Réponse

A ceux qui choisissent entre bons et mauvais musulmans

Il y a des musulmans plus sympas que d’autres.

La France n’a pas de problème avec ceux pour qui l’islam n’a pas grand-chose de plus qu’une valeur symbolique. Par contre, les choses se gâtent si tu es une femme qui porte le hijab, si tu pries cinq fois par jour ou si ta religion représente plus pour toi qu’un pendentif en or sur un décolleté.

La semaine dernière, un article sur Rue89 a fait débat : Mohamed, ingénieur marocain, athée, déclare vouloir quitter la France pour rentrer chez lui. 200 000 lecteurs et 1 200 commentaires plus tard, on comprend que la question interpelle les Français, partagés entre quelque chose comme « t’as raison, casse-toi » et « oh Momo s’il-te-plaît reste, on a besoin des gens comme toi ».

« Heureusement qu’il n’est pas musulman »

Tout au long de l’article, on ne peut pas s’empêcher de se dire, avant de vite chasser cette pensée : « heureusement qu’il n’est pas musulman », sinon le débat n’aurait même pas lieu d’être, on lui dirait que partir, c’est le choix de la maturité, que c’est vrai qu’il y a une limite de compatibilité entre islam et vie en France, que s’il est pas content, c’est effectivement mieux qu’il rentre chez lui, là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée, là où le peuple islamisant se trouve dans son élément naturel.

Peu importe si Marrakech est une maison de retraite géante pour Franchouillards bronzants et un bordel pour pédophiles low cost.

Peu importe si Casablanca est une ville quasi-colonisée où l’on parle français et où les sujets importants se discutent en euros.

Cet Orient fantasmé qui est sur le méridien de Bruxelles suffit à l’imagination d’un peuple de France qui se regarde pour la première fois dans le miroir qu’on lui tend.

L’Orient, c’est cette farandole ramadanesque qui peuple les catalogues des supermarchés glissés dans ta boîte aux lettres par un Sri Lankais sans-papiers ce qui est, tu en conviendras, un comble pour un distributeur de prospectus.

Dans cet univers, couscous et danse du ventre sont servis autour d’un Sidi Brahim. Merguez et arabesques, grotesques comme cette pub où des Arabes souriants et affamés se jettent sur des boîtes de raviolis en conserve, enfin libérés de la prison alimentaire qui les empêchait jusque-là d’être des consommateurs comme les autres.

Le traitement des minorités épinglé

La France, en l’espace de quelques semaines, est épinglée par la Commission européenne, par l’ONU et même à l’intérieur de ses frontières par la Commission consultative des droits de l’homme sur sa gestion des minorités, avec, parmi les grands points négatifs, un rôle de l’Etat non négligeable dans l’aggravation de certaines discriminations.

Le traitement insupportable qui est infligé aux Roms et la honteuse déchéance de nationalité qui fait (de moins en moins) débat en sont des manifestations récentes.

Pendant la même période, les affaires impliquant des membres du gouvernement se suivent depuis des mois sans faire de pause estivale : l’un s’octroie un généreux permis de construire pour sa maison, l’autre se fait payer ses cigares, une autre se fait héberger en suite 5 étoiles et explose son budget voyage, tandis que le M. Propre du pouvoir se retrouve englué dans une sordide affaire ou il aurait fait embaucher sa femme par le gérant de fortune d’une milliardaire dont il avait la responsabilité de faire surveiller les comptes.

Le côté obscur de la France

Dans le même temps, cette dernière faisait de larges contributions financières au parti dont ledit M. Propre est le trésorier et qui, Ô miracle, se trouve être celui du Président Rolex-portant, mannequin-mariant, Fouquet’s-dînant, et yacht-voyageant qui appelle, à qui veut bien encore l’écouter, à l’avènement d’une république exemplaire. Entends-tu ce glorieux chant ?

Belle moralité française, boîte six vitesses et bouton de siège éjectable pour chaque passager.

La France est la risée du monde, elle qui endosse l’étendard des droits de l’homme dans les instances diplomatiques et sombre côté obscur dès qu’on parvient (difficilement, mais pistonné) à pénétrer à l’intérieur de ses frontières.

Entre les gloussements moqueurs des « alliés » de la France et les articles très critiques produits par des médias qu’on pourrait qualifier de sérieux, le New York Times en première ligne, il serait temps de réaliser que le pays des droits de l’homme suit une évolution bananofascisante qui mêle un pouvoir politico-financier contrôlant en grande partie les médias à un gouvernement démocrate dans ses instances, autoritaire dans ses intentions, discriminant et raciste dans sa vérité.

Le peuple français soutient ce gouvernement dans ses dérives

Là, normalement, c’est le moment du texte où j’explique qu’un tel gouvernement est en décalage total avec son peuple, comme devrait l’être tout régime injuste qui va à l’encontre des intérêts de ses citoyens. Mais j’ai beau chercher, ce n’est hélas pas le cas.

Le peuple français soutient ce gouvernement dans ses dérives. J’aimerais croire que c’est parce qu’il est acculé à des difficultés économiques, à la souffrance d’un quotidien où l’espoir d’une vie meilleure peine à paraître.

A droite, on rejette les musulmans non-fadelamarisants dès qu’ils entendent pratiquer leur religion sur le thème de la non-compatibilité avec l’identité française.
A gauche, on rejette les musulmans non-malekboutisants dès qu’ils entendent pratiquer leur religion sur le thème de la non-compatibilité avec la laïcité française.
Elle a bon dos, cette fameuse laïcité qui permet de préjuger du libre arbitre de millions de femmes à choisir librement leur façon de se vêtir, d’exclure des mamans des sorties scolaires de leurs enfants, de discriminer toute personne présentant des signes jugés comme liés à l’islam (barbe, tenue, etc), de refuser tout droit à la visibilité à 10% de la population du pays.

Laïcité est le nom d’une cape sous laquelle se drape le racisme d’autrefois pour sortir en milieu autorisé.

Sur le site du Monde, un commentaire traduit l’état d’esprit du moment à l’égard des musulmans :

« Quand on les voit obéir aux prescriptions de leur religion, comme en ce moment pour le ramadan, on est en droit de se poser la question de savoir si on peut encore les qualifier de modérés. »

Traduire : « En matière d’islam, le ramadan c’est déjà trop. »

Le tampon de la modération

Qui donc détient ce précieux tampon de la modération ? Où est-il, qu’il puisse m’indiquer quel degré d’abandon de notre foi nous devons concéder pour être des musulmans acceptables sur notre propre sol ? Où est-il, que je lui demande qui l’a mis à ce poste, et si lui-même satisfait aux critères de l’appartenance nationale dont il entend m’exclure ?

J’ai une mauvaise nouvelle pour ceux qui espèrent que, comme le gentil Momo hébergé en attendant son départ chez Rue89, nous allons abandonner notre religion et quitter le navire pour aller vers des cieux plus ensoleillés : je reste (encore un peu au moins).

Pas que l’hospitalité française m’ait positivement marqué le moins du monde (elle est d’ailleurs jugée catastrophique par les touristes du monde entier), mais après trente-deux ans en territoire hostile, il faut croire que, comme tout bon microbe qui se respecte, je suis devenu relativement résistant. Et tout porte à penser que je ne suis pas le seul…

J’entends pratiquer ma religion librement. J’entends marcher dans la rue habillé comme je veux. J’entends donner une éducation religieuse à mes enfants. J’entends jeûner quand et comme je veux. J’entends prier quand et comme je veux. Dans la rue si je veux. Dans les parcs si je veux.

J’entends défendre la sécurité de ma femme et de mes enfants contre tous ceux qui oseraient porter atteinte à leur intégrité et j’entends exiger de mon pays qu’il me garantisse ces droits fondamentaux.

J’entends, en tant que Français, définir, autant que n’importe quel autre de mes concitoyens, une fraction de l’identité de ce pays. Et j’attends de mes concitoyens qu’ils respectent cela.

L’appel des sinistrés du Pakistan

Il est 14h35 et, à l’heure où je termine d’écrire ce texte, 20 163 personnes ont voté sur le site du Figaro pour répondre à la question : « Etes-vous sensible à l’appel à la solidarité en faveur des sinistrés du Pakistan ? »

76% des personnes ont répondu « non ».

76% des Français qui ont jugé utile de s’exprimer considèrent que non, les sinistrés du Pakistan ne méritent pas notre solidarité.

76% des Français qui ont pris le temps de cliquer puis de valider puis de recliquer puis de revalider considèrent que non, les « barbus » ne valent décidément pas « notre sympathie » car « c’est eux qui nous fournissent des terroristes » (je cite les commentaires des votants).

L’un des internautes nous propose une analyse constructive : « Les aides profiteraient d’abord à la multitude terroriste qui squatte le pays. Qu’ils règlent ce problème et on ne parlera plus de l’Afghanistan. On verra ensuite pour les aides » ce qui, tu en conviendras, n’est pas du tout un amalgame injuste infligé à la population du Pakistan, femmes, enfants et vieillards compris (ne parlons pas ici des hommes en âge de marcher qui, comme chacun sait, concédons le au sieur Zorg, sont des talibans en puissance).

On découvre au fil des commentaires ce qui motive les gens à voter « non » et à ainsi refuser à une population sinistrée leur solidarité : une haine et un refus profond de l » islam et des musulmans, et ce sur l’acrobatique amalgame émotionnel suivant : Pakistanais=musulmans=talibans=terroristes=pas humains=pas besoin de leur porter secours, qu’ils crèvent.

Curieux, ce deux poids deux mesures en fonction de la foi qu’embrassent les victimes d’une catastrophe naturelle. Dangereuse, cette capacité à déshumaniser les hommes et les femmes qu’on n’aime pas jusqu’à leur dénier même le droit à la survie.

Abjecte, cette concurrence dans les horreurs et la souffrance humaine qui veut qu’une vie dans un gratte-ciel à New York vaille tellement plus que 1 000 vies au Rwanda, que 1 000 vies au Pakistan, que 1 000 vies en Tchétchénie.

SOURCE : Rue89

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