Archive : Qui est l'AGRIF ?

Houria contre l’AGRIF

Depuis le temps qu’on nous promettait un procès pour « racisme anti-blancs », on avait fini par ne plus y croire ! Et puis est venue l’AGRIF ! Plus précisément l’« Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne ». Cette association, assurément anti-bougnoules et anti-négros, a porté plainte contre Houria Bouteldja pour avoir employé le mot « souchien » lors d’une émission télévisée (« Ce soir ou jamais », juin 07). On ne sait pas comment ses avocats vont tenter, contre toute évidence, de « prouver » que cette expression est raciste ; ce qui est sûr, c’est que le procès intenté à notre porte-parole sera leur propre procès, le procès de ce national-racisme qui infecte les institutions et les mentalités bien au-delà de la seule extrême-droite. Merci, donc, à l’AGRIF de nous offrir cette occasion.

Mais, sans doute, beaucoup d’entre vous, ignorent-ils ce qu’est l’AGRIF. Nous allons vous le dire. Derrière cet acronyme menaçant, se cachent une galaxie de groupes dont les racines remontent aux premiers courants ultranationalistes, traditionalistes chrétiens et racistes qui donneront naissance au pétainisme et aux partisans les plus virulents de l’« Algérie française » avant de se déverser, pour une partie d’entre eux, au Front national.

Pour s’en faire une idée exacte, il n’est pas besoin de fouiller très loin. Le numéro de mars 2010 (n°266) du mensuel « Reconquête » (comme « reconquista », en référence à la « reconquête » chrétienne de l’Espagne !), rattaché à la même mouvance, consacre un long article à la fondation du PIR. Convaincu de faire preuve d’un humour ravageur, l’auteur y qualifie les « Indigènes de la République » d’« immigrés modifiés français » et s’inquiète de la « menace de l’indigénisme organiquement modifié ». Soulignons que la chronique qui accueille cet article s’intitule « Chronique de la dhimmitude ». Sans commentaires…

Plus intéressant, ce même numéro de « Reconquête » annonce une « Grande journée nationale », organisée le 11 avril dernier, pour célébrer les 25 ans de l’AGRIF. Celle-ci a eu lieu à Villepreux (Yvelines), au Domaine de Grand’Maisons, une propriété tenue par un vieux militant d’extrême-droite où de nombreuses organisations appartenant à ce courant tiennent congrès, universités d’été et autres rassemblements (le Renouveau Français y tient son « Congrès nationaliste », Egalité et Réconciliation d’Alain Soral y a organisé sa 1ère Université d’été, le Parti de la France de Carl Lang y a tenu son 1er congrès, etc.).

Le programme de la « Grande Journée » de l’AGRIF et la liste de ses invités sont particulièrement instructifs.
Intitulée significativement « un même combat : face au nihilisme du pseudo anti-racisme, la défense de l’identité française et chrétienne, c’est aussi la défense de l’humanité», la première conférence a été prononcée par la vice-présidente de l’AGRIF, Jeanne Smits, qui est également directrice de publication du quotidien « Présent », l’un des organes les plus connus de la mouvance catholique traditionaliste.

Pour ceux que son allocution a laissés sur leur faim, ils auront pu se rassasier, au sens propre du terme, à l’heure du repas que l’AGRIF présente ainsi : « Restauration gauloise et chrétienne : porc, vin et liberté ! Assiettes de bonne charcuterie basque et auvergnate : terrine de la mère zinzin, certifiée non halal. » En vérité, il nous aurait suffi de vous donner ce menu pour que vous en sachiez assez sur l’orientation politique de l’association qui porte plainte contre nous. Poursuivons quand même…

Juste après ce repas islamophobe – eh oui, l’AGRIF a inventé le repas islamophobe ! -, les invités ont eu le grand honneur de pouvoir assister à une rencontre avec le célèbre Bernard Antony, président de l’AGRIF. Connu sous le pseudonyme de Romain Marie, il est en fait beaucoup plus que cela. Chef de file de la mouvance nationale – catholique, il a représenté cette tendance au sein du Front National du début des années 1980 jusqu’à sa démission en 2005-2006, à la suite de divergences avec le courant « Mariniste » (de Marine Le Pen). Mais sa carrière politique a commencé bien avant. Dans les années 1960, déjà, aux côtés de Jean-Marie Le Pen, il était très actif au sein des « Comités Tixier-Vignancour », de tendance « Algérie Française ». Entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, il va s’attacher à développer sa propre mouvance, en fédérant notamment les réseaux traditionalistes chrétiens autour de plusieurs institutions : le Centre Henri et Charles Charlier (Centre Charlier) qui s’occupe de formation, le quotidien « Présent », l’association Chrétienté-Solidarité dont l’organe est le mensuel « Reconquête », et l’AGRIF qui sert presque exclusivement à intenter des procès, comme celui dont est l’objet Houria Bouteldja.

Vous ne connaissez pas trop les préoccupations de ce courant aujourd’hui, vous voulez en savoir plus ? Pas de problème ! Voici, pour vous éclairer, le résumé du discours de Bernard Antony, tel que nous le présente son association : « Non à la domination de la charia et du halal ! Non à la tchéka de la Halde ! Non à l’Hallali de la France ! »

L’AGRIF a encore d’autres références du même acabit. Ainsi, lors des festivités de son 25ème anniversaire, deux tables rondes ont été organisées en hommage à des figures particulièrement puantes (elles sont décédées mais elles sentaient déjà mauvais avant) comme Jean-Baptiste Biaggi et Georges-Paul Wagner. Le premier a commencé son parcours politique à l’Action Française de Charles Maurras. C’est un ancien « Algérie Française », des réseaux de soutien OAS, puis du Comité Tixier-Vignancourt. Proche de Jean-Marie Le Pen, il sera l’un des élus du FN. Décédé l’année dernière, il était également membre du Conseil d’administration de l’AGRIF. En janvier, le FN a organisé une messe en son honneur. Le second, mort en 2006, est connu depuis toujours comme un militant monarchiste. Dans les années 1980, il a été député puis Conseiller régional du FN, dont il était membre du Bureau Politique. Avocat, il avait défendu nombre de militants de l’OAS (inculpés notamment suite à l’attentat du Petit Clamart). Editorialiste à « Présent », il avait été aussi l’un des membres fondateurs de l’AGRIF.

Parmi les personnalités célébrées par l’AGRIF, signalons aussi Jean Madiran, lauréat de son Prix 2010, décerné en hommage à « son œuvre de défense et d’illustration de l’identité française et chrétienne ». Jean Madiran est une véritable icône de la mouvance nationale-catholique. Secrétaire particulier de Charles Maurras dans les années 1940, décoré de la Francisque sous l’Occupation, il est très proche du FN sans jamais y prendre de fonctions. Il est l’un des fondateurs du journal Présent, avec Bernard Antony et François Brigneau (ancien milicien vichyste et membre du FN).

Parmi les nombreux invités et intervenants présents au 25ème anniversaire de l’AGRIF, tous d’obédience similaires, mentionnons, en passant, David Mascré qui, il y a quelques semaines à peine, donnait une conférence au local associatif de Serge Ayoub, dit Batskin, chef de file historique du mouvement skins dans les années 1980-1990.

Pour avoir une idée encore plus précise de la mouvance au sein de laquelle opère l’AGRIF, on peut évoquer aussi quelques unes des associations qui tenaient un stand lors de la « Grande journée nationale » du 11 avril. Ainsi de l' »Association amicale pour la Défense des Intérêts Moraux et matériels des Anciens Détenus politique » (Adimad). Elle regroupe des anciens de l’OAS et, aujourd’hui, surtout leurs familles et soutiens. Très bien implantée dans le sud-est de l’Hexagone, elle est à l’origine de la plupart des affaires de stèles à la gloire des «victimes tombés pour l’Algérie Française », à Marignane, Perpignan, Aix, etc (Voir les dossiers de la LDH de Toulon qui a suivi ces affaires). Le président actuel de l’Adimat est Jean-François Collin, qui a longtemps appartenu au FN. Ainsi, également, de « La Voix des français – Renaissance 95 ». Cette association édite un petit bulletin éponyme sous-titré « Pour une résolution de nos problèmes d’immigration conforme aux volontés du peuple français et dans des conditions moralement et humainement irréprochables ». Elle est présidée par Henri de Lesquen qui vient du Club de l’Horloge (école de formation et boite à penser de l’extrême droite dans les années 1970-1980). Il y a 3 ans, il a pris la tête de Radio-Courtoisie suite au décès de son fondateur Jean Ferré.

Voilà, en gros, ce qu’est l’AGRIF, son idéologie, ses réseaux, ses soutiens. On vous en dira plus, dans un prochain document.

Le Secrétariat exécutif du PIR, Saint-Denis, le 6 mai 2010

Voir aussi Communiqué du PIR : ICI

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