Salem à toutes et à tous,
Bien sûr, nous sommes ici en signe de deuil.
Bien sûr, nous sommes ici pour commémorer les martyrs du 17 octobre 61, assassinés par le terrorisme colonial. Le terrorisme colonial d’un Etat qui se disait Et républicain Et démocratique.
Bien sûr, nous commémorons la mémoire de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui ont manifesté pour leur liberté et leur dignité.
Mais cette commémoration doit aussi être l’occasion d’élever notre conscience anticoloniale.
Nous ne sommes pas ici pour honorer la mémoire de ces Algériens parce que Algériens mais parce que colonisés et combattants anticolonialistes.
Or, sur le terrain, que constatons-nous ?
La plupart de ceux qui commémorent Sankara sont burkinabés.
La plupart de ceux qui commémorent Cabral sont capverdiens.
La plupart de ceux qui commémorent Lumumba sont congolais.
La plupart de ceux qui commémorent Ben Barka sont marocains.
Cela n’exprime pas une avancée mais un recul de la conscience anticoloniale. Il s’agit aujourd’hui de casser ces cloisonnements et de constituer un front uni, une force anticoloniale rassemblant tous les anticolonialistes convaincus.
Par ailleurs, cette conscience anticoloniale fait que nous ne pourrons plus nous contenter d’une simple commémoration annuelle, soutenue par la mairie de Paris pour laquelle cela devient un rituel dans l’agenda de M. Delanoë qui lave, à bon compte, la responsabilité de l’Etat et de la classe politique. Nous exigeons du Maire de Paris et des représentants de l’Etat que les criminels soient désignés clairement : La police au service de l’Etat.
Enfin, il y a une indécence de la part de M. Delanoë à prétendre commémorer les martyrs du 17 octobre et faire du soldat Gilad Shalit un citoyen d’honneur de la ville de Paris… Gilad Shalit, soldat d’une armée coloniale d’occupation !
Nous demandons à M. Delanoë qu’il cesse de faire de la politique politicienne, de la politique clientéliste. Nous ne demandons pas de traitement de faveur mais la justice et la seule justice pour toutes les victimes du racisme d’Etat d’hier et d’aujourd’hui : Zied et Bouna, Mouhsin et Larami, Yacou Sanogo, Rabah Bouadma, Ali Ziri ainsi que tous ceux qui sont visés par les politiques sécuritaires du gouvernement actuels et en particulier les sans-papiers.
Retrouvons-nous ici l’année prochaine, in cha Allah!
Houria Bouteldja, porte-parole du MIR
Paris, le 17 octobre 2009