Dans le cadre de la semaine anticoloniale, la CCIPPP, Génération Palestine, l’UJFP, en partenariat avec l’ACCA, organisent une conférence-débat sur le thème : « Palestine/Israël : une question coloniale, une question française ».
La question palestinienne est particulièrement importante pour toute réflexion sur la colonisation aujourd’hui parce que les Palestiniens continuent à vivre une situation coloniale directe et violente. Celle-ci est l’héritage de l’impérialisme européen qui a transformé l’ensemble des relations internationales depuis la seconde moitié du XIXème siècle jusqu’au milieu du XXème siècle. La Palestine a connu les deux formes de colonisation nées durant cette période : colonie administrative dans le cadre du mandat britannique, elle est progressivement devenue une colonie de peuplement, à l’instar de l’Algérie ou de l’Afrique du Sud, notamment lorsque la déclaration Balfour promet en 1917 la création d’un « foyer national juif » en Palestine.
Aujourd’hui, la colonisation en Palestine, c’est d’abord la politique de l’Etat d’Israël, qui maintient les Palestiniens, de Cisjordanie, de Gaza ou des territoires de 1948, dans une situation d’infériorité dont les fondements sont ethniques et, en définitive, racistes. Mais la colonisation en Palestine concerne aussi les relations internationales : les Etats-Unis cherchent à préserver leurs intérêts dans la région à travers une politique qui prend la forme d’un impérialisme renouvelé. La question palestinienne concerne aussi la France et les Français. En effet, la France joue un rôle non négligeable dans la création de l’Etat d’Israël et, aujourd’hui, dans le soutien apporté à cet Etat. Au sein de la société française résonnent aussi les échos du conflit israélo-palestinien : la cause palestinienne est largement perçue à travers le prisme de l’imaginaire colonial qui perdure en France et qui révèle des tensions entre différentes parties de la société française.
C’est sur ces questions que Youssef Boussoumah, Gus Massiah, Denis Sieffert, Yaël Lerer et Mireille Fanon Mendes-France nous inviteront à réfléchir le 24 février.
Youssef Boussoumah,
militant du Mouvement des Indigènes de la République et historien, reviendra sur les fondements idéologiques et le cadre colonial du soutien de la France à la création de l’Etat d’Israël.
Gus Massiah,
un des fondateurs du CEDETIM, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale. Il est également parrain du Tribunal Russell sur la Palestine. Il interviendra sur la place de la question palestinienne dans l’évolution des stratégies de colonisation et de la pensée coloniale.
Denis Sieffert,
directeur de la rédaction de Politis et auteur en 2005 d’Israël-Palestine, une passion française, s’intéressera quant à lui à la perception du conflit en France et à la façon dont l’imaginaire colonial interfère dans le débat sur la Palestine.
Yaël Lerer,
fondatrice de la maison d’édition al-Andalous et traductrice de l’arabe vers l’hébreux, parlera quant à elle de l’impact de l’idéologie coloniale sur la société israélienne.
Mireille Fanon Mendes-France,
de la Fondation Frantz-Fanon, membre du Tribunal Permanent des Peuples, articulera la question palestinienne au principe juridique du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tel qu’il s’énonce dans le cadre des relations internationales, suite à la Conférence de Bandung en 1955.