Ils nous aiment pas

Les Verts de Bagnolet se déchaînent contre les jeunes de la cité et les Indigènes de la république

A la suite d’un débat sur « la double identité », organisé par l’AJN (Association des Jeunes de La Noue le jeudi 24 juin, la section locale des Verts a publié sur son blog un article particulièrement amusant où sont dénoncés, pêle mêle, les organisateurs du débat, le public, les Indigènes de la république, le maire et l’un de ses adjoints communiste, au nom si exotique qu’il est probablement un infiltré de El Qaada au sein de la mairie.

On vous offre ci-dessous l’article paru sur le site local des Verts ainsi que les réponses du maire et de son adjoint. On vous redonne aussi le petit film qui a introduit le débat et fait convulser d’indignation les militants verts.

Mais, auparavant, juste quelques remarques :

1) Les Verts prétendent de pas vouloir « semer de polémique inutile », ce qui ne les empêchent pas de crier au scandale, de caricaturer les propos des uns et des autres, de formuler des accusations parfaitement mensongères et d’en suggérer d’autres particulièrement graves.

2) Tous les Blancs ne sont évidemment pas racistes, mais l’auteur de l’article l’est certainement. En témoigne, par exemple, le mépris qu’il ressent pour les jeunes de Bagnolet issus de l’immigration coloniale (« terroristes », « incendiaires »…). Il se félicite de l’ « agonie » du Front national, mais il est bien difficile de ne voir aucun cousinage entre l’idéologie de ce parti et celle qui se dit lorsqu’il évoque les « immigrés rentrés en masse dans la résistance lors de la deuxième guerre mondiale au travers des FTP-MOI et se sont forgée par ces actions une identité française mais surtout anti-nazi et humaniste (l’impôt du sang) ». Le sens est clair : pour ne plus être considéré comme un immigré, il faut acquérir une « identité française », s’assimiler culturellement voire ethniquement ; pour acquérir une « identité française », il faut payer « l’impôt du sang » ; ce n’est qu’en payant « l’impôt du sang » dans le cadre de la résistance française pendant la Seconde guerre mondiale que les immigrés sont devenus « humanistes », donc bien français. Avant, c’était pas des « humanistes », c’était juste des immigrés ! C’est la France, c’est la défense de la France, qui rend « humaniste » et c’est bien normal puisque « l’humanisme » appartient exclusivement à la France !

3) L’auteur est raciste et islamophobe. Il le reconnaît lui-même : « Comment ne pas réaliser que n’importe quel citoyen normalement constitué, même le plus progressiste et le plus tolérant, ayant assisté au débat ressent nécessairement, consciemment ou non, un malaise vis-à-vis de toute la communauté musulmane ? »

4) Il est normal dans ces conditions que l’auteur s’inquiète de la présence à Bagnolet d’«une poignée d’Indigènes de la République venus mettre de la tension dans le débat ». On n’est guère étonnés non plus de nous voir prêter des propos qui ne sont pas les nôtres, du genre : « la société française dans son ensemble (a) été de tous temps foncièrement oppressive et raciste » ou « la Gauche, Parti Communiste en tête, (est) encore pire » que Sarkozy. Ce qui est certain, par contre, c’est que les Verts de Bagnolet ont sûrement un point commun avec Sarkozy : ils n’aiment pas la racaille !

Walou

Documentaire réalisé par l’association « l’Art de la Paix » sur le thème de la double identité.

L’écologie; les VERTS, de Bagnolet

Le vivre-ensemble à Bagnolet en danger

Jeudi 24 juin était organisé par l’AJN (Association des Jeunes de La Noue) un débat sur la double identité avec comme principal intervenant Stéphane Beaud, sociologue de renom ayant beaucoup travaillé sur les jeunes issus de l’immigration. Les affiches d’appel au débat listaient des thèmes de débat qui structurent ce problème identitaire, avec une volonté manifeste d’aborder le problème dans sa complexité.

L’introduction de Mohamed Hakem, avec sa double casquette de maire adjoint et d’ancien président de l’AJN, allait également dans ce sens d’ouverture. Mis à part celui du maire, nous ne citerons pas d’autre nom dans cet article pour ne pas semer de polémique inutile.

Tout avait plutôt mal commencé avec une exposition photo aux commentaires tendancieux et souvent provocateurs. Mais cela n’était qu’un premier aperçu « soft », de ce que devait réserver la suite de la soirée.

Tout d’abord, un film a été projeté pour « lancer le débat », étrange suite d’interviews censées présenter des « avis différents ». Il s’agissait au contraire – semble-t-il a l’insu du réalisateur présent dans la salle, qui s’est vu imposer, soit disant par manque de temps, la liste des « citoyens » à interviewer ! – une suite de propos entièrement convergents : la société française dans son ensemble aurait été de tous temps foncièrement oppressive et raciste, et les immigrés n’auraient qu’un statut, celui de victime de cette société. Seul un vieil Africain, qui avait pourtant vécu des moments très difficiles à son arrivée en France, a présenté les choses avec un vrai regard critique. Au total une bonne dizaine d’interviewés, pas une seule femme. Sans commentaire.

Mais le pire était à venir. Sentant probablement que le débat serait un traquenard politique, Stéphane Beaud, loin de réagir négativement à ce film caricatural, a commencé par reprendre à son compte quelques phrases du film, abondant sur la critique de la politique actuelle du gouvernement, pour arriver, avec un talent de didacticien impressionnant, à argumenter sur la complexité du problème, sur la nécessaire vision historique et sur la nécessité de proposer des pistes concrètes pour sortir de cette situation.

Il a apporté plusieurs exemples qui montraient que dans d’autres circonstances les repères identitaires ethnique ou religieux des immigrés de première ou deuxième génération s’étaient progressivement estompés au profit de repères moins communautaires : deux exemples particulièrement bien choisis ont illustré ses propos, celui des immigrés rentrés en masse dans la résistance lors de la deuxième guerre mondiale au travers des FTP-MOI et s’étant forgée par ce actions une identité française mais surtout anti-nazi et humaniste (l’impôt du sang), et celui des salariés immigrés de l’automobile des années 70, rentrés massivement dans le syndicalisme et s’étant forgée une forte culture ouvrière.

Ses interventions, pourtant toutes en nuance et appelant au débat sans jamais asséner de position tranchée, avec y compris une prise de position de désaccord avec la loi sur les signes religieux ostentatoires à l’école, ont été systématiquement contrées par des militants associatifs présents dans la salle, particulièrement une poignée d’Indigènes de la République venus mettre de la tension dans le débat. Très rapidement, après la république raciste, oppressive et colonialiste est venue l’accusation d’« islamophobie » (toujours la loi sur les signes religieux), leitmotiv habituel que cette mouvance politique partage avec les tenants de l’islam politique – également très présents dans la salle. Tout une série de propos haineux, visant non pas la politique du gouvernement, mais la république laïque : à une participante qui faisait remarquer que le kärsher et l’identité nationale, c’était la France de Nicolas Sarkozy et pas toute la France, les militants de Indigènes ont évidemment réagi pour dire que la Gauche, Part Communiste en tête, était encore pire, en prenant l’exemple d’André Gérin, maire de Vénissieux, à l’origine de la commission parlementaire sur le port du nikhab – abusivement appelée burka -.

Et c’est là que la gravité de la situation à Bagnolet peut se mesurer : face à tous les propos haineux, y compris vis-à-vis de tout ce qui a fait l’identité de la gauche, laïcité en tête, les deux élus communistes présents dans la salle n’ont absolument pas cherché à ramener le débat sur le terrain idéologique, sur la citoyenneté, l’égalité des sexes ou autre valeur de la gauche.

Pire encore, ils ont pris deux fois la parole, en tout et pour tout, et uniquement pour se justifier de manière complètement défensive face aux accusations vis-à-vis du PC : ils avaient mis une personne issue de l’immigration en deuxième position sur leur liste électorale (ouf, sinon, ils ne sortaient pas vivants), et ils se démarquaient d’André Gérin (sans même préciser qu’ils étaient au moins gênés par la montée en puissance des voiles intégraux chez les femmes musulmanes !).

Il est vrai que le débat avait pris un tour tellement terroriste que cela rendait toute intervention de contre-argumentation, même mesurée, très difficile. Mais de là à « se déculotter », quand on représente la municipalité dans un débat aussi « chaud », cela en dit long sur l’état des pratiques et des réflexions politiques à Bagnolet, particulièrement sur la place dans la majorité municipale et surtout à la tête de l’administration de la ville, des pratiques communautaristes et anti-laïques.

On voit bien que le soutien passif du maire de Bagnolet et de plusieurs élus de la majorité à Ahmadinedjad, par le refus de voter au conseil municipal le vœu rédigé par toute la gauche au niveau national, n’est pas un hasard ni un accident.

Mais là où le maire et sa garde rapprochée se sont finalement trompés, c’est que les réactions commencent à se multiplier à Bagnolet, avec tout récemment ce vœu finalement voté contre son gré, et ce malgré l’appel fait à certains jeunes pour qu’ils envahissent le conseil municipal, et le tollé qu’a suscité à la fête de la ville la place de l’association musulmane fondamentaliste « Amatullah ».

Mais pour en revenir à cette soirée débat, il y a d’autres motifs d’inquiétude : comment ne pas réaliser que n’importe quel citoyen normalement constitué, même le plus progressiste et le plus tolérant, ayant assisté au débat ressent nécessairement, consciemment ou non, un malaise vis-à-vis de toute la communauté musulmane ? (on l’a bien compris, la « double identité » thème du débat a été réduite par la salle à l’identité française et musulmane). Sans parler du comportement de n’importe quel chef d’entreprise qui fait de la « discrimination ordinaire » et sera complètement conforté dans son comportement par une telle vision des jeunes issus de l’immigration ? Autrement dit, comment ne pas comprendre, quand on est responsable politique ou associatif, que de tels débats caricaturaux et haineux sont de pur générateurs de racisme, capable de ranimer un FN à l’agonie ? Comment la Parti Communiste de la laïcité et des FTP-MOI a-t-il pu tomber aussi bas dans ses analyses politiques ?

Face à cette complaisance avec les incendiaires, et pour que des initiatives aussi louables que celle qu’a tenté l’AJN ne puissent plus être confisquées de la sorte, il est grand temps que tout ce que la ville comporte d’humanistes, d’universalistes et de militants de la laïcité et du droit des femmes s’implique dans les débats et dans la vie associative de la ville, aux côtés des associations de jeunesse, pour construire ce vivre-ensemble menacé de toutes parts.

Mardi 21 juillet 2009

http://lesvertsdebagnolet.over-blog.com/article-33970092.html

Section de Bagnolet du Parti Communiste Français

Qui menace le vivre ensemble ?

Retour sur une soirée de débat sur le thème de la « double identité ».

Le débat organisé par l’Association Jeunesse la Noue, sur le thème de la double identité, avec comme invité Stéphane Beaud, sociologue de talent spécialiste des milieux populaires, a encore une fois donné lieu de la part de militants verts de Bagnolet à une série d’attaques nauséeuses. Comme à leur déplorable habitude certains responsables locaux des Verts de Bagnolet déforment, transforment et interprètent des propos pour s’en prendre aux élus communistes et plus particulièrement au Maire.
J’étais moi-même présent lors de ce débat. Les questions qui traversent la jeunesse des quartiers populaires et leurs réponses politiques sont des enjeux de taille pour notre ville et plus globalement notre société. C’est ainsi que la section locale du PCF a souhaité faire de la politisation progressiste des problématiques de notre jeunesse une priorité de son action militante. C’est donc imprégné de ces enjeux que j’ai assisté à ce débat.
L’Association Jeunesse la Noue organisatrice de cette soirée, souhaitait, il me semble, derrière le titre de « double identité », débattre de la place des jeunes issus de l’immigration dans notre pays. Comment dépasser les discriminations ordinaires, reformuler le creuset républicain pour en finir avec le sentiment d’exclusion, comment allier attachement à sa culture familiale issue d’une autre rive et appartenance à la nation française. C’est une entreprise louable, une intervention citoyenne à saluer, que d’œuvrer par le biais du débat à faire progresser la réflexion collective sur ces questions. D’autant que ce n’est pas toujours simple d’assumer à la fois « origine étrangère » et identité française lorsque la droite Sarkozyste instrumentalise la question de l’immigration et de la jeunesse à des fins sécuritaires, sans oublier les méfaits sur les consciences des discours lepéniste xénophobes et racistes. Car comme l’a rappelé Stéphane Beaud, avoir une identité métissée peut être un formidable levier d’épanouissement, mais parfois engendrer une fêlure plongeant certains dans une détresse psychique. C’est à partir d’étude rigoureuse que Stéphane Beaud a donné ces informations. Et puis il y a la crise sociale. Le premier vecteur d’intégration était le travail, lorsque l’emploi se fait plus rare, on organise la concurrence des uns contre les autres, ce qui fertilise le terrain des discours de haine, alors que les hommes qui n’ont que leur force de travail à opposer aux possédants, auraient tout intérêt à construire du commun. Stéphane Beaud a ainsi rappelé une citation de l’un de ses illustres collègues de discipline « l’immigré est avant tout un prolétaire » citation d’Abdelmalek Sayad directeur de recherche au CNRS (1933-1998), qui nous a légué un formidable travail sur le déracinement.

De cette situation peut naitre du ressentiment. Des prises de paroles ont exagérément fait le procès de la France. Si l’histoire de France a connu des pages noires, la colonisation notamment, il convient de ne pas généraliser outrageusement. Je reprends pour ma part la conception de Benjamin Stora qui parle de deux Frances, celle qui torture et celle qui lutte contre la torture et la colonisation parfois au péril de sa vie comme le regretté militant communiste Maurice Audin. Celle qui collabore pendant la seconde guerre mondiale et celle qui résiste, celle qui lutte contre l’exploitation et pour le progrès social jusqu’à faire la révolution au sein de la Commune comme l’illustre le parcours de Louise Michel et celle symbolisée par Adolphe Thiers qui écrase dans le sang cette aspiration. Les pages noires de l’Histoire doivent être éclairées pour en tirer les enseignements nécessaires. Mais ce travail ne doit pas occulter toutes les avancées et les valeurs portées par la Révolution française, le mouvement ouvrier par exemple. Ces valeurs de liberté, d’égalité, de solidarité, de justice donnent des outils d’émancipation aux hommes quels qu’ils soient, pour vaincre toutes les formes de domination. Revenir sur ce qui nous fait honte doit aussi nous permettre de mettre en valeur ce dont nous sommes fiers et qui n’appartient pas à une nation particulière mais fait dorénavant partie des principes universels. L’universel que je conçois comme une sorte de sédimentation qui se construit avec l’apport de toutes les grandes pages de l’histoire de notre humanité, et qui à ce titre n’est la propriété d’aucune entité particulière car elle est le bien de tous.

Aussi est revenue l’initiative d’André Gérin sur une enquête parlementaire concernant le port de la burqa. Comment éluder une évidence. Même si le port de la burqa est ultra-minoritaire, de très nombreux musulmans verront dans cette opération politique une nouvelle tentative de les stigmatiser, de les présenter comme une source de problèmes, comme des « intégristes » – et ainsi de suite. Quelles que soient les futures recommandations de la mission d’enquête parlementaire, nous aurons sûrement droit à une multitude de « débats » à la radio, à la télévision et dans la presse, où des « spécialistes » et des « intellectuels » triés sur le volet s’efforceront d’alimenter la méfiance à l’égard des musulmans. Et ceci alors que les idées sur le clash des civilisations ont encore cours dans nombre d’esprits. Sans compter qu’à l’heure où notre pays connait une crise économique majeure qui entrainent de nombreuses luttent sociales, cette enquête parlementaire représente une magnifique opportunité de détourner l’attention des salariés vers le soi disant « problème » de l’immigration. Voilà pourquoi de nombreux communistes se dissocient de la démarche d’André Gérin. On peut réprouver le voile intégral en estimant qu’il est le reflet d’une forme de pratique religieuse extrême et sectaire et juger démagogique, stigmatisant et contre productive une éventuelle loi sur la burqa. Le rôle des communistes n’est pas de servir des plats à Sarkozy, mais au contraire de construire les rassemblements capables de porter et d’imposer d’autres choix de société. Sur cette question comme sur beaucoup d’autres il n’est pas « d’union sacrée » possible avec cette droite qui casse les solidarités pour imposer son modèle « du chacun pour soi et Dieu pour tous ». Nous défendons nous l’idée de chacun son dieu, sa philosophie, son agnosticisme, son athéisme ou son indifférence et tous ensemble dans les luttes et dans les urnes.

Le vivre ensemble a besoin d’une radicalité progressiste, et non pas de ressentiment théorisé ni de procès d’intention qui stigmatise les jeunes, les élus et tous ceux qui affrontent la complexité de notre monde en portant des valeurs d’égalité et de dignité.

Comme le dit si bien le maire de Bagnolet sur son blog, la majorité municipale invente par toutes ses actions le vivre ensemble. Car rien moins que cette notion de vivre ensemble ne peut se théoriser sur le papier. Elle a besoin d’un inlassable travail, d’un lien quotidien et concret avec la population. Les militants communistes souhaitent jouer tout leur rôle pour fortifier la clef de voûte de toute collectivité qu’est le vivre ensemble.

C’est par un travail de conviction, en retirant, grâce à des politiques publiques et des initiatives politiques, des arguments à ceux qui jouent sur la victimisation, en combattant les politiciens qui stigmatisent, instrumentalisent les ignorances et les peurs, qu’à Bagnolet chaque jour se construit ce vivre ensemble.
Cette soirée a abordé bien des thèmes, la diversité en politique pour permettre à chacun de se sentir représenté, l’histoire coloniale, le rôle passé d’institutions comme les partis, les syndicats, les associations dans l’intégration des populations immigrés et leur essoufflement actuel qui impose de faire preuve d’inventivité etc. Mais on voit bien l’obsession de certains Verts locaux qui évacuent la densité de cette soirée pour n’aborder que le fantasme d’une laïcité menacée, à croire que nous ne vivons pas dans la même ville, obsession qui n’est sans doute pas dénuée d’intention malveillante. Car il faut tout de même dire que les mêmes si prompts à l’invective par blog interposé, n’ont rien trouvé à dire lors de cette soirée à laquelle ils assistaient. Alors qui menace le vivre ensemble ? Ceux qui agissent et affrontent le débat pour porter leurs idées, au risque de confrontation passionné lorsqu’ils apportent la contradiction ? Ou ceux qui s’évertuent tapis dans l’ombre, à caricaturer calomnier et asséner des contres vérités qui confortent leurs préjugés et les véhiculent, sans craindre localement d’affaiblir le lien social ?

Kamel Brahmi; Mardi 21 juillet 2009

http://pcf-bagnolet.over-blog.com/article-34074567.html

Le Blog de Marc Everbecq

A Bagnolet, par toutes nos actions nous inventons le vivre-ensemble

Depuis des mois et des mois et des mois les verts de Bagnolet n’ont qu’un seul credo : baver sur la mairie de Bagnolet, sur le maire, sur les communistes, etc. Pourquoi s’en émouvoir me direz-vous, c’est le lot habituel du combat politique ? Et bien non. Ce que les verts de Bagnolet font ne relève pas de la confrontation politique. Ils recourent systématiquement aux mensonges, aux amalgames, à la stigmatisation, aux procès d’intention, aux ragots, etc. Leur dernier article publié sur leur blog est encore une fois à cette image lamentable. Le titre est comme d’habitude spectaculaire : « le vivre-ensemble est menacé à Bagnolet ». Bigre ! Que se passe t’il encore, après la « faillite » de la mairie, après le soutien du maire à Ahmadinejad, après je ne sais quoi encore ? Les verts veulent tout simplement apporter la preuve que le maire met à mal le vivre ensemble. Pour cela on prend une réunion publique organisée par une association (AJN), dont l’ancien président est actuellement adjoint et on procède à des amalgames. Qui dit AJN, dit maire, dit aussi jeunes de Bagnolet, dit ensuite jeunes issus de l’immigration, dit frustration identitaire, dit dès lors incapacité des communistes à répondre, dit que ce sont les Indigènes de la République qui remplissent ce vide, dit que à partir de là on s’en prend à la république et à la laïcité, dit pour finir que tout celà revient en fait à un message de haine et de rejet de la France et de ses valeurs laïques tenu sous l’autorité du maire de Bagnolet avide de populisme. Voila le tour de magie auquel nous assistons. C’est tout simplement lâche et répugnant.

Pour ma part je n’aurai pas cette lâcheté d’esprit. Il s’avère que j’ai bien des désaccords avec l’initiative de l’AJN dont je trouve les inspirations idéologiques problématiques surtout quand on est une association qui bénéficie de nombreuses subventions publiques venant de la Préfecture et de la mairie. Je le dis ici clairement, je ne peux pas accepter que l’on laisse dire que la république ou que la France sont par essence racistes. Cela n’est pas vrai. On ne peut non pas non plus dire aux jeunes qu’ils ont une double identité. Car cela n’est pas vrai. On a une seule identité. Celle de sa propre personne. Avoir deux identités s’appelle de la schizophrénie. Je ne pense pas que le débat voulait arriver à parler de la schizoprénie dans la jeunesse issue de l’immigration. Ce qui est vrai en revanche c’est que la France et la République maltraitent les immigrés depuis bien trop longtemps. Ce qui est vrai c’est que la France depuis plus d’un siècle cherche ses valeurs idéologiques et se trouve capable de produire le meilleur (assez rarement) comme Jaurès, le Front Populaire, la Résistance, l’engagement anti-colonial, mai 1968, l’union de la gauche, mais se trouve bien plus souvent en situation d’accoucher de monstres : anti-dreyfus, guerre de 14-18, ligues fascistes, collaboration avec les nazis, colonistaion, Le Pen, stigamatisation de la banlieue, rejet des pauvres, maltraitance contre les classes populaires considérées comme dangereuses. Oui, notre pays se cherche et le combat politique et social est permanent. Aujourd’hui, au moment où la classe ouvrière n’existe plus dans ses contours d’antan, le combat se mène depuis une autre position. Ce sont les jeunes de nos banlieues qui ressentent le plus vivement cette confrontation. Ils ont raison.

Mais pour mener ce combat certains pensent qu »il faut tenir le discours suivant, un peu inspiré des Indigènes de la République : la France ne veut pas de nous, non pas parce que nous sommes les pauvres (regardez les difficultés de recherche d’emploi des jeunes qualifiés) mais parce que nous sommes les immigrés. Nous aurons beau mettre des jeans, parler un français impeccable, avoir fait des études, avoir réussi socialement, nous resterons des étrangers et serons stigmatisés pour cela. C’est la preuve que les difficultés viennent de ce que la France et la République sont foncièrement racistes. Donc il n’y a pas à tomber dans le panneau de l’intégration, dans le panneau de la société de consommation, dans le panneau des valeurs culturelles et morales de la France, il faut rejeter tout cela, le mettre en cause car ce sont nos chaines, et construire chaque jour une contre-identité d’affrontement du genre : je ne me sens pas Français, et donc la France doit m’accepter tel que je suis sans discuter, c’est mon droit.

Toute cette cohérence me pose problème. Certes, je comprends l’exaspération des jeunes en but à tous ces phénomènes qui ont une dimension de rejet très forte. La colère est légitime. Mais je ne voudrais pas que cette colère restreigne le champ de vision. Je ne pense pas que la solution réside dans la pratique du bras d’honneur à la France et à la République en disant « je suis de telle origine et je vous emm..rde. » Une telle posture ne bâtit rien. Elle permet simplement de s’identifier par rapport aux autres. Or cela ne peut pas suffir. Car la France et la République sont marquées par un système d’exploitation et de domination qui sévit très largement au-delà des seuls immigrés. Et oui nous vivons dans un système qui s’appelle aussi le capitalisme, qui a des logiques très particulières. Et en tenant ce discours politique, ces jeunes se coupent des possibilités de se faire comprendre convenablement des autres. Je pense que tout l’enjeu de la période n’est pas de mettre à bas la République mais de la réinventer en faisant émerger une nouvelle république. C’est là que les jeunes ont un rôle majeur à jouer. Car en transformant la république de façon à ce qu’elle devienne une république métissée, ouverte à toutes et tous, démocratique, respectueuse des diverses origines culturelles nous ferons avancer considérablement notre société. Une révolution en somme. Quelle belle perspective. Raison de plus pour ne pas se contenter d’interpeller la société depuis la marge (sociale ou politique) d’où l’on se croit fort. La force ne vient pas de là. La vraie force, c’est de parvenir à interpeller l’ensemble de la société, de façon majoritaire, pour que tous ensemble nous puissons être les acteurs du changement auquel nous aspirons tous. Nous devons être capables, chacun d’entre-nous, de maitriser nos racines culturelles, d’en être fiers, de les verser dans la construction commune d’une nouvelle république, et d’apprendre aussi à nous dépasser pour nous élever ensemble et commencer à construire, ici, à partir de nos réalités, à partir de la France, la république universelle de citoyens égaux et libres dont tous les hommes et toutes les femmes de la planète ont besoin pour vivre en paix.

Voilà en quelques mots ce que je ressens. On le voit, nous sommes très loin du procès intenté par les verts de Bagnolet qui en passant leur temps à diviser les Bagnoletais ne contribuent pas à cet immense effort d’éducation politique qu’à besoin notre ville, la gauche en général, et notre peuple pour parvenir à bâtir les futurs rassemblements majoritaires dont a besoin la transformation sociale. Pour cela, il faut rejeter la provocation et la politicaillerie et ouvrir le débat politique.

Lundi 20 juillet 2009

http://www.everbecq.com/article-34023568.html

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