Conversation avec Boubacar Boris Diop ( Partie I )

L’écrivain et intellectuel sénégalais Boubacar Boris Diop est sans nul doute l’une des voix les plus courageuses et les plus incontournables du continent africain aujourd’hui. Auteur de nombreux romans – en français et en wolof – qui interrogent et donnent à voir les drames africains (le génocide des Tutsi du Rwanda, l’ingérence des puissances occidentales dans les affaires des autres, la trahison des politiques et intellectuels du continent, etc.), son œuvre littéraire n’a cessé de fleurir à l’ombre féconde d’une conscience critique résolument anticoloniale et même décoloniale, comme l’indique son engagement en faveur d’une littérature en langues africaines. En 2000, il reçoit le Grand prix littéraire d’Afrique noire pour l’ensemble de son œuvre. Il a également signé des essais politiques édifiants traitant du racisme (« Négrophobie » avec Odile Tobner et François-Xavier Verschave), de différentes problématiques – politiques ou culturelles – africaines (« l’Afrique au-delà du miroir ») ou encore des interventions néocoloniales françaises en Afrique (« La Gloire des imposteurs » avec la militante Aminata Dramane Traoré). Il est également passé par le journalisme, et continue d’enseigner en université jusqu’à présent. Il accepte aujourd’hui d’échanger avec nous et de nous faire partager ses vues sur la tragédie des migrants, les guerres impériales, la prégnance du racisme et ses effets – y compris dans le monde arabe –, la Françafrique ou encore l’évolution de la littérature africaine.