Cher Duc,
Sais-tu seulement ce qu’était l’assimilation dont tu parles avec tant d’aisance ?
Dans les années 20, mon grand-père avait environ 6-7 ans. Il habitait dans un petit village près de Saint-Connan, un bourg du Centre-Bretagne entre Corlay et Guingamp. Tu connais peut-être.
A l’époque, à la rentrée des classes, on attelait chaque élève ne sachant pas encore parler français à un joug, utilisé traditionnellement pour atteler les bœufs et les chevaux de trait, et on les traînait ainsi sur la place principale du bourg, devant tous les villageois, pour bien montrer qui-c’est-qu’est-le-plus-fort.
A 6 ans. Inutile de te préciser que les gentils organisateurs de cette mascarade étaient les notables du village, pour mon exemple précis le maire et le curé.
Ce jour-là, mon arrière-grand-père a traversé la place du village, stoppé la procession, détaché son fils, et a dit : « Si ça c’est l’école de votre république française, alors elle n’est pas pour nous », et est parti.
Mon grand-père n’a plus jamais remis les pieds à l’école et n’a jamais appris le français. Je n’ai communiqué que difficilement avec lui étant petit. Il est mort en 1989, j’avais 8 ans.
Alors ton assimilation et ta IIIe République, si tu savais où les principaux intéressés se les carrent…
Kenavo.
SOURCE :Rue89