Le 12 décembre 2009, s’est tenue à la Sorbonne une rencontre consacrée à « Gaza, un an après ». Pour analyser les perspectives du territoire palestinien et plus généralement de l’arc des crises proche et moyen-orientales, le Mouvement des indigènes de la République a invité plusieurs experts, dont le député libanais Ali Fayad, membre du groupe parlementaire du Hezbollah. En préambule des débats, le nom de Salah Hamouri est à nouveau cité lorsqu’une jeune femme se met à hurler : « Le Hezbollah nepeut s’exprimer dans l’enceinte de la Sorbonne ! » Telle une possédée de Loudun, elle se jette à terre en déchirant ses vêtements avant d’être évacuée par un service d’ordre parfaitement calme et très professionnel devant une assistance médusée par la grossièreté de la provocation.
Les débats reprennent aussitôt après ce léger incident qui a duré, montre en main, trois minutes trente. Ali Fayad peut alors faire un intéressant parallèle entre la guerre asymétrique menée par l’armée israélienne contre le Liban en juillet-août 2006 et l’agression particulièrement sanglante que cette même soldatesque a fait subir à la population de Gaza en décembre 2008-janvier 2009. Ces deux opérations ont été des échecs militaires qui n’ont atteint aucun de leurs objectifs initiaux. Sur le plan politique, le fiasco est encore plus désastreux pour l’image d’un gouvernement israélien incapable de modifier une donne stratégique qui lui est désormais organiquement défavorable, sans compter une série de violations des conventions de Genève, l’emploi d’armes interdites et des bombardements répétés d’hôpitaux et d’écoles des Nations unies. Le politologue Walid Charara dresse ensuite une typologie des menaces qui planent sur la région, notamment celle d’une nouvelle guerre israélienne contre le Liban, tandis que plusieurs parlementaires français et belges s’étonnent du silence, sinon de la complicité, de la communauté internationale.
La réunion se termine dans le calme et la convivialité d’un moment de solidarité passé ensemble sous le parrainage du philosophe Gaston Bachelard. La directrice de cabinet du président de la Sorbonne est rassurée. Tout s’est bien passé. Extinction des feux vers 18 heures, chacun se dispersant dans les rues illuminées d’un Paris qui prépare les fêtes de fin d’année. Quelques minutes plus tard, une dépêche de l’Agence France Presse (AFP) reprise par le site du Figaro titre : « Sorbonne/conférence : des échauffourées. » En une vingtaine de lignes, la dépêche relaie fidèlement un communiqué de l’Union des étudiants juifs de France. Toujours selon l’information de notre agence nationale, dix de ses étudiants auraient été insultés et agressés physiquement. L’AFP ajoute que des dépôts de plainte sont en cours avant de concéder trois petites lignes à la porte-parole des Indigènes de la République, Houria Bouteldja : « Il y avait des provocateurs dans la salle, qui se sont mis à hurler avant même que les débats ne commencent. Ils ont fait du grabuge et nous avons un service d’ordre qui les a sortis. C’est tout. »
Hormis le déséquilibre asymétrique de mots, donc de l’information, évidemment pas une ligne sur l’objet de la réunion, le contenu des débats et la qualité des différents intervenants. Dans une France des droits de l’homme qui s’interroge au plus haut niveau sur la nature de son identité, les informations de l’AFP demeurent pluralistes, factuelles et équitables, mais certaines sont plus équitables que d’autres…
Dès lors, on comprend et partage aisément l’agacement de François Cluzet devant l’inégalité de traitement dont est, structurellement, victime notre compatriote Salah Hamouri qui a le tort d’être à moitié palestinien.
On comprend mieux le mépris avec lequel notre étrange ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a traité la famille Hamouri depuis le début de l’incarcération arbitraire de Salah. On comprend mieux les brillantissimes prestations de notre très jeune ambassadeur.
Par Richard Labévière
Source : Afrique-Asie