Débatiser les rues négrières ?

« Vivre libre ou mourir », c’est par ce serment que des esclaves réunis au Bois Caïman à St-Domingue (Haïti) préparèrent l’insurrection réussie de la nuit du 22 au 23 août 1791.

Cet évènement planétaire sans précédent dans l’histoire universelle constitua la genèse de la nation Haïtienne, première république noire, mais aussi marqua le début de la chaîne des abolitions de l’esclavage du 19ème siècle. Cette insurrection ébranla de façon radicale et irréversible le système esclavagiste. Le 23 août est donc devenu, à partir de ces faits de résistance et de libération, sous l’égide de l’UNESCO, Journée Internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition rendant ainsi hommage au combat inlassable des esclaves pour leur libération.

En France, depuis la loi Taubira classant la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité, la date de commémoration se situe le 10 mai. Il nous paraît important, sans renier les actions nécessaires le 10 mai, de proposer aux associations oeuvrant sur cette thématique de réaliser une action symbolique le 23 août dans chaque ville « historiquement » liée à la traite et en particulier tous nos ports de la façade Atlantique.

Bordeaux vient, depuis le 10 mai 2009, de consacrer 4 salles permanentes au musée d’Aquitaine sur la traite et l’esclavage. Après plus de 10 ans de combat acharné pour que Bordeaux s’empare de cette page de son histoire, notre association s’est félicitée de cette réalisation. Ce premier pas significatif doit être relayé par les citoyens eux-mêmes dans chacune de nos villes.

23 AOUT CAMPAGNE NATIONALE « DEBAPTISER LES RUES DE NEGRIERS ? »

A l’occasion de la Journée Internationale du souvenir de la traite des noirs cette campagne se matérialisera par :

une Lettre aux Maires des ex-ports négriers, aux élu(e)s ainsi que par une Pétition qui sera proposée aux citoyens.

Nous proposons une réflexion commune et générale sur les noms de rues, à Bordeaux, Nantes, La Rochelle et Le Havre, qui « honorent » souvent armateurs et financiers s’étant enrichis dans ce commerce florissant devenu « crime contre l’humanité ».

En effet, l’existence de ces rues pourrait être qualifiée d’apologie de crime contre l’humanité laquelle consiste « à décrire, présenter ou commenter une infraction en invitant à porter, sur elle, un jugement moral favorable » et se traduit par « l’éloge fait en public ou par la voie de la presse de certains agissements légalement qualifiés de crimes, déjà accomplis ou susceptibles de l’être ».

Faut-il débaptiser ces rues ? ou faut-il y adjoindre une plaque explicative ? ou autre proposition ?

A Bordeaux, on peut citer quelques rues sur la trentaine honorant ces armateurs : Rue Pierre Baour, Cours Balguerie-Stuttenberg, Rue Saige, Rue David Gradis, Place Lainé, etc.

Nous pensons qu’une réflexion sur le sujet pourrait déboucher sur une action commune: nous espérons enclencher un mouvement de grande ampleur sur la signalétique urbaine qui aurait un impact fort vis-à-vis de la population et aussi des élus concernés.

Merci de votre réaction et n’hésitez pas : toute proposition sera une pierre à l’action de mémoire vigilante qui sous tend notre engagement commun.

Pour signer la pétition

L’Equipe de DiversCités

SOURCE : DiversCités

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