Il est vrai aussi que Dieu a été cohérent avec Lui-même, puisqu’Il a choisi pour son divin Dessein, la France, qui est le producteur monopolistique de Lumières.
Depuis quelques années, une bonne douzaine de Lumières nous sont envoyées à chaque rentrée audiovisuelle, mais les plus étincelantes se nomment Mohamed Sifaoui, Abdennour Bidar et Malek Chebel.
Les Lumières diffusent leur Message à la télévision, ce qui explique que les musulmans du monde entier grimpent sur les toits pour orienter leur parabole vers la France, tentant ainsi de capter Envoyé Spécial le jeudi soir, et Le Jour du Seigneur, diffusé juste après Salut les Zouzous, le dimanche matin.
L’enjeu est de taille : le monde musulman dans son entier, d’Islamabad à Bamako, d’Istanbul à La Mecque, d’Al Quaraouiyine à Al Azhar, a le regard et les paraboles tournés vers nos trois Compères, attentif à leurs Enseignements, qui seuls peuvent nous sortir du chaos. Je me permets ici, non sans fierté, de donner ma contribution à la compréhension de La Parole des Lumières de l’Islam ; ce n’est évidemment qu’une humble interprétation, là où il faudrait une exégèse de plusieurs années, pour saisir toute la richesse et la complexité des Propos, et ne rien perdre des subtilités du Verbe.
Avant de commencer le travail d’interprétation à proprement parler, j’aimerais souligner deux aspects très significatifs de la démarche des Lumières de l’Islam de France.
Tout d’abord, les Lumières ne considèrent jamais les musulmans comme peuvent être français, ce qui permet de faire la comparaison entre les « musulmans » d’un côté et les « Français » de l’autre. C’est beaucoup plus pratique pour servir une argumentation telle que les Lumières nous la servent.
Ensuite, la catégorisation des individus est très innovante dans le sens où elle prend en compte les intentions et les sentiments des gens. Ainsi, les Français ne se contentent pas d’être français : ce sont plus précisément des Français-qui-ont-peur ; les musulmans étant eux des musulmans-qui-font-peur.
Les Lumières de l’Islam de France nous enseignent que :
– Les musulmans sont un danger pour la société française
– Les musulmans se mettent à l’écart
Pour résumer l’Enseignement des Lumières de l’Islam de France (toutes trois complémentaires dans la Démarche), on peut retenir le triptyque suivant :
Nous, musulmans-qui-font-peur, sommes des barbares…
Il faut donc laisser les Français-qui-ont-peur nous civiliser…
Pour qu’ils se sentent rassurés, et qu’ils continuent à nous tolérer sur leur terre.
Les Lumières de l’Islam de France nous montrent tout d’abord que les musulmans étaient bien plus civilisés, plus raffinés, plus instruits et plus gentils avant.
Et puis faut dire que nous savions nous y prendre à l’époque avec les femmes, rien à voir avec nos frustrations sexuelles perverses d’aujourd’hui. L’orientalisme colonial dans ses clichés les plus grossiers, avait bien raison d’y aller à fond dans les fantasmes liés au harem et au hammam.
Petit bémol quand même, les Lumières de l’Islam de France se sont souvenues, il y a peu, que l’Islam et sa terre ont mis en esclavage. Mais Malek Chebel a surtout voulu par là faire plaisir à son ami l’homme blanc, qui se plaignait, dans une récente publication, que le fardeau de la repentance liée à l’esclavage était trop lourd. Elles sont comme ça les Lumières de l’Islam de France, elles aiment rendre service à leurs amis et alléger leur fardeau.
A part ça, avant, on était beaucoup mieux : on savait vivre dans le contexte social et politique de notre époque. Aujourd’hui, on ne sait plus le faire : on s’obstine à vivre en dehors du contexte social et politique de notre époque ; nous sommes les seuls à réussir un truc pareil, ce qui pourrait passer pour super fortiche, si cela ne causait, hélas, notre perte.
Les Lumières de l’Islam nous aident à comprendre à quel point nous sommes des merdes ; nous sommes même des sous-merdes dans la mesure où nous sommes descendants d’immigrés musulmans, déchets du Maghreb et d’Afrique noire, complètement analphabètes, indignes de pratiquer une religion aussi sublime que l’Islam éclairé, et qui ne connaissent la religion que sur le « mode réflexe », un peu comme des chiens de Pavlov, ou des chiens tout court.
Nous avons donc beaucoup de choses à apprendre des Français. Les Lumières de l’Islam nous demandent de ne pas faire les têtes de mule, et de reconnaître que nous ne sommes rien, moins que rien, que nous avons la chance de côtoyer et de vivre chez les Français qui nous accueillent, nous tolèrent, et qu’il faut profiter de leur contact pour nous civiliser. La tâche civilisatrice est d’ailleurs beaucoup plus facile maintenant que l’on est chez eux, par rapport au temps où les Français essayaient d’honorer leur mission lorsqu’ils étaient chez nous. Notre problème principal, c’est qu’on se croit tout permis, qu’on se la pète grave et qu’on se croit chez nous : on décide de se mettre un voile sur la tête comme si en France on pouvait s’habiller comme on voulait ; on veut manger halal comme si en France on pouvait manger ce qu’on voulait ; on se laisse pousser les poils de barbe comme si en France on pouvait faire ce qu’on voulait avec ses poils.
Tout ça fait que l’on se met volontairement à part.
Alors comment devenir un musulman modéré ?
C’est super dur.
Mais Abdennour Bidar nous propose des équations simples qui peuvent nous y aider :
– Ceux qui prient cinq fois par jour, soit ! mais alors il faut qu’ils mangent du porc cinq fois par semaine (varier les plaisirs entre jambon, côtelettes, bacon…)
– Celles qui portent le foulard islamique, d’accord ! mais alors il faut également qu’elles portent une minijupe (de la même couleur, pour signifier la cohérence).
– Ceux qui font le ramadan, c’est ok ! mais alors il faut qu’ils se lèvent et récitent « Je vous salue, Marie », à chaque fois que le pape, François Bayrou ou le père Noël passent à la télé. ….
Et ainsi de suite.
Le précepte à retenir est simple, celui de l’ÉQUILIBRE : rééquilibrer une pratique musulmane arriérée par une pratique républicaine moderne.
Que devons-nous assimiler en France pour être des musulmans éclairés et modérés ? Là commence mon travail d’interprétation, car les Lumières de l’islam surestiment quelque peu notre degré de compréhension : elles ne précisent pas ce qu’elles entendent par « l’Esprit des Lumières », « la République », « l’Esprit républicain », les « Principes républicains », « l’Égalité entre les Hommes et les Femmes en Occident », « l’Esprit européen », « le Pays des Droits de l’Homme »… Mais peut-être que dans leur grande bonté d’âme, elles nous font confiance pour que l’on sélectionne nous-mêmes, dans leur fourre-tout, ce qui irait dans le sens de notre modération et de notre éclairement.
Je me permets donc des propositions qui combinent quelques références républicaines du 18ème siècle à nos jours, liées à des textes de loi ou liées à des réalités sociales et politiques.
Ainsi, dans mon imaginaire d’immigrée musulmane issue de la colonisation, les références à la République et au pays-des-droits-de-l’homme renvoient pêle-mêle aux morts de la colonisation sous la 3ème République, à la criminalisation actuelle des migrants, au racisme anti-juif à tous les niveaux de l’État sous la 4ème République, au Code de l’indigénat, à l’assassinat de Ben Barka, aux actuelles discriminations raciales institutionnalisées, à la torture institutionnalisée pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie, aux actuels contrôles policiers ouvertement racistes et au Code noir.
J’espère que j’ai bon dans les références que j’ai sélectionnées.
Encore une fois, ce n’est que mon humble interprétation. Force est de constater en tout cas qu’on a de sacrées leçons à prendre en terme d’ouverture, de tolérance et de vivre-ensemble.
Pourquoi les Lumières de l’islam nous invitent à mépriser nos parents, à faire ce travail d’assimilation forcée et de haine de soi ? Réponse : parce que les Français, qui sont ici chez eux, nous craignent.
Il y a en effet parmi nous une génération spontanée d’intégristes-frustrés sexuels-nazis ! nazis ! nazis ! qui veut islamiser la France, violer dans les caves les filles des Français-qui-ont-peur, couper la main aux voleurs, passer des versets du Coran en boîte de nuit, et obliger les Français-qui-ont-peur à manger du hachis parmentier halal… Comme ils sont très rusés, quand ils commettent des crimes et des délits, ils réussissent à déjouer les 13213 services de police qui leur sont entièrement consacrés, et la Justice, terrorisée, ne parvient pas à les condamner ; ce ne sont donc pas des hors-la-loi comme les autres ; et comme nous ne sommes pas des citoyens comme les autres, il nous faut apporter la preuve qu’on n’est pas comme eux et qu’on rase les murs, pour ne pas se rappeler au mauvais souvenir des Français-qui-ont-peur.
Ainsi lorsqu’elles sont invitées sur les plateaux télé pour débattre de « la menace de l’Islam sur la Laïcité », du « danger que fait courir l’Islam à la Démocratie » ou « des musulmans non-intégristes, est-ce possible ? », les Lumières de l’Islam de France deviennent des hommes en colère qui expliquent que, des comme eux, aussi modérés, il y en a plein parmi les musulmans, qu’ils ne sont pas des exceptions.
Mais qui est capable de leur expliquer, sans leur cracher à la gueule, qu’ils sont trop modestes ?! Qu’ils sont bien des exceptions ! Qu’il n’y en a pas beaucoup des musulmans qui iraient sur les plateaux télé pour prêcher un Islam-qui-baisse-la-tête-quand-il-croise-le-Môsieur-dans-la rue. Qui peut leur expliquer, toujours sans leur cracher à la gueule, que c’est une question de dignité ?!
Si je ne peux pas répondre aux injonctions des Français-qui-ont-peur quant aux attentats, aux lapidations et aux tournantes, c’est parce que j’en ai rien foutre de la peur des Français-qui-ont-peur. S’ils veulent vraiment se soigner, qu’ils guérissent du dogmatisme, de l’arrogance et de la bêtise haineuse qui les poussent aux amalgames les plus grotesques.
Hep ! les Français—qui-ont-peur !,
Si l’objet de vos tourments est que les musulman-e-s, les Arabes et les Noir-e-s résistent et se battent pour prendre leur place de citoyen-ne-s à part entière,
Alors vous avez raison de vous inquiéter sec !
Laissons-là les Lumières de l’Islam de France, qui ne sont intéressantes finalement que dans la mesure où elle reflètent le type d’individus et de discours que les médias dominants invitent exclusivement dans l’espace public. C’est pas la première fois qu’on met en avant des experts « autochtones » zélés pour servir de caution et d’instrument de propagande raciste, tout comme, traditionnellement, on instrumentalise la cause des femmes musulmanes.
La conscience de ce qu’on se prend dans la tronche, nous fait dire que :
Les musulmans sont en danger dans la société française
Les musulmans sont mis à l’écart
Revenons donc au cadre plus général de la société française. Elle aurait peur car une partie des musulmans vivant en France représente une menace pour elle ?
Si les terroristes-islamistes-nazis !nazis !nazis ! qui habitent dans les reportages de Mohamed Sifaoui lisent cet article (ce qui est fort probable, puisque le Mouvement des Indigènes de la République partage les mêmes réseaux, tous plus ou moins proches d’Al Qaïda), j’en profite pour leur faire un petit clin d’œil, et leur dire que, pour ce qui est de leur ambitieux projet d’islamiser la France et les infidèles-mangeurs de lardons, c’est pas pour tout de suite, tout de suite… On n’est pas vraiment, comme qui dirait, en position de force.
Car quelle est la situation des musulmans aujourd’hui en France ?
On a fait comme Abdennour Bidar nous a dit qu’il fallait faire : on s’est intéressé aux Droits de l’homme ; on a donc lu un rapport du Conseil des Droits de l’homme de l’ONU, présenté en septembre 2007, qui montre que l’islamophobie représente la forme la plus courante de discrimination religieuse. Et que de plus en plus de médias, de dirigeants politiques, d’intellectuels assimilent l’islam à la violence et au terrorisme.
Au-delà de ce rapport, tout musulman vivant en France pleure de rire ou de rage quand il entend dire que les musulmans sont un danger pour la société française.
Quel est le musulman qui n’a pas envie dix fois par jour de casser sa télévision, d’arracher les journaux, y compris les gratuits qu’il ne peut éviter dans le métro, tant il y est systématiquement stigmatisé et insulté lors de pseudo-débats sur la laïcité, l’égalité entre hommes et femmes, les banlieues, l’antisémitisme… ? Quel est le musulman qui n’a pas pété les plombs pendant la dernière campagne présidentielle ? Quel est le musulman qui ne frémit pas dès qu’il entend un homme ou une femme politique, un journaliste ou un collègue commencer une phrase par « Même s’il ne faut surtout pas faire d’amalgame entre musulmans et islamistes,… » ?
Reprenons point par point les grands principes d’un État de droit, et la menace islamique qui pèserait sur eux, en n’étant pas dupes du fait que ce sont surtout les musulmans issus de la colonisation qui sont visés : les musulmans noirs et arabes ; et en sachant bien que les lois et politiques racistes ne visent pas que les musulmans.
Les musulmans sont un danger pour la démocratie ? Qu’en est-il de la représentation nationale ? Combien de musulmans au Parlement ? Au Conseil Constitutionnel ? Dans les États-majors de l’armée ? Dans les Conseils d’administration des grands groupes de presse ? Dans la haute fonction publique ?…
Les musulmans sont un danger pour les principes d’égalité ? Toutes les études financées par des fonds publics montrent que les musulmans subissent des discriminations raciales liées à leur patronyme dans l’accès à l’emploi et au logement, dans le milieu du travail, à l’école, dans l’accès aux grandes écoles et aux formations universitaires…
Les musulmans remettent en question les principes d’intégration républicaine, ils sont communautaristes ? Les musulmans sont, politiques de rénovation urbaine après politiques de développement urbain, chassés des centres villes et même des quartiers dits populaires, pour être déplacés dans des cités périphériques, où règne la pauvreté des services publics et des transports en commun, où les écoles sont de seconde zone…
Les musulmans remettent en question les libertés individuelles ? Harcelés par la police par des contrôles d’identité incessants, ils ne jouissent pas du droit de circuler librement, y compris dans les quartiers où ils sont nés…
Les musulmans remettent en question la laïcité ? Le droit de construire des lieux de culte (ça veut dire quoi « liberté de culte » s’il n’y a pas d’espaces pour l’exercer ?) est régulièrement violé par les collectivités territoriales qui détournent le droit de préemption urbain ou le droit du permis de construire pour empêcher la construction de mosquées sur leurs territoires.
Les musulmans remettent en question la tradition républicaine de l’ouverture et de la tolérance ? Brice Hortefeux et son ministère se seraient convertis à l’Islam ?
Code du travail bafoué par le « principe de précaution » qui rend tout travailleur musulman potentiellement terroriste dans les « zones à risque »…
Droits de la famille bafoués par les projets de loi sur le regroupement familial…
Lois d’exception notamment la loi sur le foulard à l’école… …
La liste est longue
La vérité, c’est que les musulmans sont mis à l’écart du débat et des décisions politiques ; c’est que la société française dominante est une menace pour les musulmans qui vivent en France dans une insécurité croissante ; c’est que la société française dominante capitaliste, fortement racialisée, fermée sur ses privilèges de classe et de race ne tolère aucune prise de risque, aucune ouverture, aucune remise en question de ses privilèges, et qu’elle utilise l’hypocrisie des grands concepts pour dominer symboliquement, et donc racialement et socialement.
La société dominante gère les affaires de la cité sur la base des lois et du droit commun ; pour ces-musulmans-qui-font-peur, sont produites des lois d’exception, des politiques publiques d’exception, une police et une justice d’exception.
Le jeu de dupes consiste à inverser les rapports de crainte et de domination : faire que les dominés/discriminés soient vus comme menaçants. Les classes opprimées, noirs, arabes, musulmans, deviennent les classes dangereuses. Les classes dominantes, privilégiées, opprimantes deviennent les Français-qui-ont-peur.
Pour exclure les musulmans en dehors du débat public et des décisions politiques, on les disqualifie, comme on les disqualifierait parce qu’ils sont noirs ou arabes. On décrète que les musulmans ne sont pas assez ou sont trop. Ils sont mis hors-jeu car pas assez civilisés, pas assez démocrates, pas assez laïcs… ils sont trop antisémites, trop violents, trop polygames, trop sexistes… Les musulmanes sont, elles, disqualifiées parce qu’elles leur sont soumises.
Les musulmans ne sont donc pas considérés comme des citoyens qui pourraient, au-delà de leur appartenance raciale et religieuse, revendiquer une plus grande justice sociale, la liberté d’expression, de circulation, un accès égal à l’emploi, à l’éducation… ils sont au contraire construits dans l’espace public comme un groupe extérieur qui doit d’abord s’intégrer.
Les musulmans sont tolérés, mais à condition qu’ils ne se fatiguent pas trop leur conscience politique et leur esprit critique. Si on n’est pas contents ? Personne ne nous empêche de retourner vivre dans nos pays sous-développés de musulmans barbares où on aura tout le loisir d’appliquer la charia si ça nous chante.
Lutter contre les discriminations et le racisme anti-musulmans
Pour rompre avec le traitement colonial réservé aux musulmans, il ne faut pas reproduire et se laisser enfermer dans un champ lexical bougnoulesque, du type « les musulmans ont besoin d’être aimés par la république », « cette république qui a du mépris pour les musulmans », « il y a un fort besoin de reconnaissance parmi les jeunes musulmans »… Comme si ça pouvait vouloir dire quelque chose d’en avoir quelque chose à foutre de la reconnaissance, du mépris, de la confiance ou de l’amour d’un système politique basé sur des rapports de domination, dans lequel on fait partie des groupes dominés.
Sortir de ce bla bla colonial qui enferme dans une dimension paternaliste et affective les rapports de force, et qui transforme et personnifie la république en vigile de boîte de nuit, qui mettrait une porte devant nous, ausculterait notre façon de nous habiller, de parler, notre accent avant de, peut-être, nous laisser entrer.
Nous sommes déjà à l’intérieur. Ce n’est pas un rapport intérieur/extérieur, c’est un rapport dominant/dominé.
Rompre avec les injonctions coloniales ne signifie pas laisser l’espace vide, notamment parce qu’on continuerait à y inviter de nouvelles Lumières de l’Islam de France, qui seraient encore plus à plat ventre, si c’est possible. Cela signifie imposer dans le débat public la lutte contre les discriminations raciales à l’encontre des musulmans, comme celles à l’encontre des Noirs et des Arabes. Imposer cette question dans le débat public, pour ne pas se contenter d’un vague débat sur le sentiment islamophobe croissant, qui nous enferme généralement dans un débat sur l’islamophobie, justifiée implicitement ou explicitement dans les médias par la peur normale en réaction à une menace islamique… cela tourne souvent au débat d’opinions.
La question du racisme et des discriminations contre les Noirs et les Arabes, même si c’est loin d’être gagné, est un peu mieux acceptée dans le débat public, alors que le racisme contre les musulmans, est considéré comme faisant partie de la liberté d’expression ou de la liberté de blasphémer. Peut-être aussi que certains d’entre nous ont intériorisé que c’était une lutte qui était moins légitime…
Il nous faut dénoncer le racisme anti-musulman d’État, comme étant structurellement présent dans tous les lieux de pouvoir, y compris médiatiques, et qui se traduit par des lois, des politiques publiques et des discriminations racistes.
Notre lutte n’est pas de prouver, de l’extérieur, qu’on mérite la reconnaissance et la confiance de la république, mais de lutter, de l’intérieur, pour l’égalité des droits, l’égalité de traitement, pour le respect des libertés individuelles et de la dignité de chacun ; lutter contre les privilèges de race, de classe et de genre ; lutter en tant que citoyen-ne-s, et non en tant que potentialité de citoyen-ne qui attend dans les couloirs que le Môsieur lui dise qu’elle/il est assez propre sur elle/lui pour pouvoir entrer dans le débat démocratique et participer à la prise de décision..
Fatima Ouassak
Post Scriptum : cet article est extrait (à titre exceptionnel) du numéro 9 (oct. 2007) de notre journal « L’Indigène de la République« .