Chacun le sait… ceux qui vivent dans les quartiers populaires, les femmes et les hommes, issus de l’immigration ou pas, souvent musulmans, noirs ou roms sont soumis à la ségrégation, au chômage, au racisme, et au contrôle policier au faciès – et ne trouvent dans les institutions et la vie politique aucun moyen d’exprimer leurs attentes et aspirations. Les oppressions et les résistances qui se tissent dans les banlieues, sont traitées en termes de problème sécuritaire ou de réactivation de l’« identité nationale » – les musulmans d’aujourd’hui étant de plus en plus stigmatisés comme les juifs d’hier. Quel journaliste, quel discours politique voudra prendre à bras le corps ces questions et dénoncer l’islamophobie sur les plateaux de télévision, faire le bilan de toutes les lois répressives contre l’immigration ? Qui confrontera les lectures sectaires de la laïcité et leurs projets liberticides à l’expérience quotidienne de leurs victimes et aux fondements juridiques des droits ? Si la nécessité de combattre le racisme est évoquée, pour faire pièce à Marine Le Pen ou à Nicolas Sarkozy, rien n’est fait pour que la lutte contre la ségrégation urbaine, les discriminations raciales et la précarité, soit un axe fondamental de réponse aux exigences portées par les révoltes de 2005 dans les quartiers populaires.
La misère et les inégalités s’élargissent avec les crises financières et les pseudo plans de « sauvetage » détruisant sur leur passage emplois et acquis sociaux; les États renflouent les banques mais veulent supprimer les services publics et rendre les populations coupables et comptables de la crise ; le fossé se creuse entre les minorités privilégiées et la grande masse des populations de plus en plus précarisées, pendant que les puissances impériales poursuivent leur déploiement militaire, semant partout la désolation et la guerre.
Pour notre part, puisant notre énergie et notre inspiration dans la révolte des quartiers en 2005, dans les luttes pour l’égalité réelle, dans l’élan révolutionnaire des peuples du monde arabe et la lutte du peuple palestinien pour ses droits, dans les mobilisations exemplaires en Afrique, à Mayotte et celles des « Indignés » de la Grèce aux Etats-Unis, de l’Espagne au Chili, nous refusons de n’imaginer le futur que sous la forme d’une droite libérale, sécuritaire et raciste ou sous celle d’une gauche gestionnaire d’un ordre admis. Nous sommes convaincus qu’existent des alternatives au désastre. Tout un monde d’oppression n’en finit pas de s’écrouler sous nos yeux qui appelle des solutions radicales qui doivent s’imposer dans les débats et accompagner les prochaines présidentielles.
Nous sommes un regroupement de militants et de personnalités de gauche, d’associations des quartiers, d’organisations politiques anti-racistes et décoloniales, déterminés à forcer le débat notamment durant la campagne présidentielle. Nous voulons aider à l’action et l’expression des populations exclues de tels débats, femmes et hommes, et porter quatre préoccupations :
• contre le racisme, en premier lieu le racisme d’État, l’islamophobie, la surexploitation, le harcèlement et l’expulsion des sans papiers ; contre les inégalités, la ségrégation urbaine – en nous revendiquant des droits égalitaires ;
• contre les violences institutionnelles de la police, de la justice, et, de l’école au Pôle Emploi, pour l’invention d’institutions démocratiques au service de toutes et tous ;
• contre les politiques libérales porteuses de la crise économique, en défense des droits sociaux fondamentaux ;
• contre les rapports de domination internationaux et néo-coloniaux en particulier en Palestine et en Afrique ou dans les DOM-TOM, en soutien aux exigences portées par les processus révolutionnaires en cours.