Pourtant, la peur est partout, en partie alimentée par la surinformation qui nous noie, et participe de l’impuissance que nous éprouvons.
La peur de l’autre d’abord, dont on voit partout les symptômes : caméras de surveillance, fichage, politiques liberticides et répressives, discours racistes et identitaires, résidences sécurisées, ghettoïsation croissante, diabolisation de certaines religions…
Peur de la nature dont on n’accepte plus l’indiscipline, de plus en plus violente, il est vrai, en raison du mépris dont l’Homme a fait preuve à son égard : alimentation industrielle, réchauffement climatique (vagues géantes, canicules, innondations…), épuisement des ressources, vaccination contre de pseudo épidémies…
Celle de la science qui semble s’emballer et perdre le contrôle d’elle-même, et à laquelle le citoyen ordinaire croit ne plus rien pouvoir comprendre, mais dont il attend tout : pollutions de tous types, manipulations génétiques, nano-dangers, ondes électromagnétiques…
Peurs d’événements sur lesquels nous avons le sentiment de n’avoir aucune prise : déclassement social, pauvreté, terrorisme, guerres, démographie (invasions des populations du tiers monde, des produits chinois…), prolifération nucléaire, finance toute puissante…
Peurs fondamentales enfin, qui nous touchent au plus intime : solitude, vide, mort, abandon, qui reflètent une quête de sens dans un monde déboussolé qui confond abondance et bien-être.
Certaines parmi ces menaces sont délibérément exagérées, caricaturées, voire totalement inventées. Si certaines autres ont un fondement, la façon dont elles sont présentées, mises en scène, tend à nous paralyser plutôt qu’à nous faire réfléchir, réagir et agir. Quelles logiques, quels intérêts sous-tendent la vision qui nous est donnée du monde, proche ou lointain, qui nous entoure ?
En se demandant à qui profite la peur, on peut espérer distinguer les vrais dangers qui nous guettent des menaces agitées par les charlatans modernes.
La 9e édition du festival Images Mouvementées d’Attac tentera de décrypter les véritables enjeux derrière « le poids des mots et le choc des photos ».
La peur n’évite pas le danger, elle peut même le rendre plus dangereux encore.