« À Paris, j’ai plutôt l’habitude de sonner l’alerte, sonner l’alerte pour dire qu’on ne doit pas relâcher la vigilance face à l’islamisme, on ne doit pas lui trouver des circonstances atténuantes, et surtout pas le risque du racisme, ça ne se fait pas à lui trouver des circonstances atténuantes. On ne doit pas relâcher la vigilance vis-à-vis de l’antisémitisme, mais quand je suis en Israël et comme je suis un peu l’inverse de Tariq Ramadan, j’ai l’habitude de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre et pas le contraire (rire). J’ai juste envie de corriger un peu peut-être l’idée qui, moi me blesse, quand j’ai l’impression que depuis Israël on ne voit la France, c’est pour répondre aussi à Claude Klein qui disait qu’on ne voit d’Israël que les atteintes à la laïcité en France. J’ai envie de lui dire, oui c’est vrai mais il y a une explication à ça. C’est qu’en France depuis dix ans, je suis bien placée pour le savoir, on ne parle que d’islamisme, que d’islam, que d’islam, que d’islam, quasiment, quand on parle d’atteintes à la laïcité et Hassan Chalghoumi est aussi bien placé pour le savoir, et que de temps en temps on est bien obligé de rééquilibrer un petit peu, d’aller trouver des atteintes à la laïcité faites par les autres intégrismes si on veut rester dans une approche laïque et pas dans une approche qui devient uniquement anti islam. Et donc oui quand il y a des atteintes à la laïcité en Israël ça nous fait au moins un exemple qu’on peut citer pour rééquilibrer tous les débats que nous avons en France sur l’islam. Et à l’inverse moi j’ai le sentiment parfois que peut-être vue d’Israël on ne parle plus que de la France, et on a bien raison quand il y a des agressions antisémites et on a peut-être le sentiment qu’aujourd’hui en France c’est devenu quelque chose de tolérée ou de… en tout cas auquel on s’est habitué. Là, j’ai vraiment envie de vous rassurer sur ce point, l’antisémitisme n’est absolument pas quelque chose auquel on s’habituera jamais en France. Nous avons une histoire, personne ne l’oublie, elle est au cœur même de tout ce qui est le débat intellectuel français et c’est ce qui d’ailleurs rend si fou furieux nos adversaires idéologiques pro-islamistes, ou les Indigènes de la république, ou les amis de Tariq Ramadan, les amis de Dieudonné quelques-uns avec qui j’ai l’habitude et d’autres ici de ferrailler, c’est qu’ils ont perdu la bataille intellectuelle en France, ils l’ont totalement perdue. Ils l’on perdue parce qu’il y a notamment le souvenir de la Shoah, qui fait que dès qu’ils franchissent la ligne, dès qu’ils mettent un pied sur quelque chose qui peut ressembler de près ou de loin à de l’antisémitisme, ils sont totalement… les foudres s’abattent sur eux, les foudres dans le débat public français s’abattent sur eux et c’est très bien ainsi. Et sur l’échiquier politique aujourd’hui, on a eu l’habitude ces dernières années de présenter, et je fais partie de ceux qui ont écrit un livre pour dire à la gauche, à ma gauche, parce que je suis de gauche, « ne cédez rien à la tentation obscurantiste », qui commence par la conférence de Durban et qui continue en analysant ceux qui lors de la bataille pour la loi sur les signes religieux de 2004 ont trouvé des circonstances atténuantes au voile, ont trouvé qu’on en faisait trop, qu’en plus c’était une loi votée par la droite donc il ne fallait pas la soutenir. Ces gens-là depuis 10 ans n’ont fait que perdre des points. »
La rédaction
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