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Le miracle du Maghreb

En 1954, à l’issue de la victoire ouest-allemande lors de la finale de la Coupe du monde de football contre la légendaire équipe de Hongrie de F.Puskas, on a parlé pour qualifier cette épopée de « miracle de Berne ». Hier, le 31/05/2010, lors du match entre la Tunisie et la France, on a failli assister à un nouveau miracle, celui de Radés.

Alors que l’Histoire avec un grand H célèbre ce grand moment de communion allemande, chose devenue rare depuis la défaite de la Seconde Guerre mondialeen 1945 et la domination nazie passée de l’Allemagne, nous espérons un jour nous voir à l’avenir nous rappeler avec nostalgie une victoire d’une sélection nationale du Maghreb (Algérie, Maroc ou Tunisie) contre l’équipe de France de football.

En effet, l’Histoire ne ment pas, fût-elle celle du football. La victoire allemande au mondial fut le symbole psychologique par excellence de ce qui se tramait depuis quelques années déjà : le miracle économique allemand. L’Allemagne, qui était un pays cherchant l’hégémonie mondiale par les armes a fini par la connaître dans le sport, et cela a beaucoup plu au peuple allemand. Il s’agissait clairement d’une revanche sur l’Histoire.

De même, le Maghreb et la France ont un lourd contentieux en héritage de l’Histoire. Non pas que la France d’aujourd’hui est coupable des actions de sa devancière. Mais l’Histoire n’oublie pas. Elle n’oublie pas que la France a dominé durement le Maghreb (l’Algérie surtout). Et lorsqu’il s’agit de football, elle n’oublie pas le fait qu’aucune des trois équipes nationales du Maghreb n’a jamais pu s’imposer contre l’équipe de l’ancien pays colonial dominant (3 défaites et 2 nuls pour le Maroc, 2 défaites et 2 nuls pour la Tunisie, 1 défaite pour l’Algérie).

Voilà mon propos : tous les joueurs tunisiens, marocains ou algériens qui auront, à l’avenir, l’immense honneur de porter les couleurs de leur pays respectif dans un match de football contre la France devront intégrer ce fait indéniable : une éventuelle victoire aura un impact immense chez les peuples maghrébins, quelque soit la rive de la Méditerranée sur laquelle ils vivent.

A l’image de ce qui s’est passé lors du miracle de Berne, un miracle de Casablanca, de Radés ou d’Alger, s’il survient, sera le symbole d’une nouvelle ère, celle de l’extinction historique d’un complexe psychologique né avec l’Histoire de la colonisation du Maghreb.

Certains me diront, mais pourquoi mélanger politique, histoire et football ? Je leur répondrai, tout le monde fait cela, la France en premier (la France black blanc beur par exemple). Le Maghreb a besoin, aujourd’hui, de changer la donne et de se sentir faire finalement partie des gagnants.

Je demande donc à tous nos futurs sélectionnés de donner tout ce qu’ils auront s’ils ont l’occasion de disputer un tel match, en oubliant toute considération autre que celle de jouer ce match comme si c’était la finale de la Coupe du monde.

Pour que le miracle du Maghreb puisse avoir lieu un jour…

Adel Taamalli

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