Résistance indigène

Les élèves d’un lycée professionnel du Val d’Oise ne reculent pas

Insultes racistes, menaces, mépris, vulgarité et un compas. Voici ce que contient le cartable d’un des professeurs d’un Lycée professionnel du Val d’Oise, pour transmettre du savoir à ses élèves. Mais cet enseignant a d’autres qualités : il est aussi un peu menteur, et fait renvoyer un surveillant apprécié de tous.

C’est une injustice qui ne passera pas décident les lycéens et font grève malgré les menaces de l’administration et les pressions du corps professoral. Sur 42 enseignants, seules 5 soutiennent l’action des lycéens. Aussi pour mater les élèves l’administration du lycée, le prof en question et ses 36 petits copains jouent la carte du pourrissement et de la mise sous pression en attendant la moindre faute des lycéens pour frapper fort et sec.
Mais les jeunes étudiants tiennent le coup et écrivent cette lettre ouverte au ministre de l’éducation.

Lettre ouverte à Monsieur le Ministre

Dans ce lycée professionnel du Val d’Oise « l’affaire de la double pénétration » suit son cours.

Sous le coup d’une mesure de licenciement « sans préavis ni indemnité de rupture » à cause d’une altercation avec un enseignant, un surveillant, est entendu par le Proviseur qui lui délivre sa lettre de licenciement après lui avoir exprimé de nombreux compliments en présence d’une enseignante de français qui l’assistait au cours de cet entretien…

En attendant la décision du proviseur, les élèves avaient organisé une grève générale exceptionnelle qui s’était déroulée dans le calme.

La décision du proviseur de licencier le jeune surveillant provoque une seconde action de protestation des élèves : un rassemblement à la grille du lycée avec distribution de tract ; texte lycéen qui dénonce une situation « d’injustice totale ». Les élèves écrivent : « (…) Notre surveillant a été licencié avec un motif bidon : soi-disant il a menacé de mort un professeur. Alors qu’on sait que ce professeur a l’habitude de provoquer. Notre surveillant est incapable de faire du mal. On l’a condamné comme s’il avait tué quelqu’un. Mais quand ce professeur nous insulte en classe, quand il nous menace sur nos examens, quand il nous met la pression grave pour nous faire commettre une faute, quand on le dit au lycée malgré qu’on risque gros à parler, lui il n’a aucune sanction (…) » Dès le lendemain, les pressions de l’administration, de certains enseignants, et des CPE, se multiplièrent sur les élèves. Objectif : les faire revenir sur leurs déclarations ; leur faire regretter ce rassemblement qui a eu lieu sans heurt et sans faute…

La mobilisation des enseignants fut moins unanime : cinq professeurs sur 42 seulement, cinq femmes, ont fait grève le lundi 23 mars pour protester contre « une politique à deux vitesses » dont ces jeunes dans ce coin de banlieue parisienne font les frais dans l’école. Elles écrivent ce jour-là au proviseur ainsi qu’à l’ensemble de la communauté éducative pour se désolidariser du comportement discriminatoire et harcelant de cet enseignant à l’égard des élèves en classe et pour dénoncer à leur tour les insultes à caractère raciste et sexuel qu’ils profèrent en direction de ses élèves en toute impunité. Ces cinq femmes posent en conclusion de leur lettre la question de savoir si « la communauté éducative se reconnaît dans ce représentant du personnel au conseil d’administration et au conseil de discipline » Leur lettre restera sans réponse. Il semblerait que le comportement de l’enseignant ne choque guère la plupart des adultes de cet établissement…

Sans se décourager malgré ce contexte peu glorieux, une classe décide d’écrire une lettre ouverte, dont voici le texte signé par les élèves, au ministre de l’Education Nationale, Monsieur Xavier Darcos.
Farid Taalba

Monsieur le Ministre,

Avant les vacances de février 2009, nous, les élèves de Bac Pro, nous avons écrit une lettre au proviseur du lycée pour lui signaler que notre professeur avait parlé de « la double pénétration » devant toute la classe.

Après les vacances de février 2009, nous avons appris que notre surveillant était menacé de licenciement à cause de ce Monsieur.

A cette occasion, nous avons décidé d’écrire une nouvelle lettre au proviseur datée du 10 mars 2009, dans laquelle nous expliquons avec tous les détails la façon dont notre professeur nous fait souffrir en classe. Le proviseur n’a répondu à aucune de ces deux lettres ; il a fait comme si de rien n’était.

En discutant avec d’autres élèves de cet enseignant, dans d’autres classes, nous avons appris qu’il avait avec eux le même comportement qu’avec nous. Eux aussi ont écrit des lettres au proviseur pour décrire les humiliations que ce Monsieur leur fait subir en classe.

Nous avons aussi parlé à nos professeurs pour voir si ce comportement de cet enseignant était normal.

La grande majorité de nos professeurs nous ont dit que ce n’était pas normal mais qu’ils ne pouvaient rien y faire. Même certains nous ont dit que ses paroles n’étaient pas si choquantes et que « le statut des professeurs leur permettait certaines choses ».

Sur 42 professeurs, seules 5 professeurs nous ont compris et soutenus.

Notre proviseur nous a dit à propos de ces 5 professeurs sans les citer nommément qu’elles nous avaient manipulés et qu’elles nous avaient entrainés à faire une grève pour leurs comptes. Nous voulons redire que nous avons fait grève de nous-mêmes pour protester contre le licenciement de notre surveillant que nous trouvons toujours injuste. Et que si il y a un manipulateur dans l’histoire c’est le professeur et tous ceux qui le couvrent.

Le jour de la grève du 17 mars 2009, nous étions fiers et heureux d’exprimer notre solidarité à notre surveillant.

Le proviseur a choisi de le licencier finalement. Pour l’ensemble des élèves du lycée, cela a été un coup très dur. Cela voulait dire qu’aux yeux du proviseur, nous ne valons rien et que la grossièreté et l’injustice d’un professeur ne sera jamais sanctionné.

Après nous avons encore protesté dans un rassemblement à la grille le mardi 24 mars 2009. Et encore une fois nous n’avons pas été entendus par le proviseur.

Les Conseillères Principales d’Education n’ont pas arrêté de nous expliquer que nous étions manipulés par les 5 professeurs qui nous ont soutenus. Mais comment 5 professeurs ont pu manipuler la quasi-totalité des élèves présents ce jour-là, soit 200 élèves environ, qui ont signé la pétition de soutien au surveillant ?

Nous apprenons aujourd’hui que nos camarades de BEP ont dérapé en frappant un élève de leur classe car il les avait trahis en présence de l’enseignant et du proviseur. Nous ne sommes pas d’accord avec cette réaction mais c’est la faute à la situation qu’on laisse pourrir dans le lycée, qui nous laisse dans le vide, sans réponse, avec des pressions des CPE et de l’administration qui cherchent à nous transformer en coupables à n’importe quel prix.

Le mercredi 25 mars 2009, par exemple, le proviseur est venu nous parler parce que nous venions de quitter le cours de Monsieur le professeur qui venait une fois de plus de nous brimer. Le proviseur nous a obligé de retourner en cours et nous a dit devant le professeur que nos « arguments n’étaient pas valables car ils étaient sortis de leur contexte. » Mais y a-t-il un contexte valable pour qu’un professeur parle de la taille de son sexe en classe ?
Le proviseur nous a dit également, en parlant de nos courriers, que « les élèves d’habitude incapables d’aligner trois mots avaient cette fois produit une œuvre littéraire ». Nous avons maintenu devant lui, tous, notre version des faits et il n’a rien voulu entendre.

Aujourd’hui, nous craignons pour notre CCF de maths – c’est la note de maths au Bac Pro (pas d’examen final) et ce contrôle continu est conçu et évalué par le seul enseignant en question (ndlr) – et le proviseur ne prend pas de mesures pour nous protéger. Il continue d’accuser les 5 professeurs de nous avoir « manipulés » et continue de nier le comportement irrespectueux de l’enseignant.

Aujourd’hui ce professeur nous rajoute des heures de cours soi-disant pour nous aider alors que nous n’en pouvons plus d’être en sa présence. Cherche-t-on à nous faire déraper nous aussi quand on nous rajoute deux heures de mathématiques de plus dans la même journée où nous avions déjà trois heures de cours avec lui, ce qui nous amène à cinq heures de cours avec lui dans la journée !

Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous aider et faire comprendre que nous ne méritons pas d’être traités comme ça ?

Avec nos remerciements, recevez Monsieur nos salutations très respectueuses.

La classe de Terminale Bac Pro…

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