Dans quelques semaines, les Français auront un nouveau président. Ou le même. Les grands partis politiques, victorieux ou défaits, comblés, simplement rassurés ou carrément déçus, feront le bilan de leurs campagnes : les alliances profitables et les copinages funestes. Les mots qui ont marché et le lexique à éviter. Surtout, ils prépareront leurs prochaines campagnes électorales. Législatives, municipales et, déjà, les présidentielles de 2017.
Aujourd’hui comme demain, les grands partis de gouvernement ne se soucient guère du bien être commun. Au mieux, ils bricolent. Histoire de dire qu’ils réforment. Le monde traverse une crise catastrophique et, eux, ils bricolent. Les économies s’effondrent, broyant les moins lotis, et ils se disputent sur quelques mesures destinées à sauver les plus riches. La planète étouffe des pourritures qui l’encombrent et ils se demandent comment déverser leurs immondices sur les peuples sans défense. Ils font la guerre comme ils l’ont toujours faite, pour contrôler les territoires et les peuples, pour pomper ailleurs tout ce qu’il y a à pomper, pour diviser leurs adversaires ou rabaisser au niveau du vers de terre l’orgueilleux qui leur résiste. Ils dominent le monde parce que c’est nécessaire. Ils le méprisent parce que c’est naturel.
Cette civilisation dont ils sont si fiers a mis des siècles à se construire. Elle s’appelle la « Modernité ». Elle est née dans l’extermination des Indiens d’Amérique ; elle s’est poursuivie dans la Traite transatlantique et la colonisation et se déploie depuis des décennies en semant partout le désastre au profit de quelques minorités privilégiées.
Et c’est à cette civilisation qu’ils veulent nous « intégrer », nous, issus de l’immigration. C’est des charmes de la modernité qu’ils prétendent nous convaincre, nous enfants des quartiers ségrégués, qui subissons les discriminations raciales dans tous les domaines de la vie sociale, qui voyons nos cultures étranglées, nos histoires escamotées et nos religions bafouées.
Cette civilisation qui porte le colonialisme et l’inégalité raciale dans ses entrailles, cette civilisation dont la suprématie blanche est l’une des dimensions fondamentales, nous la refusons. Ce n’est pas à ce pays que nous refusons de nous intégrer, c’est à l’oppression que porte la modernité réellement existante, c’est à cette république bien concrète qui a massacré les manifestants pacifiques algériens le 8 mai 1945, le jour même où la France se débarrassait de l’occupant nazi ; c’est à cet État impérial qui détruit l’Afrique, soutient le despotisme sioniste en Palestine et participe – au nom des mêmes « valeurs » qu’on nous propose comme idéal – à toutes les guerres injustes que mènent les autres grandes puissances.
Alors que les politiciens discuteront du résultat des élections d’avril et des politiques de rafistolage social dont ils sont coutumiers, nous savons, nous, que les enjeux sont ailleurs et qu’un véritable combat pour la dignité ne saurait s’arrêter à la surface des choses. Nous devons préparer l’avenir et définir des stratégies. Poursuivre sur un autre plan et avec d’autres méthodes la lutte entamée par nos peuples d’origine contre la civilisation coloniale. Cinquante ans après la conquête des indépendances, alors que les peuples du monde arabe s’ébranlent et bousculent leurs dictateurs, première étape de la révolution arabe, que de puissants mouvements de contestation grondent en Europe ou ailleurs, que nos banlieues sont lourdes d’une nouvelle révolte, il nous faut savoir où nous allons. Une autre civilisation s’impose signifie à la fois qu’elle est nécessaire, impérative, et qu’elle se gagne dans la lutte.
Le meeting du Parti des indigènes de la république (PIR) est organisé en collaboration avec le Groupe des Associations de Bagnolet.
7 mai 2012 à 19h au Cin’hoche, à Bagnolet (6, rue Hoche-93170)
Avec :
Ibrahim Destomb (Président de l’Association Ensemble à Bagnolet, membre du GAB)
Franco (Alliance noire citoyenne – ANC)
Houria Bouteldja (Porte-parole du PIR)
Sadri Khiari (PIR)
Maboula Soumahoro (Universitaire, Black History Month)
Said Bouamama (FUIQP)