Examen du brevet des collèges :

Propagande coloniale à l’épreuve d’histoire-géographie – Les élèves bafoués, la Françafrique une fois de plus glorifiée

Le gouvernement vient de se rendre coupable d’une nouvelle provocation raciste. Cette fois à l’occasion de l’épreuve d’histoire géographie de l’examen national du brevet des collèges qui vient d’avoir lieu jeudi 26 juin 2008. D’ores et déjà celle-ci apparaît bien comme une nouvelle entreprise de formatage des jeune esprits. Une épreuve où le mépris pédagogique des élèves dont beaucoup ont des liens avec l’Afrique, n’aura eu d’égal que l’arrogance et le mépris affiché des peuples dominés par la France.

Tout d’abord observons l’objet des documents ainsi que leur source. L’académisme de façade ne résiste pas à la simple observation. Ce sujet apparaît comme un des plus anti pédagogiques qui soient. Ce qu’il ne faut pas faire. En effet si le B.A BA de l’enseignant se fait fort de recommander l’usage de documents considérés comme fiables, issus par exemple d’agences onusiennes comme le BIT ou le CNUD ou d’ouvrages universitaires, il semble désormais que ce soit dans les tiroirs peu ragoûtants du ministère de l’identité nationale que les professeurs d’histoire-géo seront bientôt encouragés à aller puiser leurs sources.

Ainsi le 1er document présenté dans ce prétendu dossier géographique n’est autre qu’un extrait du très récent rapport de H.Védrine commandé par le président Nicolas Sarkozy sur l’Etat de l’économie française. Rapport subjectif et chauvin s’il en est. A la gloire des multinationales françaises. Quant au second il émane directement, comme indiqué, du ministère de la Guerre.
Après la lettre de ce pauvre Guy Mocquet, martyrisé une seconde fois, le retour annoncé de la Marseillaise et les multiples empiètements dans l’éducation du sarkozisme politique, semblent préciser la dérive annoncée vers une école toujours plus idéologique.

D’ailleurs dans le cadre de la politique de réduction de la dette nationale et de dégraissage du mammouth de la fonction publique, on ne saurait trop conseiller aux services élyséens, tant l’osmose paraît parfaite, la création d’un super ministère des identité et éducation nationales réunies. Les professeurs pouvant ainsi directement, en classe, au moment de l’appel, procéder aux vérifications des titres de séjour de leurs élèves étrangers et les faire interpeller immédiatement en début de journée. La réduction drastiques prévue des effectifs de professeurs ainsi que l’effondrement du budget de l’éducation nationale allant de pair et paraissant même comme une des conditions de la nouvelle école républicaine selon Sarkozy.

Si jadis on évoquait l’union du sabre et du goupillon à savoir celle des armées et de l’Eglise catholique comme pilier de l’Etat français, celle de la plume, de la matraque et du camembert, à savoir la bande Darcos / Alliot Marie/ Hortefeux/ Morin s’impose comme le socle du régime actuel.

Mais il y a autre chose. Plus infamant encore que ce manquement à la pédagogie, c’est l’orientation de ces documents. En effet précisons le pour les cancres, la réponse à la questions 3 « sur quel continent se manifestent les éléments de la puissance française » à savoir « concentration de forces militaires et grand nombre d’interventions militaires » n’est à chercher ni du côté du continent américain, ni de celui du continent asiatique, encore moins vers les contrées septentrionales du globe. Il semble que ce soit bien vers l’Afrique, ces territoires que la république ne s’est jamais résignée à perdre et que les perfides anglo-saxons lui disputent âprement qu’il faille tourner le regard.

A ce titre ce sujet de géographie du brevet des collèges de l’année 2008 constitue une véritable provocation ainsi qu’une fin de non recevoir, froide comme le couperet d’une guillotine républicaine un matin de février, à l’encontre des doux rêveurs qui espéraient de la France une remise en cause de son passé colonial à défaut de faire amende honorable. En fait tout se passe comme si loin de vouloir organiser de nouveaux rapports avec l’Afrique on cherchait au contraire à pérenniser un état de fait admirablement résumé par Sarko dans son discours de Dakar ainsi que de graver dans les jeunes esprits, la nécessité pour le pays des mille fromages et mille pinards de conserver militairement s’il le faut son pré carré africain. Comme élément vital de la renaissance nationale. La juxtaposition de documents exaltant l’œuvre de multinationales françaises avec d’autres établissant les positions de cette même armée en Afrique n’est pas fortuite.

On l’aura compris le décryptage de ce dossier de géographie ne fait aucun doute. Il semble susurrer à l’oreille des chères petites têtes blondes « regardez comme notre pays est beau et puissant, regardez comme nos multinationales se portent bien . Si vous voulez que cela perdure il faudra tout faire pour conserver l’Afrique à notre empire grâce à notre belle marine de guerre ». Quant à l’adresse des autres, ceux dont la tête est un peu moins blonde et qui sont à ce pays beaucoup moins chers, le discours est autre « Ecrasez vous, déjà qu’on vous supporte ou alors tout comme vos ancêtres, vous goûterez bientôt à la semelle des rangers de nos valeureux légionnaires ». L’école sarkozienne est en marche. A ce titre elle apparaît comme un élément de premier plan du redéploiement idéologique. Ce sujet du brevet, pour banal qu’il puisse sembler à certains marque bien parmi de multiples autres signes une avancée supplémentaire vers le totalitarisme chirurgical français. Un totalitarisme aux cibles bien choisies que sont les sous souchiens de ce pays.

(Cliquez sur le Doc pour voir les sujets du brevet 🙂

(27 juin 2008)

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