Le P.I.R.

Un Parti des indigènes, pour quoi faire ? Trois questions, trois réponses

Un Parti des indigènes aura pour objectif fondamental d’organiser et de poursuivre la lutte pour la décolonisation et contre la perpétuation des inégalités raciales. Il aura pour objectif culturel de promouvoir une vision de l’histoire et du monde qui n’aurait pas pour centre, considéré comme supérieur, l’Euro-Amérique blanche. Son but sera de participer, aux côtés d’autres forces politiques de par le monde, à remettre en cause la suprématie culturelle, politique et économique, des puissances, constituées dans la traite négrière transatlantique et la colonisation, sur l’ensemble des autres peuples.

Quelle est la finalité d’un Parti des indigènes ?

Un Parti des indigènes aura pour objectif fondamental d’organiser et de poursuivre la lutte pour la décolonisation et contre la perpétuation des inégalités raciales. Il aura pour objectif culturel de promouvoir une vision de l’histoire et du monde qui n’aurait pas pour centre, considéré comme supérieur, l’Euro-Amérique blanche. Son but sera de participer, aux côtés d’autres forces politiques de par le monde, à remettre en cause la suprématie culturelle, politique et économique, des puissances, constituées dans la traite négrière transatlantique et la colonisation, sur l’ensemble des autres peuples. Au sein de l’espace politique qui a pour nom la France, un Parti des indigènes agira pour que l’Etat renonce à sa politique impériale et démantèle ses institutions militaires, politiques, culturelles, économiques de domination à l’échelle internationale. En particulier, le Parti des indigènes agira pour que les peuples des actuelles colonies françaises (« Dom Tom ») puissent librement choisir leur destin. Il se mobilisera contre la participation de la France à la construction d’une Europe blanco-chrétienne. Il agira pour remettre en cause l’ensemble des institutions, des dispositifs et des logiques sociales qui contribuent à la reproduction des hiérarchies raciales sur lesquelles reposent la domination et les privilèges blancs. Exprimé en termes positifs, le Parti des indigènes a pour objectif en France la réalisation d’une société et d’un système politique fondés réellement sur l’égalité des individus entre eux et des communautés, indépendamment de leurs couleurs, de leurs origines, de leurs cultures, de leurs spiritualités.

Par quel moyen pourrait être réalisés ces objectifs ?

La réalisation de ces objectifs a pour impératif l’accession d’une nouvelle majorité politique au pouvoir. Le Parti des indigènes agira, par conséquent, pour contribuer à une recomposition des forces politiques françaises dans la perspective de faire émerger une alliance majoritaire dans les principales instances politiques (parlement, gouvernement…), déterminée à engager un processus de réformes en profondeur qui battent en brèche les dispositifs et les instruments de la domination impériale et de la reproduction des inégalités raciales. En d’autres termes, le Parti des indigènes ne saurait être ni un « syndicat » des immigrés et/ou des quartiers, ni un « mouvement social » destiné seulement à obtenir la satisfaction de telle ou telle revendication, ni une « force protestataire » pour « crier » nos révoltes, et encore moins un « lobby » qui permette l’intégration d’une « élite indigène » au sein des institutions. Le Parti des indigènes agira pour modifier les rapports de forces politiques au sein de la société et au cœur même des centres du pouvoir, afin que le projet décolonial devienne une dimension majeure des politiques menées par les principales instances de décision de l’Etat. En l’absence d’un tel horizon, il n’y a pas de politique indigène. C’est ça ou l’« intégration ».

Que signifie, de ce point de vue, l’autonomie politique indigène ?

Il va de soi qu’une nouvelle majorité politique décoloniale ne peut être constituée à partir des partis politiques – de droite ou de gauche – tels qu’ils existent actuellement. Aussi bien dans leurs politiques que dans leurs fonctionnements internes, ces partis politiques participent, à des degrés divers et selon des modalités plus ou moins directes, à la préservation de la suprématie blanche. En leurs seins, les Noirs, les Arabes, les musulmans sont et resteront marginalisés, instrumentalisés, traités comme des indigènes. Pour autant, le pari que nous devons faire sur l’histoire est, qu’à travers notre action et l’ensemble des luttes à l’échelle locale et internationale, puissent émerger dans ces partis et dans les différents mouvements sociaux et culturels constitutifs du champ politique blanc de nouvelles forces politiques convaincues de la centralité de la question coloniale et raciale. Des batailles de longue haleine seront nécessaires pour que cette perspective s’incarne réellement sur la scène politique, que de telles forces blanches anticoloniales se cristallisent et que s’ébauche une nouvelle majorité politique au sein de laquelle les indigènes ne soient pas une composante mineure et impuissante. Mais, pour que ce soit un jour possible, il est indispensable que les indigènes puissent peser de toutes leurs forces, c’est-à-dire qu’ils s’organisent en toute indépendance et sur la base de leur propre programme politique. Sans cette capacité d’organisation, de mobilisation et de réflexion autonome, nous serons toujours les dindons de la farce.

Ça va pas être facile !

Oui.

Sadri Khiari (MIR)

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