Car, les colonisés, indigènes, » sujets » de la république n’ont ni le droit de s’exprimer ni celui de protester ni même celui de s’exposer. Ils sont contraints à l’invisibilité !
Nous, indigènes d’aujourd’hui, noirs d’Afrique ou des Dom-Tom, arabes, musulmans, enfants de l’immigration post- coloniale, sommes à peine tolérés au sein de l’espace public. Nous sommes toujours condamnés à l’invisibilité » républicaine « .
Nos odeurs, nos voix, nos corps sont intolérables ; nos cultures, nos croyances, nos différences, sont folklorisées ou perçues comme une insupportable agression contre les » valeurs universelles de la république » ; nous polluons l' » identité française « , nous n’existons que comme délinquants, intégristes islamistes ou violeurs.
On ne nous » aime » que devant une benne à ordure, appendice d’un marteau-piqueur, footballeur, dévoilées, derrière les barreaux. Ou pire : INTEGRE-E-S !
La France officielle occulte son passé colonial pour entretenir le mythe de la république égalitaire et masquer ainsi les multiples discriminations présentes. Elle impose, par l’article 4 de la loi du 23 février 05, l’enseignement du » rôle positif » de la colonisation pour réhabiliter le mythe de la » mission civilisatrice » de la France dont nous sommes, nous, la nouvelle cible.
Peine perdue ! Les indigènes veillent.Car, nous sommes la mémoire vivante des atrocités coloniales ; nous refusons les discriminations racistes et l’injonction républicaine à l’intégration, synonyme d’assimilation.
Le 17 octobre prochain, nous investirons l’espace public, tout comme les manifestants du 17 octobre 61. Nous exigerons le droit à l’ostentation et l’abrogation de l’article 4 de la loi du 23 février.
Partie prenante du Collectif » 17 octobre 1961 « . Nous appelons à une marche le 17 octobre 2005 à Paris, à partir de 18h30, du Pont Saint-Michel au Palais de Justice.
Les Indigènes de la république prolongeront cette initiative : . sous la forme d’un défilé aux flambeaux à partir de 20h à Paris tout au long des quais de la Seine. . Et dans de nombreux autres lieux en France.
Exigeons l’abrogation de l’article 4 de la loi du 23/02/05
Pour ceux qui font le Ramadan, il y aura des dattes pour tout le monde ! Soyons nombreux !
MIR, 10 octobre 2005