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Pas de cessez-le-feu tant que Gaza sera sous le siège

Il n’y a pas de position plus juste, plus clair et plus simple que celle qui stipule que le cessez-le-feu et le siège qui est imposé a la bande de Gaza ne peuvent aller de pair, car le siège est en soi un état de guerre, l’un de ses aspects les plus inhumains. (…).

Cela est admis par tous, militaires et acteurs politiques : le siège est un acte de guerre que subit la bande de Gaza depuis plus d’un an et demi. Tous les points de passage étant fermés, Gaza n’est approvisionnée ni en produits alimentaires, ni en en carburants, ni en médicaments. S’ajoute à cela l’interdiction de circuler et l’impossibilité qui est faite ainsi aux malades et aux blessés d’avoir accès aux soins, même pour les cas les plus graves. De ce point de vue, l’envoyé spécial du Comite pour les droits de l’homme de l’ONU, Richard Folk, a estimé que le siège de Gaza est « un crime génocidaire », dans la mesure où il s’agit d’une punition collective qui paralyse complètement la vie des gens et affame des dizaines de milliers d’enfants qui souffrent en conséquence de graves problèmes de nutrition. Cette situation dramatique laisse dubitatif quant aux raisons qui avaient poussé le Hamas et les autres factions palestiniennes à accepter l’accord de cessez-le-feu malgré la fermeture des points de passages et l’aggravation du siège (…). De même qu’il est étonnant de demander au Hamas, aux autres factions et à tout le peuple palestinien de renouveler la trêve alors que cela signifierait évidemment la perpétuation du siège.

A la suite de son entretien avec Hosni Moubarak, en présence d’Ahmad Abou al Ghait, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Tzipi Livni, la ministre israéliennes des Affaires étrangères, a explicitement menacé le Hamas et les Palestiniens de Gaza d’une opération militaire de grande envergure s’ils refusaient de renouveler la trêve en acceptant le maintient du siège., Sachant, en outre, que, durant toute la période antérieure, Israël a continué les assassinats politiques et les arrestations de grande ampleur en Cisjordanie, ainsi que les bombardements et les opérations militaires dans la bande de Gaza, les Palestiniens étaient sommés de choisir entre une situation pire que celle qu’ils avait déjà vécu et la capitulation. Que Livni profère de telles menaces n’a rien d’inédit. La nouveauté réside, par contre, dans le fait qu’elle ait fait ces déclarations à partir du Caire et après un entretien avec le Président Hosni Moubarak. Les normes diplomatiques exigent, en effet, que son interlocuteur ait été mis au courant du contenu de sa déclaration de presse ; cependant, même en supposant que Livni n’ait pas respecté les règles de bienséances, comment expliquer que Abou al Ghait ne lui ait pas répondu, faisant semblant de ne pas avoir entendu les menaces proférées contre le peuple palestinien et qui heurtent tout Arabe et tout musulman, ne trouvant rien de mieux a faire que d’exhorter les deux parties (Palestiniens et Israéliens) a la retenue et au retour à la trêve sans faire aucune allusion à la levée du siège, prévue pourtant dans l’accord conclu entre l’Egypte et le Hamas et les autres factions palestinienne. La position du ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Abou al Ghait, ne peut être admise ni par les citoyens égyptiens, ni par les peuples arabes et encore moins par le peuple palestinien qui subit le siège.

La situation est très claire : trêve et siège sont inconciliables dans la bande de Gaza. Au moment même où le Hamas et le Jihad conditionnaient l’acceptation de la trêve par l’arrêt des assassinats et des arrestations, commis par les Israéliens en Cisjordanie, ainsi que par l’arrêt immédiat des persécutions commises par le gouvernement de Salam Fayad à l’encontre des résistants des différentes factions palestiniennes, Ahmad Saadat, le grand leader palestinien et secrétaire général du FPLP, était condamné à 30 ans de prison. C’était là la réponse aux conditions exigées par le Hamas et le Jihad et le fruit des négociations secrètes (entre Abbas et les Israéliens). A partir de là, un consensus entre toutes les factions palestiniennes y compris la branche militaire du Fatah a émergé pour refuser le renouvellement de la trêve dans les conditions du siège et de la fermeture des points de passage. Seuls Salam Fayad et Mahmoud Abbas sont restés en dehors de ce consensus en refusant de combattre le siège et en condamnant tout acte de résistance que ce soit a Gaza ou en Cisjordanie. Ils ont accepté ainsi une trêve malgré le siège de la bande de Gaza. Leur politique est dénoncée par toutes les factions palestiniennes y compris une grande partie du Fatah. C’est pourquoi l’unité nationale palestinienne est en train d’être réalisée sur la base du refus de renouveler la trêve tant qu’est maintenu le siège de Gaza. La nécessité de briser le siège par tous les moyens y compris militaires est en passe de faire consensus entre tous les Arabes et même au niveau international. Ainsi toutes les conditions sont réunies pour vaincre. Tzipi Livni a voulu la guerre, elle l’aura.

Mounir Chafiq

Traduction : Hajar Alem

Source : « Al Waqt » (30 décembre 08), Bahreïn

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