était divisé en plusieurs catégories. Les Juifs, les Arabes musulmans et les Berbères musulmans étaient classés de manière stratifiée. Les musulmans étaient soumis à un racisme et à un assujettissement systémiques, comme le fait d’être associés à de nombreux traits négatifs (paresseux, meurtrier, trop religieux, etc.), inadaptés à la laïcité française. Un autre point important à retenir est que le racisme à l’égard des musulmans en Algérie et dans d’autres colonies françaises servait les intérêts de l’exploitation capitaliste par l’extraction de la plus-value du travail forcé des esclaves, y compris les femmes noires. Telle est l’origine coloniale de l’État-nation laïque français.
Cette trajectoire coloniale est la principale racine de l’islamophobie française contemporaine et influence donc, de manière causale, l’optique de leur politique envers les musulmans et l’Islam. La structure racialisée de la classe et de la citoyenneté, qui persiste et se reproduit par le biais de la légalité juridique, place les musulmans dans une position vulnérable et les associe souvent à une main-d’œuvre bon marché, à des étrangers, à des menaces et des terroristes, etc. C’est également la raison pour laquelle les politiques d’immigration françaises sont extrêmement discriminatoires envers les musulmans. Le jargon nationaliste de la « souveraineté » est fréquemment utilisé pour justifier les restrictions aux frontières.
2. Que pensez-vous des réactions internationales à la politique islamophobe d’Emmanuel Macron ?
De nombreux présidents condamnent l’action de Macron envers l’Islam et les musulmans, principalement des pays arabes. Bien sûr, c’est une bonne chose, mais il est plus important pour nous de rester critiques face à toutes les réactions internationales. Rappelez-vous que des pays comme l’Arabie Saoudite ont utilisé le discours islamique comme moyen d’oppression des femmes en imposant des ordres patriarcaux conservateurs aux femmes musulmanes dans leur propre pays. Par conséquent, leur condamnation ne représente pas un point de vue anticolonial et égalitaire, mais plutôt une projection de leur idéologie réactionnaire.
Prenons un autre exemple, celui de mon propre pays, l’Indonésie. Joko Widodo condamne également les actions de la France envers les musulmans. Cela n’a rien de surprenant puisque l’Indonésie est l’un des plus grands pays à population musulmane. Mais réfléchissons à ceci : lorsque Joko Widodo émet ses condamnations, se tient-il vraiment du côté des opprimés ? Non. Le fait est que Joko Widodo opprime également les Indonésiens, comme les minorités non musulmanes, la classe ouvrière, les paysans et les femmes.
Il est important de se rappeler que la violence dirigée contre le peuple est motivée par les intérêts de la classe capitaliste pour l’expansion des affaires et l’extraction de la plus-value. Les collaborations du gouvernement avec les institutions islamiques d’Etat ont donné naissance à un État capitaliste autoritaire. Compte tenu du contexte, nous pouvons conclure que la condamnation du gouvernement indonésien est basée sur un geste de politique identitaire islamique superficiel. Plus précisément, le gouvernement indonésien ne s’est préoccupé que de leur identité en tant que musulmans, tout en ignorant complètement les conditions structurelles de l’oppression.
C’est pourquoi nous devons analyser minutieusement toutes les réponses à venir. Les discours du gouvernement ne sont souvent pas fiables !
3.Pouvez-vous comparer la politique envers les musulmans en France et celle de votre pays?
La politique indonésienne envers les musulmans est assez complexe en Indonésie. A l’époque de l’ « Ordre Nouveau », les partis islamiques étaient réprimés. L’État autoritaire de l’Ordre Nouveau cherchait à contrôler les quatre partis islamiques (NU, PSII, Perti et Parmusi) en les réunissant en un seul parti appelé Partai Persatuan Pembangunan (PPP). Cependant, ils gardaient une position critique envers le gouvernement et lançaient souvent une résistance au sein du parti. Les conditions ont commencé à changer en 1980 lorsque Soeharto a cherché à intégrer les éléments islamiques et à les coopter pour maintenir le statu quo.
Dans l’ère post-Ordre Nouveau, la dynamique des politiques d’identité islamique s’intensifie et influence de nombreux aspects de la vie politique, y compris l’élaboration des politiques. Elle peut légitimer une certaine majorité du groupe musulman, mais peut aussi être oppressive envers certaines minorités. La plupart des règlements religieux concernant les cartes d’identité, la politique éducative, l’économie, la politique, etc. profitent aux groupes musulmans, tandis que les autres groupes religieux (chrétiens, bouddhistes, hindous, indigènes) ont une légitimité minimale. Cette situation alimente souvent des problèmes politiques tels que des violences à l’égard des minorités, les abus de pouvoir par le gouvernement et les restrictions à l’expression religieuse non islamique. Et, bien sûr, il y a des aspects juridiques qui légitiment la position de l’Islam au sein de l’État. Officiellement, il existe trois systèmes juridiques en Indonésie depuis l’époque de l’ancien Ordre : la Constitution de 1945, la loi indigène et la loi islamique. Les conséquences de l’adoption de la loi islamique comme système juridique officiel ont également influencé l’élaboration des politiques en Indonésie.
N’oublions pas non plus de mentionner comment la politique économique islamique a également contribué au développement du capitalisme en Indonésie. L’émergence de banques islamiques telles que la Banque Muamalats depuis 1991, financée par la Banque islamique de développement (BID), est un exemple concret de la synthèse entre l’islam et le capitalisme financier. Bien que l’existence des banques islamiques ne soit pas significative, cela montre que le processus de capitalisation de l’Islam est de plus en plus financiarisé à l’ère néolibérale. Par ailleurs, les banques conventionnelles ont également ouvert des succursales islamiques pour attirer les clients musulmans. Dernièrement, l’État indonésien a également regroupé les banques islamiques en une seule institution appelée Bank Syariah Indonesia (BSI).
La culture pop islamique est un autre exemple de marchandisation de l’islam en Indonésie, tout comme l’entreprenariat islamique chez les jeunes, tel que Pemuda Hijrah. La campagne de promotion de l‘entreprenariat des jeunes musulmans a érodé le potentiel libérateur de l’Islam et l’a remplacé par une éthique religieuse hautement individualiste et orientée vers le profit. La projection idéale de l’Islam comme Rahmatan lil Alamin (Une miséricorde pour toute la création) est abandonnée, puisque le capitalisme s’approprie l’Islam pour l’accumulation bourgeoise du capital, en laissant toute la communauté, en particulier les Mustadh’afin (communauté marginalisée) dans une position vulnérable.
Mais comme je l’ai dit précédemment, il peut aussi être oppressif envers certains groupes musulmans minoritaires. L’intensité croissante de la campagne anti-radicalisme menée par Nahdlatul Ulama (NU), une institution islamique modérée, a accru la suspicion envers certains groupes de musulmans soupçonnés d’être « extrémistes ». Bien sûr, NU n’est pas seul. Ils ont reçu des fonds de donateurs internationaux tels que l’USAID pour promouvoir des récits anti-radicalistes et antiterroristes. Cela se traduit souvent par des discriminations, allant de l’abus verbal à la violence physique.
Cependant, dernièrement, des divisions entre factions sont également apparues au sein de NU. L’émergence de groupes qui ne sont pas satisfaits des attitudes modérées de NU a modifié la dynamique politique au sein de l’institution. Les jeunes générations de Nahdlatul Ulama se montrent souvent critiques à l’égard des générations plus anciennes, et appellent même à des réformes. Certains d’entre eux sont plus radicaux et forment un mouvement islamique alternatif de base. Le Front Nahdliyin Untuk Kedaulatan Sumber Daya Alam (FNKSDA) en est un bon exemple. Cette organisation cherche à défendre le problème écologique en se basant sur l’Islam et sur diverses perspectives critiques telles que le marxisme, l’écologie politique, le féminisme, etc. Outre le FNKSDA, il existe également le Forum Islam Progresif (FIP) qui défend et organise les Mustadh’afin contre l’injustice en se basant sur des perspectives islamiques.
Des organisations islamiques radicales de base sont également apparues en dehors de NU, comme Kader Hijau Muhammadiyah. Comme le FNKSDA, cette organisation de jeunes de la Muhammadiyah défend les questions écologiques en organisant le peuple contre le gouvernement capitaliste.
4. Comment imaginer les fondements d’une lutte contre l’islamophobie au niveau mondial ?
Il y a certains principes importants à prendre en compte lorsque nous parlons d’un mouvement islamique mondial. Premièrement, le mouvement doit avoir une perspective anti-impérialiste et anticapitaliste. Le capitalisme est la principale cause de l’inégalité mondiale à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui. Le capitalisme crée des guerres au Moyen-Orient au profit du complexe militaire, provoquant des crises écologiques et des déplacements de populations, tandis que les profits vont à la bourgeoisie. Ce système est la raison pour laquelle l’immigrations et les réfugiés augmentent d’année en année en Europe et dans d’autres régions, alimentant les sentiments anti-immigration, y compris l’islamophobie. Les musulmans doivent se tenir du côté des personnes opprimées et de l’environnement ! Sans ce principe, il n’y aura pas de libération du tout !
Deuxièmement, le mouvement doit également avoir une perspective anticoloniale. Cela signifie que le mouvement mondial doit démanteler l’ensemble du système et de l’héritage colonial existant aujourd’hui. Le racisme est l’un des systèmes existant dans les situations post-coloniales mondiales actuelles, précipitant la vaste propagation de l’islamophobie. La remise en question du système racial existant est nécessaire pour parvenir à une égalité totale. Et n’oubliez pas que ce que j’entends par système racial n’est pas seulement la hiérarchie entre les races, mais aussi l’État-nation, l’idéologie libérale-séculière et le savoir occidental. En bref, l’objectif du mouvement est de décoloniser le système !
Troisièmement, ce mouvement doit également être inclusif pour les différences religieuses. Cela signifie que les groupes religieux chrétiens, bouddhistes, hindous et indigènes peuvent participer au mouvement tant qu’ils partagent la même vision. Mais nous devons faire attention à ne pas homogénéiser toutes les différences. En d’autres termes, l’unité dont nous parlons consiste à intégrer la diversité. Face aux multiples crises actuelles, il ne suffit pas de vivre dans une coexistence pacifique. Nous devons être debout et nous donner mutuellement les moyens de lutter contre toute forme d’injustice. Nous avons besoin de co-résistance !
5. Quel message adresseriez-vous aux musulmans de France et aux militants et organisations qui luttent contre le racisme d’Etat ?
Camarades, lorsque vous vous sentez déprimés et quelque peu démoralisés dans votre lutte contre les injustices, rappelez-vous que vous n’êtes pas seuls. Il y a beaucoup de gens qui partagent le même sort que vous, défendez vos droits et ceux de votre peuple. Il y a plusieurs façons de combattre l’injustice. L’organisation de masse, les pétitions, les luttes juridiques, l’activisme médiatique sont importants lorsqu’il s’agit de sensibiliser le public à l’oppression structurelle. Ma prière et ma solidarité sont avec vous tous ! Continuez à vous organiser ! Lal Salaam !
Ahmad Thariq
Entretien traduit de l’anglais par Azzedine Benabdellah
« We need co-resistance! » (interview with Ahmad Thariq)
As part of our French Islamophobia seen from elsewhere series, we speak today with Ahmad Thariq, from the Marxist organization Islam Bergerak in Indonesia. From his specific perspective, that of an activist in the world’s largest Muslim country, he gives us his anlysis on the French situation, paralleling it with the Indonesian context.
1. What do you think about the policy of the French state towards both Muslims and Islam in general?
We know that France has a long history of colonialism and racism, including towards Muslim people. During the colonial period, the French government shaped unequal economical, gender, race, and religious relations in the colony through oppressive regulations/law. For example, the French administration built racialized categories of citizenship in Algeria based on legal codifications and secular value imposition. Algerian people were divided into several categories. Jews, Arab Muslim, and Berber Muslim were arranged in stratified fashion. Muslim people were subjected to systemic racism and subjugation, such as being attached to many negative traits (lazy, murderer, too religious etc), unsuited with French Laicite. Another important point to remember is that racism towards Muslim people in Algeria and other French colonies served the interests of capitalist exploitation through surpluses extraction of coerced slave, including black women labours. This is the colonial origin of the french secular nation-state.
This colonial trajectory is the main root of contemporary French Islamophobia, and hence, causally, influence their policy lens towards Muslim and Islam. The racialized structure of class and citizenship is reproduced through legal legitimacy, placing Muslims in a vulnerable position and often associating them with cheap labour, outsider, threat terrorists, etc. That’s also the reason why French immigration policies are extremely discriminative towards Muslim. Nationalist jargons of « sovereignty » are frequently used to justify border restrictions.
2. What did you think of the international reactions to Emmanuel Macron’s Islamophobic policy?
Many presidents condemn Macron action towards Islam and Muslim, mostly from Arab countries. Of course this is a good thing, but it is more important for us to keep critical to every international responses. Remember that country such as Saudi Arabia have used Islamic discourse as means of oppression towards women by imposing conservative patriarchal orders towards Muslim women in their own country. Hence, their condemnation are not representing anti-colonial and egalitarian point of view, but rather a projections of their reactionary ideology.
For another instance, let’s take my own country, Indonesia. Joko Widodo also condemns France actions towards Muslim. Well, this is unsurprising since Indonesia is one of the biggest countries with Muslim populations. But let’s consider this; When Joko Widodo delivered his condemnations, was he really standing on the side of oppressed people? No. The fact is, Joko Widodo is also oppressive towards Indonesian people, such as non-Muslim minority groups, the working class, peasants, and women.
Important point to remember is that the violence directed to the people are driven by the interests of capitalist class for business expansions and surplus extraction. The collaborations of the government with Islamic state institutions has formed an authoritarian capitalist state. Considering the background, we can conclude that Indonesia government condemnation are based on shallow Islamic identity politics gesture. More specifically, the Indonesia government concern was only about their identity as Muslim, while completely ignoring the structural conditions of oppression.
This is why we need to analyze thoroughly every coming responses. Government speeches often are not even reliable to be trusted!
3. Could you compare the policy towards Muslims in France and that in your country?
Indonesian policy towards Muslimw are rather complex in Indonesia. In New Order era, Islamic parties were repressed. The New Order authoritarian state sought to control the four Islamic parties (NU, PSII, Perti and Parmusi) by uniting them in single party named Partai Persatuan Pembangunan (PPP). However, they were still holding critical stance towards the government and often launched resistance within the party. The conditions began to changed in 1980 when Soeharto sought to embrace Islamic elements and coopting them for maintaining status quo.
In post-New Order Era, the dynamics of Islamic identity politics are getting intense and influence many aspects of political affairs, including policymaking. It can legitimize some majority of the Muslim group, but also can be oppressive towards certain minorities. Most of religious regulations regarding identity cards, educational policy, economy, politics etc. are benefiting Muslim groups, while other religious groups (Christian, Buddhist, Hindu, Indigenous people) has minimal legitimacy. This condition often fuels political problems such as violence towards minorities, abuse of power by the government, and restrictions of non-Islamic religious expression. And, of course, there are legal aspects that legitimize Islam’s positions within the state. Formally speaking, there are three legal systems in Indonesia since Old Order era, they’re Constitution 1945, Indigenous Law, and Islamic Law. The consequences of adopting Islamic Law as formal legal system has influenced policymaking in Indonesia as well.
And let’s not forget to mention how Islamic economy policy has also contributed to the development of capitalism in Indonesia. The emergence of Sharia bank such as Bank Muamalat since 1991 funded by Islamic Development Bank (IDB) are the concrete example of synthesis between Islam and financial capitalism. Although the existence of Sharia bank are not significant, this shows that the process of Islam capitalizations are increasingly financialized in neoliberal era. Moreover, conventional banks have also opened islamic branches to attract Muslim customers. The latest news also reports that the Indonesian state has also consolidated Islamic banks into one institution called Bank Syariah Indonesia (BSI).
Islamic pop culture are another example of Islam’s commodification in Indonesia. With youth sharia entrepreneurship such as Pemuda Hijrah. The muslim youth sharia entrepreneurship campaign has eroded the liberatory potential of Islam and replaced it with highly individualistic and profit-oriented religious ethos. The ideal projection of Islam as RahmatanlilAlamin (A mercy to all creation) is abandoned, since capitalism appropriates Islam for merely bourgeois capital accumulation, leaving the entire community, especially Mustadh’afin(marginalized community) in vulnerable position.
But as I said earlier, it also can be oppressive towards certain minority Muslim groups. The increasing intensity of anti-radicalism campaign led by Nahdlatul Ulama (NU),a moderate Islamic institution, has increased public suspicion towards certain group of Muslim suspected as “extremist”. Of course NU are not alone. They received funding from international donors such as USAID to promote anti-radicalism and counterterrorism narratives. This often sometimes escalates into discrimination, from verbal abuse to physical violence.
However, lately factional divisions have also emerged within NU. The emergence of groups that are not satisfied with NU moderate attitudes has changed the political dynamics within the institution. The young generations of Nahdlatul Ulama often shows critical stance towards older generations, and even calling for reformations. Some of them are more radical, forming alternative Islamic grassroot movement. Front Nahdliyin Untuk Kedaulatan Sumber Daya Alam (FNKSDA) are the relevant example. This organization seek to advocate ecological problem based on Islamic and various critical perspectives such as Marxism, political ecology, feminism etc. Besides FNKSDA, there is also Forum Islam Progresif (FIP) which advocates and organizes Mustadh’afins against injustice based on Islamic perspectives.
Radical grassroots Islamic organizations also emerged outside NU, such as Kader Hijau Muhammadiyah. Similar with FNKSDA, this youth Muhammadiyah organizations advocating ecological problem through organizing the people against capitalistic government.
4. How could we imagine the foundations for the fight against Islamophobia at global level?
There are certain important principles for us to be consider when we are talking about Islamic global movement. First, the movement must have an anti-imperialist and capitalist stance. Capitalism is the main root of the global inequality we are facing today. Capitalism creates war in Middle East for military business, causing ecological crisis and displacement of populations, while the profits flows into the bourgeoisie. This system is the reason why immigration and refugees are increasing year to year to Europe and another region, fueling anti-immigration sentiments, including Islamophobia. Muslim must standing on the side of the oppressed people and environment! Without this principle, there will be no liberation at all!
Second, the movement also must have anti-colonial stance. This means the global movement must dismantle the entire colonial/post-colonial system and legacy that exists today. Racism is one of the systems existing in post-colonial global situations nowadays, precipitating the vast spread of Islamophobia. Questioning the existing race system is necessary to achieve complete equality. And remember, what I mean by race system is not merely hierarchy between race, but also nation-state, liberal-secular ideology, and western knowledge. In short, the movement’s goal is to decolonize the system!
Third, this movement also must be inclusive for religious differences. This means Christian, Buddhist, Hindu and indigenous religious groups could participate in the movement as long as they share the same view. But we need to be careful for not to homogenizing every differences. In other words, the unity we are talking about is to accommodate diversity. Facing today’s multiple crisis, it is not enough for us to merely live in peaceful coexistence. We need to stand and empower each other for fighting against any form of injustice. We need co-resistance!
5. What message would you send to Muslims in France and to activists and organizations fighting against State racism?
Comrades, when you are feeling down and somewhat facing demoralizations in your struggle against injustices, remember that you’re not alone. There are many people shared the same fate with you, stand for your own and your people’s rights. There are various way to fight injustice. Mass organizing, petitions, legal litigations, media activism are important when it comes to raising public awareness of structural oppression. My prayer and solidarity is with you all! Keep organizing! Lal Salaam!
Ahmad Thariq