Crimes policiers, crimes d’État !

Pour Lahoucine Aït Oumghar et tous nos frères tombés sous les balles de la police

Le 28 mars 2013, Lahoucine Aït Oumghar – Allah ya rahmou – 26 ans, tombait assassiné de 5 balles de gros calibre tirées par 3 membres des forces de police qui le guettaient près de chez ses parents.

Ceux-ci prétendent l’avoir abattu en état de légitime défense alors qu’il aurait menacé l’un d’entre eux avec une paire de ciseaux. Et pour donner un peu plus de légitimité à leur crime, ces policiers affirment être intervenus après un supposé hold up ; un hold up dont on sait aujourd’hui qu’il n’a jamais eu lieu ailleurs que dans l’imaginaire raciste de la police.

Une fois de plus, la police a tiré et a tué un des nôtres dans l’indifférence des pouvoirs publics et des partis politiques depuis toujours insensibles au sort des habitants des quartiers populaires.

Une fois de plus, comme si la fonction policière donnait instantanément le pouvoir d’inventer un délit, de condamner et d’exécuter une sentence de mort, la classe politique a accepté sans nuance la version des responsables de l’homicide.

Une fois de plus comme dans les « affaires » d’Hakim Djelassi ou Riad Hamlaou de la région lilloise, ainsi que dans celles d’Ali Ziri d’Argenteuil, de Lamine Dieng de Paris, d’Amine Bentounsi de Noisy le sec, de Hakim Ajimi de Grasse, de Moushin Sehhouli et Lakhamy Samoura de Villiers Le Bel, de Wissam el Yamni de Clermont Ferrand – Allah yerhemhoum – et de centaines d’autres tombés ces trente dernières années dans cette guerre non déclarée contre les indigènes qui peuplent nos quartiers populaires, on a dit que la victime était connue défavorablement des services de police, qu’elle était un délinquant notoire, et qu’elle était en cela responsable de sa place à la morgue.

Une fois de plus, la mémoire d’un frère assassiné est traînée dans la boue par une grande partie de cette presse aux ordres et de ses chiens de garde lâchement soumis.

Une fois de plus, dans une mystifiante inversion des responsabilités, on nous parle de policiers outragés, de justiciers menacés, d’hommes intègres contraints de se défendre.

Une fois de plus, on protège l’image des meurtriers en uniforme sous les yeux d’une famille endeuillée pour qui le décès du proche n’est que le début d’un long calvaire affectif. Et une fois de plus, ce long calvaire affectif se double d’un calvaire judiciaire dans lequel le droit à un procès équitable est largement bafoué par toutes sortes d’embûches, de rapports d’experts bidons, de pressions des pouvoirs publics.

Une fois de plus, fidèle à son idéologie et à son histoire, la République coloniale et raciste pèse de tout son poids, de toutes ses institutions. Une fois de plus, la colonialité du pouvoir s’exprime.

On dit que les morts ont toujours tort. Et à chaque fois que la Police assassine un de nos frère, on prend le mesure concrète de cette formule. C’est un fait : pour l’État français, le cadavre d’un indigène tombé sous les balles de la police a toujours tort. Il espère ainsi enterrer la vérité sans avoir conscience que nous sommes bien vivants et que jamais nous ne renoncerons.

Car Lahoucine Aït Oumghar et les autres frères ne sont morts ni d’un accident de la circulation, ni de la fatalité. Ils sont morts assassinés, victimes d’une politique d’État raciste et coloniale. Témoignant d’un incroyable mépris à l’égard des populations déjà stigmatisées et reléguées dans les cités, celle-ci, en distribuant de véritables permis de chasse, ne fait qu’ouvrir la voie à des lendemains encore plus terribles et plus sanglants. Des lendemains de morts, de morgues et de révoltes.

L’arrêt des violences et des crimes policiers impunis est pourtant une revendication de longue date. C’est celle-ci, qui entre autres, avait fait traverser la France à la jeunesse des quartiers populaires il y a trente ans. Comment, dans de telles circonstances, les pouvoirs publics peuvent-ils dénoncer sans cesse le déficit de respect à l’égard des institutions et de la police ? Comment peuvent-ils être aussi aveugles et ne pas comprendre que jamais la force ne l’emportera face au désir de justice et à l’exigence de dignité ?

Qu’ils en aient conscience ou non, cette bienveillance à l’égard de leurs tueurs en uniforme ne fera que creuser le fossé dont ils se plaignent. Et ce fossé – il ne faut pas en douter – est une promesse de soulèvements et de révoltes à venir.

Nous demandons justice pour Lahoucine et tous nos autres frères tombés sous les balles de la police.

Assez des violences et des harcèlements policiers dans les quartiers populaires,

Assez du soutien de l’État aux policiers coupables,

Assez de compter nos morts !

Nous exigeons que les familles endeuillées aient droit au respect et à la considération.

Et face à cette tragédie sans cesse recommencée, appelons toutes les organisations opposées aux violences policières à unir leurs voix et leurs forces dans ce long combat qui nous attend pour honorer nos êtres chers et pour notre dignité à tous.

 

 Youssef Boussoumah, Membre du PIR

 

Photos de la manifestation pour Lahoucine Aït Omghar, assassiné par la Police – Béthune (Pas-de-Calais) – le 14 mai 2014.

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