Gaza

Non assistance

Le carnage de Ghaza restera comme un moment particulièrement sombre de l’histoire de l’humanité. Tous les ingrédients de la tragédie sont réunis dans un étroit périmètre ou s’entassent un million et demi d’individus, pour l’essentiel très pauvres, isolés et sans recours.

Un état factice, créé de toutes pièces au détriment de cette population, disposant des moyens de guerre les plus modernes, soutenu par la « Civilisation » Occidentale, a entrepris de réduire les velléités nationales du peuple palestinien par un massacre en bonne et due forme dans le silence étourdissant des officiels arabes. La propagande sioniste envahit littéralement tous les espaces d’expression justifiant jusqu’à la nausée l’écrasement d’une ville sans défense par la nécessité pour l’état colonial de se défendre contre les tirs de missiles artisanaux du Hamas. Face à un déluge médiatique aussi massif qu’inconsistant, l’histoire retiendra certainement le silence des officiels arabes, leurs explications embarrassées, leurs contorsions médiatiques ridicules. Dans le registre de l’infamie officielle, seul l’Emir du Qatar exprime clairement une position juste et ferme de solidarité active avec le peuple martyr de Ghaza. Les autres, terrorisés et soucieux de leurs rentes diverses se terrent en invoquant, pour les plus loquaces, la supériorité militaire de Tel-Aviv pour justifier leur veulerie. On le voit tout est perdu, et d’abord l’honneur chez des dirigeants qui n’ont d’autre hantise que de museler l’expression populaire. La palme revenant sans aucun doute aux régimes saoudiens et égyptiens, l’un au nom d’une conception purement djahiliyenne, préhistorique, de l’Islam et l’autre en pleine conformité avec son idéologie de la soumission introduite et imposée par le successeur de Nasser. La non-assistance à un peuple en danger à laquelle l’opinion arabe assiste est sans équivalent dans les annales. Jamais des États arabes n’ont à ce point ostensiblement fait la sourde oreille aux appels aux secours désespérés émanant de leurs frères et voisins. L’état-OAS qui bombarde sans répit depuis dix jours des gens sans armes peut bien, par la voix de ses porte-paroles, clamer à qui veut l’entendre qu’il rend service à ces régimes en éliminant une organisation « terroriste ». L’antienne est connue, c’est ce que disaient les colonialistes français pour le FLN de la guerre d’indépendance ou les impérialistes américains pour le FNL vietnamien. Mais aucun État de l’époque n’avait donné l’impression de corroborer l’argumentaire des envahisseurs. Qu’aurait on dit si nos voisins Marocains ou Tunisiens avaient fermés leurs portes aux réfugiés algériens ? Qu’aurait on pensé si Le Caire au prétexte de la supériorité militaire française avait refusé de relayer et de soutenir les revendications du peuple algérien ? Aujourd’hui c’est toute honte bue et dans le silence soumis que les régimes entérinent une version hallucinante de Guernica ou les femmes et les enfants sont déchiquetés à huis-clos. Ce moment restera dans l’histoire et les noms de ceux qui auront permis par leur silence et leur inaction que le crime se déroule accompagneront dans l’opprobre et l’infamie les auteurs du crime.

K. Selim

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