De l’oppression du peuple palestinien en général et d’un tweet en particulier

Mercredi soir, deux Palestiniens ouvrent le feu dans un quartier de Tel-Aviv près du ministère de la défense. Très vite, cette fusillade est relayée par les réseaux sociaux palestiniens et arabes et qualifiée d’« opération du ramadan », avec comme hashtag « l’intifada continue ».

Militante arabe de nationalité française, anticoloniale, je suis active dans le réseau de solidarité avec la cause palestinienne en France depuis une dizaine d’années. Je fais partie de ceux qui remettent en question l’idéologie sioniste comme projet de colonisation de la Palestine.

Par le tweet qui m’est reproché, j’exprime mon soutien à la résistance du peuple palestinien. C’est l’oppresseur qui détermine les formes de violence utilisées par l’opprimé. Et c’est dans ce cadre que je soutiens toutes les formes de résistance du colonisé contre le colonisateur. L’opération de Tel-Aviv est un moyen d’exister politiquement pour les Palestiniens, de montrer au monde que l’intifada n’est pas finie, et que la résistance continue tant que l’occupation, la colonisation, la situation d’apartheid, les emprisonnements massifs et arbitraires, le blocus de Gaza, la spoliation des terres, les destructions de maisons, l’humiliation des hommes, des femmes et des enfants et les crimes de guerre persisteront. Ma prise de position aurait été la même au moment des révoltes d’esclaves du temps de la traite transatlantique ou bien des guerres de libération nationale, par exemple en Algérie, au Vietnam ou au Cameroun. Pour autant, ce positionnement politique n’induit en rien le fait de se réjouir de la mort de civils. La mort d’êtres humains est toujours source de tristesse et dans ce cas la responsabilité de ces décès incombe à l’État colonial israélien et à son gouvernement actuel, comme l’a reconnu le maire de Tel-Aviv.

Pour en revenir à la polémique suscitée par mon tweet, elle s’inscrit dans un contexte français bien spécifique, celui de l’état d’urgence toujours en cours. Cela fait trois mois environ que mon organisation politique, le PIR – Parti des Indigènes de la République –  subit des attaques orchestrées par l’État français.   Celles-ci sont portées entre autres par Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (DILCRA) et ses relais l’UEJF, SOS Racisme et la LICRA. Ces derniers prétendent agir au nom de l’antiracisme et de la lutte contre le terrorisme mais, en fait, ils ont pour objectif d’assimiler la lutte de libération palestinienne au terrorisme qui touche l’Europe, de briser l’antiracisme politique et d’empêcher le développement de  BDS en France. Cette campagne est la cible privilégiée de l’État français qui, en accord avec Israël, cherche à l’amalgamer avec l’antisémitisme pour la criminaliser. En effet, la France est le seul pays au monde se réclamant de valeurs démocratiques qui traîne devant ses tribunaux des militants qui appellent au boycott, lequel est un outil historiquement lié aux luttes de libération, du mouvement des droits civiques aux États-Unis jusqu’à l’Afrique du sud en passant par l’Inde.

L’obscénité est à son comble quand on sait que les mêmes, qui jettent l’anathème sur la militante que je suis, feignent de verser une larme sur la dépouille de Mohamed Ali tout en pourchassant tous ceux qui, bien vivants, partagent et font vivre ses idées.

Je rejette donc toutes les accusations qui sont portées à mon encontre. Ma position est anticoloniale et consiste donc à soutenir la résistance des peuples contre le colonialisme.

 

Aya Ramadan, membre du PIR

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