Communiqué : Soutien aux antifas contre la répression !

Le 18 avril dernier, des militants d’extrême-droite ont provoqué l’arrestation de militants antifas, suite à des affrontements et à une plainte de leur part. Cette action a entraîné la mise en examen du groupe et l’incarcération de l’un d’entre eux. Dans la presse, la préfecture fanfaronne en se félicitant ouvertement d’avoir attrapé-là des « meneurs » du « black bloc ».

Nous ne sommes pas dupes du motif judiciaire invoqué pour mettre ces militants derrière les barreaux. Nous savons l’État français obnubilé par deux fronts. D’un côté, sa contestation permanente par les mobilisations des gilets jaunes. De l’autre, la « montée des populismes », qui n’est que la conséquence des politiques libérales dans toute l’Europe (et au-delà dans le monde occidental).

Les gouvernements libéraux préparent eux-mêmes la venue de ce « fascisme » qu’ils prétendent combattre. Ce sont eux qui soufflent sur les braises du racisme pour canaliser le mécontentement des classes populaires blanches vers la défense de leurs privilèges, contre les indigènes, les musulmans, les migrants et plus globalement les peuples du Sud, en criminalisant leurs luttes et toutes les formes de résistance à cette radicalisation de l’ordre racial capitaliste, chaque jour de plus en plus autoritaire. Ils préparent la venue des Trump et des Salvini.

Les forces de la réaction raciste ne sont pas seulement actives dans la rue, elles sont aussi en embuscade au cœur de l’État, qui choisit de composer avec elles, quand il ne s’y associe pas ouvertement. Dans ce contexte, les antifas combatifs, en particulier à Paris, sont au carrefour des deux crises que traverse l’État : crise de légitimité dans la rue tous les samedis, et crise morale, idéologique, raciale. Il va sans dire en effet que, dans l’espace public, les deux motifs qui conduisent les « élites » à s’inquiéter de la guerre « civile » ou raciale sont ces deux thèmes. Et il se trouve qu’une partie des mouvements antifascistes est effectivement mobilisée non seulement pour protéger la rue de la présence délétère de racistes en armes, mais aussi en solidarité avec la Palestine, les migrants, les familles victimes de violences policières, tout en suivant de près la mobilisation des Gilets jaunes. C’est pourquoi, outre les arguments judiciaires, qui ne sauraient trop retenir notre attention, nous affirmons que le geste des antifas relève de l’autodéfense, et d’un combat qui est également celui de l’immigration post-coloniale. Nous demandons, politiquement, que les charges soient levées contre les antifas mis en examen ou incarcérés.

Nous entendons aussi attirer l’attention sur la priorité de répondre à ce « fascisme qui vient », qui n’est rien d’autre que le visage de la radicalisation autoritaire du racisme d’Etat. Cette réponse ne passe pas seulement par le plan électoral, comme on nous y invite en ce moment même, ni par la focalisation sur la seule extrême droite, mais par une riposte unitaire à la normalisation des idéologies du « grand remplacement » (cette passerelle entre tous les pôles réactionnaires du champ politique blanc et dont les conséquences meurtrières sont bel et bien démontrées) et de manière générale contre toutes les politiques de la guerre intérieure et extérieure contre les peuples du Sud.

Les mois, les années à venir seront décisifs : à long terme, la réponse du champ politique blanc aux Gilets jaunes sera d’orienter les griefs des uns et des autres du côté du maintien des privilèges blancs, tandis qu’à court terme, les tendances profondes de l’État autoritaire vont continuer à intensifier la répression contre les mouvements sociaux, ce qui ne pourra en retour qu’amplifier l’impact et l’impunité des forces de l’ordre dans tous les secteurs de la société.

PIR

(Il est possible de soutenir les antifas mis en examen et incarcérés à travers cette cagnotte.)

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