Intervention du PIR au rassemblement contre l’islamophobie, en soutien à Fatima E. et son enfant ainsi qu’à l’ensemble de la communauté musulmane, le Samedi 19 octobre place de la République à Paris.
L’islamophobie d’Etat se radicalise et se déploie chaque jour un peu plus, à l’intérieur et l’extérieur du territoire français.
Aujourd’hui se renforce l’offensive raciste permettant d’attaquer impunément une femme portant le hijab, dans un conseil régional comme dans l’espace public en général. Aujourd’hui, des signes de la pratique la plus élémentaire de la religion musulmane sont considérés comme des « signaux faibles » de la longue chaîne de la « radicalisation », spectre conceptuel aux contours mouvants permettant de lier dans les esprits et dans les lois l’ensemble des musulmans à la figure de l’Ennemi Intérieur et Extérieur.
Si certains d’entre nous ont pu légitimement, au début de la séquence ouverte avec les attentats de 2015, appeler au refus des « amalgames », les derniers développements de la politique antiterroriste révèlent, pour ceux qui en doutaient encore, sa fonction première : combattre l’existence et l’organisation autonome des musulmans à l’intérieur, et la résistance des peuples du Sud à l’extérieur. On veut confisquer aux musulmans la signification de leur propre religion comme on veut confisquer aux peuples du Tiers-Monde la souveraineté sur la définition de leur devenir politique et social.
A l’intérieur, depuis la loi du 15 mars 2004 interdisant le port du hijab dans les écoles, les collèges et les lycées jusqu’aux dernières déclarations ministérielles sur la nécessité de dispositifs de signalement automatique des « signaux faibles de radicalisation », tous les dispositifs mis en place par le pouvoir au nom de la lutte pour « la laïcité » ou contre « l’islamisme » n’ont eu qu’un seul objet : contrôler les musulmans et combattre l’expression sociale et politique de l’Islam sur le territoire français.
A l’extérieur, au nom de la « lutte contre le terrorisme », on met des régions entières sous les bombes, on édifie des frontières et des barbelés, et on nourrit les causes dont on prétend combattre les conséquences. Le récit de cette lutte qui nourrit sa propre nécessité trouve des émules chez de nombreux régimes à travers le globe, qui se font les complices de cette lutte contre les peuples du Sud.
On veut réduire les musulmans à devoir éternellement condamner des attentats dont ils ne sont pas responsables, à devoir se taire quand on agresse des imams, quand on criminalise leurs frères et leurs soeurs, leurs maris et leurs femmes, quand on ferme des mosquées, quand on discrimine et malmène leurs enfants, quand on tente de vider l’Islam de son sens et de ses traditions. Les indigènes et les musulmans sont plus que jamais dans ce pays comme en sursis, toujours sommés de donner plus de gages, d’abaisser encore plus le ton face à l’injustice flagrante qui leur est faite, et la discrimination qui leur est imposée dans l’emploi, dans le logement, et dans la pratique de leur religion.
Ces injustices, ces crimes et ces vies brisées par l’aggravation impitoyable de l’islamophobie d’Etat sont la seule cause du feu que nos gouvernants prétendent combattre. Cette radicalisation de l’Etat colonial à notre encontre est le reflet de l’ébranlement de son pouvoir face aux forces qui, du Nord au Sud, des luttes contre l’islamophobie et les crimes policiers aux soulèvements des peuples du Tiers-Monde, font reculer la suprématie impériale occidentale.
Nous appelons au démantèlement de tous les dispositifs législatifs et réglementaires réprimant la pratique et l’expression de l’Islam en France. Nous appelons au rejet de toutes les initiatives des pouvoirs publics français visant à réformer l’Islam. Cette société de « vigilance » qu’on nous annonce vise tous les indigènes, et tous ceux qui prétendront résister à l’avancée de l’autoritarisme libéral. Nous appelons au rassemblement de toutes les forces politiques et sociales en lutte contre cet ordre racial impérial libéral aux abois qui, des pays dévastés par les bombes occidentales aux populations issues de l’immigration post coloniale, en passant par le cimetière de la Méditerranée, tue chaque jours nos frères et nos peuples.
PIR